Chapitre 6 : ''Rentrez chez vous !! '' (Olivio)

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Lorsque le bateau arrive dans le port, je suis choqué de ce que je vois en premier et dont Flo ne m'avait pas parlé: des barbelés! Des barbelés, partout! Sans doute ne le savait il pas , ou avait il oublié de me préciser ce détail. Un million de questions me passent par la tête en quelques instants :

- Comment on va faire ? Qu'est ce qu'on va devenir ? Est-ce qu'on va s'en sortir? Qu'est ce qui va nous arriver? pensais-je.

Puis, nous sommes débarqués. Nous quittons le bateau et nous sommes emmenés à la douane pour un contrôle. La vue des gardes, de leurs tenues, et de leurs accoutrements aussi, a le don de m'effrayer : ils sont armés, assez lourdement et semblent prêts à dégainer à tout moment si une menace se présente. Et leurs gilets pare-balles. Leurs gilets pare-balles, qui sont là pour les protéger contre une éventuelle attaque ou rebellion d'individus étrangers. Comme si nous allions nous risquer à les attaquer ou à les menacer...

A la douane, on nous fait signer tout un tas de papiers successivement. Des papiers que nous n'avons même pas le temps de lire et que nous ne comprenons pas, de toute façon, puisque rédigés dans une langue qui n'est pas la nôtre.

Suite à cela, nous sommes fouillés, au cas ou nous cacherions des objets dangereux ou illicites. Je pense que c'est surtout un pretexte pour nous faire les poches et nous dépouiller des quelques objets de valeur que nous pourrions éventuellement posséder. Pour la plupart, nous n'avons plus rien et avons jeté; vendu, ou tout simplement perdu le peu d'affaires que nous possédions. Certains se sont même fait voler, dépouiller, une ou plusieurs fois, un peu plus tôt durant le trajet. Nous sommes même lavés, désinfectés, comme des animaux, sales, malades, dont tout le monde a peur et dont personne ne veut. Je comprends assez vite que nous sommes ces animaux, qu'on a peur de nous et qu'on ne veut pas de nous. Je me dis, l'espace d'un instant, que s'ils font ça, c'est pour se portéger et pour ne pas attraper des maladies que nous pourrions apporter. Mais quelles maladies?

Puis, ils prennent mon pére et l'aménent à l'écart. Loin de moi et de ma mére, sans même que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, de lui dire adieu, bien que je ne veuille pas penser que je ne le reverrai jamais, ou essayer de le retenir, ce qui de toute façon, n'aurait servi à rien.

Tout va trés vite. Nous sommes balladés, transportés vers des sortes de camps ou nous sommes tous entassés, les uns sur les autres, dans de trés mauvaises conditions, avec juste un matelas pourri et une couverture trés trés legére. Nous sommes écartes; isolés; mis à l'écart et coupés du monde. Je parler un peu avec un homme, un Niçois, qui me raconte être là depuis prés de trois mois. La nuit est trés courte, nous ne dormons pas, ou alors trés peu et je repense un instant à Toulouse, ma ville. Elle me manque, ma ville, je suis loin d'elle et je ressens un vide. Ma mére, elle, s'endort sur mon épaule. Je la regarde et passe ma main sur son épaule pour la rassurer et lui tenir un peu plus chaud. C'est elle qui avait tenté, plus tôt, de me rassurer en me répétant plusieurs fois que Flo nous rejoindrait à un moment ou à un autre. Il faut trés chaud, même la nuit et plus une seule bouteille n'est disponible. Dans la journée, toujours, j'avais lu que la Tour Eiffel avait été touchée et quasi-intégralement détruite par des bombardements survenus à Paris il y a quelque jours.

Trés tôt, le lendemain matin, nous sommes amenés jusqu'a des bus ou, une fois encore, nous sommes entassés, serrés, collés les uns aux autres. Les gens qui nous ont fait monter dans ses bus parlent entre eux et nous supposons qu'ils parlent de nous, qu'ils disent des choses à notre sujet. Ils remarquent que nous savons qu'ils parlent de nous mais ça ne semble pas les déranger car de temps en temps, ils nous regardent en souriant ou en rigolant comme s'ils se moquaient de nous ou s'amusaient de notre situation.

Quand nous quittons le camp dans ces bus bondés, ce qu'il se passe sur le bord de la route ne peut pas nous échapper : des centaines de personnes s'entassent de part et d'autre de cette route. Toutes ont le poing serré et brandi en l'air, pour manifester leur colére. Les gens crient, nous insultent, lancent des regards noirs dans notre direction, on essaie d'ailleurs de ne pas croiser leurs regards. Par moments, des projectiles, lancés par quelques personnes, cachées dans cette foule immense, heurtent les vitres ou la carosserie, nous faisant sursauter. Pour la premiére fois depuis que nous avons quitté Toulouse, j'ai peur. J'ai vraiment peur. Peur que ce ne soit la fin du voyage. D'autant que je ne sais toujours pas ou nous allons. Je vois un homme, en particulie, qui se démarque des autres, de toute cette foule en colére, agitée; menaçante et hostile.

Lui est calme, immobile; impassible, statique. A un moment, seulement, je le vois lever le poing et scander, crier sa colére. D'un coup, il sort une pancarte sur laquelle je lis : RENTREZ CHEZ VOUS !!

Je comprends donc, mais c'etait déjà clair, que nous ne sommes pas les bienvenus, ou que nous allions, que nous sommes indésirables et que personne ne veut avoir à faire à nous, de quelque maniére que ce soit. Et justement, c'est pour cette raison que nous sommes conduits ailleurs, loin, dans ces bus bondés. Ailleurs, mais on ne sait pas ou...

Le bus continue sa route. Nous nous éloignons et ne voyons plus toute cette foule. Cependant, je ne peux m'empêcher de repenser à 'homme à la pencarte.

'' RENTREZ CHEZ VOUS !! "... Qu'on rentre chez nous... Voilà ce qu'ils veulent. Dans ce bus, alors que nous roulons, au loin, je me demande, justement, si je rentrerais un jour... chez moi...

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⏰ Last updated: Oct 30, 2019 ⏰

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On voulait juste être autre part... (Bigflo et Oli)Where stories live. Discover now