Chapitre 5 : La fin du voyage...(Florian)

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Lorsque j'arrive à Toulouse, je trouve un mot sur la porte de la maison. Je lis:

Flo,je suis parti avec Papa et Maman. Quand tu liras ceci, nous serons sans doute déjà à Marseille, ou nous prendrons un bateau pour partir loin et se mettre à l'abri. Tout va bien, mais nous sommes inquiets pour toi. Rejoins nous vite, frérot . Tu nous manques. Oli.

J'arrive enfin à Marseille, la fillette toujours prés de moi. On a plus d'un jour de retard. Ma famille est surement déjà partie. En effet, à notre arrivée sur le port, pas la moindre trace d'un bateau, et je ne vois ni Oli, ni mon pére, ni ma mére.

Je me demande donc ce que je peux faire. Partir, peut importe comment, mais s'assurer un avenir plus serein? Ou rester ici en n'étant jamais sûr de rien pour le lendemain ?

Non, c'est décidé, je partirai ! Je partirai avec cette fillette que j'ai recueilli sur le bord de la route. Nous partirons, quelque soit le prix à payer et les conditions dans lesquelles nous voyagerons, car il est évident que, dans les circonstances actuelles, quitter la France n'est pas gratuit et le voyage ne se fera certainement pas dans un somptueux ferry en premiére classe.

Je suis abordé par un type étrange, à l'air louche. Il me demande si je veux partir d'ici. Soucieux; méfiant mais bien determiné à m' en aller, je lui réponds que oui. Il me lance alors un :

- Ca tombe trés bien, mon gars, je peux t'aider. Viens avec moi, c'est par là...

Nous arrivons dans un coin un peu mal famé, à l'autre bout du port. Le lieu est sinistre et inquiétant. La fillette a peur et se serre contre moi. Je lui donne la main et la regarde en lui disant:

-Ne t'inquiéte pas, ça va aller.

Je tente d'être le plus rassurant possible mais je suis moi même effrayé.

Elle me regarde avec ses petits yeux d'enfant et esquisse un sourire.

Là, je vois une bonne trentaine de personnes, au moins, faisant la queue, vraisemblablement pour pouvoir embarquer dans une bateau. Je me dis alors que, ça y est, les galéres, c'est fini que je vais pouvoir partir loin, rejoindre ma famille et me mettre à l'abri. Quand vient mon tour, je vois le bateau qui nous transportera, la fillette; les trente, peut-être quarente personnes, et moi : une misérable barque ! Tout au plus un canot de sauvetage, et encore... Je me demande comment tous ces gens ont pu tous rentrer là-dedans. Mais je ne peux plus reculer. Je veux partir !! Alors c'est ça ou rien. Et puis, je m'y attendais aussi un peu, en même temps, à ce que les conditions ne soient pas les meilleures pour ce voyage.

Je m'approche donc de l'homme qui se charge de récupérer l'argent des passagers pour cce voyage et de les faire embarquer. Un homme, assez imposant, large d'épaule, au visage fermé et menaçant, le genre '' qui fait peur à prendre la fuite '' se tenait assais en face de nous.

A sa vue, la fillette me serre la main encore plus fort qu'auparavant et cherche à se cacher derriére moi. La peur et l'inquiétude se lisaient également sur mon visage.

L'homme prit soudain la parole :

- C'est les derniers ? demanda t-il à l'homme qui nous avait conduit jusqu'ici. Il se tenait sur ma droite, légerement en retrait et ne lui donna, pour réponse, qu'un ''oui'' de la tête.

- Trés bien, dit-il. Tu as de l'argent pour payer la traversée au moins ? me demande t-il .

- Ou... Oui. Tenez... bafouillais-je en lui tendant la somme necessaire pour pouvoir embarquer.

Aprés avoir passé un moment à compter les billets, il releva la tête et me dit :

- Pour éviter que le bateau ne soit trop lourd, il faut jeter du lest.

Je vide mes poches, jette le peu d'objets qu'il me reste dans un sac poubelle qu'on me tend.

Puis, nous embarquons, ça y est, nous partons !

Je souris mais c'est pour cacher mon inquiétude et mon anxiété. Je suis inquiet pour l'avenir, pour les prochaines heures; les prochains jours. Je ne suis sûr de rien, ça me fait peur...

Plus tard pendant le trajet, le ciel se couvre dangereusement; s'assombrit et nous menace. Je le vois et ça rajoute à mon stress. Les vagues, elles aussi, font leur apparition et deviennent rapidement menaçantes.

Notre bateau est balloté, ça tangue, nous sommes secoués. On a peur, j'ai peur, la fillette, serrée contre moi, a peur. Tout le monde, crie; pleure, certains tombent dans l'eau et sont pris dans la tempête qui nous menaçait depuis un moment et qui s'abat maintenant sur nous avec une violence inouie.

La fillette, elle aussi, finit à un moment par me lâcher et par tomber dans l'eau, sans que je ne puisse rien faire. Je vois ça, impuissant et j'entends simplement ses cris dans cette mer déchaînée qui vient de l'attrapper.

Nous prenons l'eau de toutes parts : la pluie s'abat sur nous; les vagues sont de plus en plus fortes, de plus en plus violentes, elles manquent, chaque fois, de retourner le bateau.

A un moment, je sens des mains s'agripper à mes hanches. Tout va trés vite, je me retourne et apperçois une femme qui me serre, de toutes ses forces. Je vois la detresse et la peur dans ses yeux. Soudain, le bateau se retourne et en quelques instants, nous nous retrouvons tous dans l'eau. Les cris et les pleurs des quelques passagers restants sont trés vite etouffés par cette mer démontée. Je comprends alors que je suis perdu, que nous sommes perdus , que c'est la fin. Je repense à mes amis, à ma famille, auprés desquels j'étais encore il y a peu, à faire la fête, à faire les cons, à rigoler. Je comprends à cet instant que tout cela est fini, que je ne le ferais plus jamais. Dire qu'on en est là à cause de la folie des hommes... Alors que je commence à manquer de force, que mes yeux se ferment, et que je suis en train de partir, je repense une derniére fois à Oli. Je n'aurais plus jamais de nouvelles de lui, mon frérot, plus jamais je ne le verrai...

Adieu Oli...

On voulait juste être autre part... (Bigflo et Oli)Where stories live. Discover now