Chapitre 3: Le cheval solitaire

64 3 0
                                    

Cinq jours. Cinq jours que Diego était traité comme un animal. Il était encore surpris d'être en vie. Son père n'avait pas encore cédé même s'il savait que c'était dure pour lui, il espérait tous les jours qu'il lui restait assez de courage pour résister à cette torture.

Le jeune don avait tout enduré : les coups de fouet, les passages à tabac, le manque de nourriture, l'eau glacé et même les travaux forcés, mais étant trop faible, ces tortionnaires avaient fini par abandonner. Et à chaque fois, Varga n'obtenait pas plus de résultats si bien qu'il ne s'en prenait plus à don Alejandro mais au fils. Il lui ordonnait de supplier son père de signer l'accord tout en augmentant la durée de torture quotidienne. Mais Diego s'était juré de ne pas céder. Il ne voulait pas décevoir son père.

Aujourd'hui, il n'avait eu le droit qu'à un repas : du pain et une pomme qu'il a finalement donné à un cheval qui s'était attaché à lui, si bien que par crainte de toute fuite, on l'avait éloigné. Désormais. Il n'y avait rien à moins de 2 mètres autour de lui et la fuite n'était plus envisageable dans son état. Il se savait fiévreux, son corps meurtri lui devenait de plus en plus lourd chaque jour. Le moindre coup lui était douloureux.

Ses nuits, il les passait en compagnie des cauchemars ou du froid. Il ne pouvait même pas se coucher complètement à cause de son dos blessé. Il devait se contenter de dormir comme un petit loup...ou un renard, se pouvait-il permettre de penser.

Z

Fin après-midi du sixième jour, il était tellement épuisé que il ne parvint même pas à mâcher le morceau de pain qu'on lui avait balancé. Il finit par fermer les yeux et, dans un rituel habituel, pria pour qu'une étincelle d'espoir apparaisse.

Les prisonniers notables et militaires virent au loin que le jeune de la Vega s'était sans doute endormi. Contrairement à Alejandro, ils savaient tous ce que Diego faisait, comment il allait physiquement. Ils ne lui parlaient jamais car ils étaient trop loin de lui, mais ils étaient témoin de la maltraitance de Diego par Varga en dehors de l'heure de la torture pour Alejandro.

Ils savaient tous que si Diego persuadait de son propre chef son père par n'importe quel moyen, Alejandro tomberait. Mais ils virent tous que Diego résistait malgré son état physique et mental. Ce n'était plus le jeune oisif qui passait son temps à lire des livres, à chanter ou à écrire, un autre homme semblait avoir pris possession de Diego. Il était déterminé, fier, loyal envers son père, courageux et d'un calme extraordinaire si bien que Varga s'énervait de ça. De plus, le comportement de Diego incita les prisonniers à garder espoir et foi en la liberté.

Alors que le soleil n'allait pas tarder à se coucher, deux cavaliers entrèrent au cuartel en compagnie d'un cheval noir.

Diego épuisé n'ouvrit pas les yeux pour voir les arrivants mais les notables et les soldats se rapprochèrent des barreaux pour mieux apercevoir l'étrange étalon que les deux hommes avaient sans le moindre doute capturer. Dans un silence, les prisonniers se regardèrent, se comprenant entre eux, devinant chacun leur pensée silencieuse.

Les deux cavaliers attachèrent le cheval près des écuries à quelques mètres des prisons et d'un pas rapide, se dirigèrent vers la demeure du senor Varga après avoir demandé qu'on surveille le cheval de très près.

"- Pourquoi me dérangez vous ? S'exclama Varga en voyant ces deux hommes entrer dans son salon alors qu'il dînait avec Greco et le comte Kolinko.

- Senor, fit un des cavaliers, nous avons vérifié sur les Terre de la Vega : il n'y a plus personnes sauf les vaqueros et les domestiques, et on leur a confisqué leurs armes.

- Vous auriez pu attendre demain matin pour faire votre rapport, s'énerva l'Aigle.

- Mais nous avons trouvé le cheval de Zorro, Senor."

Varga et Greco échangèrent un regard stupéfait.

"- Vous en êtes certain ?

- Oui, señor, il errait seul.

- Vous pensez que Zorro est vraiment mort ? Intervint alors Greco, il se peut qu'il se soit véritablement fait explosé avec le canon et que ce soit un complice ou un farceur qui s'est joué de nous en imitant sa signature sur la porte du forgeron.

- C'est certainement probable, sourit l'administrateur persuadé, oui...Zorro nous a finalement quitté.

- Que faisons-nous du cheval ?

- Gardez le à l'écurie, il me servira de monture personnel."

Z

Don Nacho veillait au loin sur Diego et il n'était pas le seul. Les plus proches amis de Don Alejandro s'étaient mis d'accord que en son absence, c'était eux qui devaient surveiller le jeune de la Vega. Bien qu'il n'ait aucun contact physique avec eux, ils l'observèrent avec attention et cherchèrent souvent le regard de Diego comme pour lui dire qu'ils le soutenaient.

"- Le pauvre, soupira le caporal Reyes qui s'était assis par terre auprès d'Ignacio Torres, j'aimerai tant pouvoir l'aider." Il fit un signe vers Diego qui semblait assoupi.

"- J'aimerai aussi, caporal, approuva le notable, mais on ne peut rien faire pour lui.

- Qui aurait cru que Diego aurait eu la force de tenir jusqu'ici, dit Don Alfredo, ce garçon m'a toujours surpris...mais là, il dépasse ce que l'on pouvait attendre de lui.

- Mes amis, si un jour nous sortons d'ici, nous devrions dire à quel point Alejandro doit être fier de son fils, murmura Don Nacho à ses deux compagnons encore éveillés.

- En espérant qu'il tienne jusqu'à ce jour, ajouta maladroitement Reyes causant un frisson général à tous les prisonniers.

Le silence s'installa de nouveau. Les notables priaient pour que l'inévitable ne se produise pas et que Dieu puisse protéger le jeune de la Vega.

Don Nacho reporta son attention sur Diego et telle ne fut pas sa surprise quand il aperçut l'étrange étalon noir sortir de son petit coin d'écurie. Il donna une tape à ses deux compagnons pour qu'ils soient témoins de la scène afin d'être sur qu'il ne rêvait.

"- Croyez vous que c'est le cheval de Zorro ? Demanda Alfredo à l'adresse d'Ignacio.

- Oui, je peux reconnaître n'importe quel cheval après l'avoir vu une fois. C'est bien le cheval de Zorro.

- Ce qui veut dire que...Paniqua son ami inquiet.

- On n'en sait rien. Mais..."

La monture avait désormais quitté son enclure. Fort heureusement le gardien qui devait les surveiller s'était endormi profondément. Le cheval s'approcha alors de Diego, inconscient de sa présence. Les trois spectateurs se regardèrent, plein d'espoir, retenant leur souffle. Ils assistaient à un possible sauvetage ; l'animal était sans doute très intelligent.

Le caballo pencha son museau vers les liens des mains de Diego et mordit dedans. Le jeune de la Vega à son contact sursauta se réveillant. Faible, il réussit à tourner légèrement la tête vers le cheval.

"- Tor...na..do ?" Murmura-t-il n'en croyant pas ses yeux trop fatigués.

L'appel du louveteauWhere stories live. Discover now