Goodbye.

Nine

12 janvier 2017

"- C'était sans aucun doute le meilleur et le pire anniversaire de ma vie. J'ai appris la meilleure nouvelle de ma vie ce jour et la pire la veille.
Je suis sortie du studio plus ravie que jamais. Amy et Jake étaient juste adorables. Ils m'avaient demandé de travailler mes chansons et d'en inventer d'autres. J'en avais déjà huit, il m'avaient dit qu'il en faudrait une bonne quinzaine.
Alors j'ai travaillé. Je passais mon temps sur mon piano et avec Mattew.
Mattew... Nous nous voyions tous les jours. Nous allions au lycée, mais toujours avec une demi-heure de retard. Nous enchaînions les conneries et les heures de colle auxquelles nous n'allions pas.
Ses cheveux avaient un peu repoussés étant donné qu'il ne suivait plus de traitement.
Nous ne parlions jamais d'après. Après sa mort. Ni de sa mort tout court, d'ailleurs.
Et ça ne lui plaisait pas d'ignorer cette évidence."

19 décembre 2016

Cela faisait plus de cinq heures que nous nous embrassions et parlions de tout et de rien sur mon lit :

"- Tu voudrais pas passer ton permis, du coup ? demandai-je.

- Bah non, je vais bientôt crever donc je ne veux pas que ma mère gaspille du fric dans un truc qui ne servira à rien.

Je grimaçai.

- On est obligé d'en parler ?

- Oui. Oui, Maya. C'est quelque chose qui va arriver, on ne peut plus continuer d'ignorer ça !

- Ouais mais j'aime pas.

- Parce que tu crois que moi j'aime ? s'énerva-t-il. Attend, je vais mourir je ne sais quand, tu crois que j'aime en parler ? Que j'adore me pavaner dans la rue en chantonnant que je vais crever dans quelques jours ?

- Matt, c'est différent là.

- Nan. C'est quelque chose qui va arriver. J'ai besoin de... Merde je sais pas moi ! Mais on va m'enterrer et tout. Et toi tu ne seras pas prête.

- Hey, Matt, dis-je en prenant son visage entre mes mains, même si on en parle, si tu veux me dire comment ça se passera, je ne serai jamais prête. Jamais je n'accepterai le fait que la personne que j'aime le plus au monde parte à jamais.

Il colla son front contre le mien et ferma les yeux.

- Pourquoi moi... Pourquoi nous... La nature est conne quand même... Elle me fait naître, grandir, rencontrer la personne la plus extraordinaire au monde puis m'enlève tout. Comme si elle manquait d'action dans sa vie et qu'elle se disait "Tiens, aujourd'hui j'ai envie de faire chier quelqu'un... Par exemple, Mattew Kind, ce beau gosse, il a tout pour être heureux, bah j'vais tout niquer ! Allez hop, une leucémie qui tombe du ciel..."
Nan mais c'est vrai. Pendant que je me battais contre ce cancer, elle prenait ma vie et me la tendait en sachant que je ne pourrai pas l'attraper. Elle me nargue.

C'est exactement ça. Il le dit tellement bien... Je me rend compte à quel point sa voix va me manquer. Celle du réveil, rauque, son rire qui ressemblait à celui d'un enfant, quand il se mettait en colère...
Il a toujours eu raison sur toute la ligne.
Lorsqu'il disait que ce n'est que quand on perd tout qu'on se rend compte à quel point c'était vital.
Depuis que je sais qu'il va... Partir - j'ai toujours du mal avec le véritable verbe -je remarque plein de petits détails de lui, un grain de beauté, son tic de mordre sa lèvre inférieure lorsqu'il était stressé.
Toutes ces petites chose qui vont me manquer horriblement.