Prologue : l'annonce

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31 décembre 2012.

Maman me dit sentir une boule au sein gauche. Je m'inquiète, comme une gamine de 17 ans peut s'inquiéter... Je pense que ma mère est indestructible. Un cancer ? Pas pour elle. Rien ne peut l'atteindre. C'est ce que chaque enfant se dit. Ce soir, c'est le réveillon du Nouvel An, ne pensons pas à ça. Dansons plutôt. 

Pendant quelques semaines, elle ne parle plus de cette boule.

Fin janvier 2013

Papa, maman et moi nous rendons chez notre médecin traitant parce que papa est malade. Il a une sorte de gastro. En même temps, il demande au médecin de regarder la boule que maman a sous le bras. Un long mois s'est écoulé depuis le réveillon. Ma mère a peur, je le vois dans ses yeux, même si son rôle fait qu'elle continue de me rassurer. Le médecin lui demande d'ôter son haut, elle s'exécute. Il palpe la boule sur le côté de son sein. Il est inquiet. Sans plus attendre, il s'assoit à son bureau et téléphone à l'hôpital afin d'obtenir un rendez-vous d'urgence pour une mammographie et une échographie. Tout ça résonne dans mon esprit sans vraiment que je ne comprenne ce qu'il m'arrive. Ce qu'il nous arrive. Ca ne peut pas être grave, on lui annoncera un kyste à retirer et elle sera soignée. Ça ne peut être que ça.

Début février 2013

Après avoir passé ses examens, nous avons dû attendre quelques jours avant d'avoir les résultats, mais je suis sereine, je sais qu'il ne peut rien lui arriver. Nos mamans sont sacrées, la maladie ne s'attaque pas à elles. Si ?

Mes parents retournent chez le médecin sans moi afin d'avoir les résultats. J'ai un travail à rendre pour l'école. J'attends leur coup de fil qui m'expliquera ce que maman a au sein.

Mon gsm sonne, je décroche. C'est mon père. Sa voix se brise en un instant. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Il me dit que c'est un cancer. Je ne veux pas y croire, je ne peux pas y croire. Pas à nous, pas à maman. A ce moment, j'aimerais qu'on m'annonce que c'est moi qui suis malade, plutôt que ma mère. Il précise qu'elle a deux tumeurs de plus de 2 centimètres. Il me dit que c'est grave.

Je réponds à papa qu'on va l'opérer, que ça va aller. Je les rassure, enfin, j'essaie. Est-ce que j'ai réussi à les rassurer à cet instant précis ? Est-ce qu'ils ont pu compter sur moi ? Ces questions, six ans plus tard, défilent encore dans mon esprit.

Je raccroche, et les larmes affluent dans la seconde. Mon monde s'écroule, tout s'effondre autour de moi. Ma vie a basculé en un coup de téléphone, en une visite chez le médecin. Un rendez-vous pris un mois trop tard. J'aurais dû te pousser à y aller plus tôt maman. Six ans plus tard, je te le demande, pardonne moi, puisqu'il m'est impossible de me pardonner moi-même.

SurvieWhere stories live. Discover now