Twelve

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11 janvier 2017

J'enfile la magnifique robe blanc crème prévue pour l'enterrement. Comme le voulait Matt.
Elle n'a pas de décolleté, est en coton et moulante jusqu'à mi cuisse.
Je ne suis pas prête. Pas du tout.
Pas prête à voir toutes ces larmes, pas prête à voir du monde. 

Je chausse des Vans blanches elles aussi et me dirige dans la salle de bain.
Du mascara, de l'eye liner et de l'anti cerne sont suffisants pour le maquillage.
Mes cheveux pendent dans mon dos dans leurs éternelles boucles. J'ai toujours mes mèches rouges, et elles dont plus jolies que jamais.

Je franchis la porte de l'église et m'assois sur le premier banc, en compagnie de la famille proche de Mattew, ainsi que ses meilleurs amis. Je vois surtout des larmes, mais il est hors de question que je pleure aussi. Je ne peux pas. Je souffle un coup, et quinze minutes plus tard, la chanoon de Dark Vador résonne dans les einceintes.
Je souris en voyant approcher Cameron, Jay, Julian et Clarke dans les mêmes positions que sur la photo. C'est exactement ce qu'il aurait voulu.
Le prêtre fait un discours que j'écoute d'une oreille absente, trop occupée à me remémorer les meilleurs souvenirs passés avec Mattew.
Puis on appelle les gens pour les discours. Sa mère, Anna, son père, Cameron et les gars passent. Tous sont très beaux.
Jay rapelle quelques moments très drôles passés avec Matt, réussissant à arracher un sourire à certaines personnes.
Puis vont mon tour.
Je m'avance vers le micro, la gorge nouée. Je n'ai absolument rien préparé, je pense que les meilleurs mots viennent directement.

"- J'ai rencontré Mattew à une colonie de vacances. J'étais avec ma meilleure amie, Loey, et lui était le beau gosse de la colo. Nous sommes tombés amoureux, même si je ne lui ai pas avoué mes sentiments très rapidement...
Un jour, Mattew m'a dit qu'il préférerait mourir jeune et beau plutôt que vieux, ridé et handicapé. Apparement, c'est quelque chose qui s'est réalisé.
Il m'a expliqué que, si on arrivait au paradis dans l'état physique dans lequel on mourait, mieux vallait arriver à dix-sept ans et vigoureux plutôt qu'à quatre-vingt et tout fripé. Cependant, si on était métamorphosé en un autre être vivant, il voudrait être un lama. Pour cracher sur les gens.
Oui, notre Mattew était étrange.
Mais c'est comme ça que je l'aimais. Moi je pense plutôt qu'il s'est transformé en étoile. Donc ce soir, levez les yeux aux ciel pour voir Matt.

Il avait cette façon extraordinaire de me regarder, me faisant sentir aimée, belle, désirée. Il était parfait. À sa façon. Fin, ce sont ses défauts qui le rendaient parfait.
Puis il y a eu ce rendez-vous, et le jour de Noël, bam, plus de Mattew.
Il m'avait dit qu'il fallait que je me prépare, mais comment se préparer à la mort de son petit copain ?
C'est impossible.
Il y a cependant une chose dont je suis sûre, c'est que Matt aurait voulu que nous ne soyions pas tristes. Plus facile à dire qu'à faire... Mais bon, je lui ai promis certaines choses, et pour ma part, je sais que je réaliserai ses dernières volontés.
Ce discours est super cliché, mais sincèrement, je ne sais pas quoi dire. Il n'y a pas de métaphore géniale ou de trucs super originaux à dire...
Je pense que tout le monde sait que nous sommes tristes patati patata. Donc tout le monde est d'accord sur chacun des discours qui répètent un peu la même chose à chaque fois.
Mais je pense également que si nous voulons faire plaisir à Mattew, il faut se relever et faire face, comme lui l'a fait durant ces années contre sa maladie.
Voilà... Je crois que j'ai fait le tour.
Mattew, merci pour ce que tu m'as fait vivre, tu es le meilleur petit-ami dont l'on puisse rêver."

Je me rassois sous les applaudissements de mon "public". 

"- Mais après vous avoir dis ce que moi je pensais, je vais laisser parler Matt. Enfin, je vais lire une lettre qu'il a écrit. Je ne l'ai pas lue avant, au cas ou vous demanderiez...

La salle est plongée dans un silence total. Le seul bruit que l'on parvint à entendre est le déchirement de l'enveloppe dans laquelle contient sa lettre. Les gens attendent que je la lise. Je l'ouvre lentement, laissant planer le suspens. 

- Salut à tous, je débute. Si ma fabuleuse copine lit cette lettre, c'est que... Bah, que je serai mort. Donc il doit y avoir des gens qui chialent dans la pièce, et s'il vous-plaît, arrêtez. Juste le temps de la lecture parce qu'après vos sanglots font du bruit et c'est chiant. Puis respectez le prètre, après y'aura de la flotte par terre et c'est lui qui devra nettoyer. 

Quelque rires fusent, et un sourire s'étend sur mes lèvre. Je le revois tellement à travers ces mots. 

- Je sais que c'est difficile d'accepter que je sois parti, mais bon, c'est la vie. Ou plutôt la mort, d'ailleurs. Bref. Je veux dire, à un moment ou à un autre on meurt tous. C'est un fait, une vérité générale. Je ne vais pas vous dire une énième fois ce que nous pensons tous : on ne devrait pas avoir le droit de mourir à pas même dix-sept ans. Oui, c'est totalement injuste car il y a plein de super choses que j'aurai voulu faire dans ma vie, mais c'est comme ça. Là, c'est trop tard, je suis mort, plus de retour en arrière possible. 

Donc la seule chose qui soit, je pense, convenable de faire, c'est de vous remercier. Un par un, pour tout ce que vous m'avez offert. ma vie n'aura été, certes, pas longue, mais le peu que j'en ai vécu a été fabuleux. J'ai des potes formidables, une soeur adorable bien que chiante, des parents exceptionnel, et bien entendu la meilleure petite-amie dont je puisse rêver. Maya, je t'aime tellement fort ! 

Je vous vois de là haut, hein, et je serai avec vous quoique vous fassiez. Tout ce que vous faites, je le vois, et je suis sûr que vous ne me décevrez pas. Vous êtes forts, et tout ça vous allez le surmonter. Soyez fiers de tout ce que vous faites, profitez de la vie, parce qu'on en a qu'une et qu'on ne sait pas quand est-ce qu'elle va s'arrêter. 

Donc, riiez, faites comme si j'étais là. Sinon, je viendrai vous hanter. Je vous aime plus que tout au monde, merci pour la magnifique vie que j'ai eue...

Ces derniers mots restent bloqués dans ma gorge, étouffés dans un sanglot. 

"Que la force soit avec vous, je poursuis, mortellement, Mattew Kind."

Je relève la tête. Tout le monde me regarde. 

Je retourne à ma place, en larmes.

Puis on nous appelle un par un à aller dire une dernière fois aurevoir à Mattew.

C'est mon tour. Je pose mes deux mains sur le cercueil et murmure ces mots :

"Je t'aime Mattew. C'est toi, toujours toi. Je réaliserai mes promesses. À partir de maintenant, je vais arrêter de pleurer. Ça sera comme si tu étais toujours là. Tu sera toujours là dans mon cœur."

Mattew est désormais sous terre pour toujours. Je n'aurai jamais pensé jeter cette poignée de terre sur son cercueil, comme on le fait dans les films, si jeune.

Je prend Anna par la main et saisi mon sac à main. Puis je sèche mes larmes. 
Je me dirige vers le cimetière et le soleil rayonne au dessus de nous, comme pour nous dire qu'on peut quand même passer une bonne journée.

"- Viens, dis-je à Anna.

Je l'entraîne devant sa tombe et m'assois.

- Mattew sera toujours avec nous, Anna. Et il ne voulait pas que nous le pleurions. La première chose qu'il souhaitait est que nous nous retablissions de sa mort, et c'est ce que nous allons faire à partir de maintenant.

Elle acquiesce.

Je sors une bouteille d'Ice Tea de mon sac et rempli trois gobelets en plastique de la boisson.
Je pris mon verre et Anna le sien, et nous les trinquons contre le troisième :

- À votre santé, Anna et Mattew Kind ! riai-je.

- À votre santé, Maya Carter et Mattew Kind, répéta-t-elle.

Nous rimes et commencèrent à parler de tout et de rien, comme si tout était normal.

Nous buvions et riions sur l'herbe. Puis Anna se stoppa :

- Hum, Maya, tu ne veux pas me raconter, enfin, nous raconter une dernière fois ?

Je pourrai le faire cent fois.
J'hoche la tête et me lance.

Goodbye.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant