Chapitre IV

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   L'encre se déverse sur le papier:

«Souvent le monde n'est pas ce que l'on croit qu'il est. Souvent il trop grand, pas assez large. Trop étroit. Souvent j'écris sur toi. Souvent, sans résultat. Et je reste là à te regarder. Loin. Loin de toi. »

La porte claque derrière Pénélope qui s'empresse de cacher son bout de papier. Timéo court vers elle pour l'embrasser alors qu'elle se précipite derrière la table le temps de cacher son mot.

- Quoi, tu veux pas m'embrasser ? Plaisante-t'il.

- Si bien sûr.

Mais elle ne bouge pas. Elle ne bouge pas et pense qu'elle est sacrément conne de déverser ses idées en flux abondant sur une simple feuille. Peut-être qu'elle est tout simplement idiote de penser à elle. De ne pas penser à celui qui s'approche de plus en plus pour joindre ses lèvres aux siennes.

Timéo est beau. C'est le copain que l'on désire à vingt ans. C'est l'image du garçon avec des chemises à fleurs orientales et des jeans Levis. Celui qu'on retrouve sur des photos des années quatre-vingt avec une qualité granuleuse. Le gars bronzé, presque chocolaté, et les cheveux ondulés. Le genre qui se permet de laisser sa chemise entrouverte sur un corps d'Apollon, qui ne se détache jamais de son sourire et qui ouvre ses bras au monde. Timéo, c'est juste une perle, et peut-être la seule précieuse que Pénélope ne veut pas perdre dans sa vie. Pas après avoir tant lutté pour enfin obtenir une part de rêve. Celui dont beaucoup rêve.

Il épouse les lèvres de Pénélope en glissant une main dans le creux de ses reins. Elle écarquille les yeux de peur que son papier tombe, coincé entre son slim et son débardeur. Timéo rit en la découvrant les yeux ouverts :

- Extrêmement flippant. Conclu-t-il.

Elle évacue sa nervosité dans son rire.

- Bon. Annonce-t-il en se rapprochant du plan de travail, j'aurais pensé qu'on pourrait faire la cuisine ensemble?

- Oui ! Oui ! S'exalte Pénélope.

Un sourire illumine à nouveau son visage.

- D'accord parfait.

Il l'attire par les hanches et la place devant lui pendant qu'il guide de ses mains.

- Je te propose des pâtes thaïes et du poulet curry, t'es d'accord ? Susurre-t-il dans son oreille.

Elle frémit dès instant où il dépose un baiser dans son cou. Le paradis était dans le creux de sa paume, elle le tenait fermement, et jamais elle ne le laisserait s'évader. Pour rien au monde. Elle pivote face à lui, dévore son regard pétillant et pose sa main sur sa joue. Timéo ne peut pas s'empêcher de rire par moments, gêné. Mais cela lui est égal. Elle toise seulement ses mains rosées sur sa peau crémeuse et brune.

- Ta peau est du chocolat au lait.

Il avale sa salive. C'était si dur de prendre les choses telles qu'elles sont. De ne pas les prendre à la rigolade, de ne pas les entendre seulement mais de les considérer et de les écouter. Alors son sourire disparaît mais un sentiment naît dans ses yeux que Pénélope apprécie tout autant.

- T'es yeux sont du chocolat noir 90%. Rétorque-t-il en se mordant la joue pour ne pas rire. Aller, retourne-toi, on a un plat à finir.

- À commencer tu veux dire ...

- La faute à qui ? Si tu te laissais pas distraire ...

- Moi ? Se froisse-t-elle.

- Oui, mais par moi. J'ai aussi ma part de responsabilité. Seulement vois-tu, j'ai le sens des priorités ...

Elle explose de rire avant de saisir le beurre qu'elle lui étale dans les cheveux.

- Tu devrais avoir honte ! C'est malin, je vais devoir prendre un bain ... Tu m'accompagnes bien sûre ?

Elle rit mais lui tire la main en direction de la salle de bain. Il voudrait bien, ce n'est pas comme s'il ne l'avait pas fait plein de fois. Mais dehors le soleil tape encore, la nourriture épicée attise ses papilles, et il voudrait le faire le soir avec Pénélope. Pour leur première fois du moins. Il avait imaginé une nuit où l'air serait chaud et il avait laissé son imagination l'emporter. Maintenant, il était emprisonné par cette image et il avait du mal à émettre la possibilité de le faire entre deux portes. Pénélope sursaute dans la minute en vu du bruit vole leur attention.

- C'est quoi ? S'inquiète-t-elle.

Le bruit reprend.

- Ça toque. La rassure Timéo.

Elle lui enlève un bout de beurre qu'elle se hâte d'engloutir avant qu'il aille ouvrir.

- Tiens ! On t'attendais pas, t'es au courant que la fête c'était hier soir ?

Une rigolade suivie d'une accolade se fait entendre. Pénélope les rejoint, déçue, découvrant Marin en veste en cuir, une joie indélébile plaquée sur le visage.

- Qu'est-ce qui t'amène ? Quémande-elle aussitôt

- Je veux draguer. Je veux pécho des filles.

Timéo part dans un fou rire. Les mots qui sortaient de la bouche de Marin étaient tout simplement en contradiction totale avec lui-même, et cette situation était pourtant la seule qui le sauvait de celle qui allait se dérouler. Il le laisse alors rentrer, et hausse les épaules quand sa copine le questionne du regard par rapport à son look vestimentaire. Marin sort une bière du frigo avant de geindre :

- Vous n'avez pas quelque chose de plus fort?

- Tu bois jamais, Réagit Pénélope.

- Et alors ? Je vois pas le rapport.

Il s'étale sur le canapé et essaie de dégommer la capsule avec ses dents sans succès.

- Tu sais on a un, un ... Un ... Enfin, oui voilà, un décapsuleur. Ça marche mieux. Tu veux ? Tu veux un décapsuleur ?

OsmoseWhere stories live. Discover now