Chapitre 7 : Le cri du louveteau

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Le soir

L'Aigle descendit à la cave, les traits crispés par la colère et la rage. Le jeune de la Vega accroupit par terre, releva la tête. Dans ses yeux fatigués, une lueur étincelait de victoires.

"- Vous m'avez menti ! Hurla Varga en le giflant violemment le propulsant à terre, il n'y avait rien du tout...à part des nids de serpents sauvages !"

Malgré sa position, Diego se retint de rire. Il connaissait parfaitement cette endroit, et avait demandé à ce que ce terrain soit mis en quarantaine à cause des reptiles venimeux, pouvant tuer un homme avec leur poison.

Criant, enragé, Varga lui donna des coups de pieds dans ses côtes l'empêchant de se redresser.

"- Je devrai vous tuer si vous n'étiez pas le fils d'Alejandro de la Vega, marmonna l'Aigle en lui prenant les cheveux pour le regarder en face.

Il appela alors un de ces hommes et ordonna qu'on emmène Diego à la caserne.

Z

Les hurlements d'un homme résonnèrent dans tout le pueblo. Sa voix désespérée semblait porter par le vent.

A la taverne, les rares clients s'étaient tus, ne mangeant plus, ne buvant plus, comme par respect pour celui qui souffrait en ce moment même. Même le tavernier s'était figé, n'osant même plus lever la tête vers ses clients.

Dans le cabinet du Docteur Avila, ce dernier observait par la fenêtre de sa chambre au premier étage, l'horreur qu'infligeait l'aigle. Les cris continuaient sans cesse et n'arrivant plus à supporter ça, le médecin ferma ses rideaux.

Padre Francis priait dans la petite chapelle en face de la caserne. Il avait pu apercevoir des hommes emmener l'enfant de Dieu et avait vu ce qu'ils étaient en train de l'infliger. Sensible, il n'avait pu continuer à suivre la scène et finalement, s'était réfugié auprès de la statue de Marie, ne cessant de réciter des prières.

Dans la prison, les soldats captifs ne pouvaient dormir. A la porte d'entrée même de la caserne, se trouvait le lieu de torture. On avait attaché les poignets du jeune Diego par une corde, le maintenant par le haut, si bien que ses pieds ne touchaient pas le sol. Une bonne dizaine d'hommes de Varga s'amusaient à utiliser tous les armes possibles pour infliger la punition de l'Aigle. Tous étaient donc passés : les coups à mains nues, le fouet, le martinet, le bâton en bois, de l'eau froide, du vin ou de l'alcool qui accentuait la douleur de ses blessures, des jets de pierres.

Pour les soldats, c'était insupportable à voir et à entendre, eux qui avaient l'habitude de voir Diego silencieux, eurent le cœur brisé en constatant que bien malgré tout, il n'était pas insensible à la douleur.

Lorsqu'on considérait que le jeune don avait eu son compte, Varga ordonna qu'on le détache. Libre, Diego s'effondra par terre comme une poupée de chiffon. Il n'arrivait plus à bouger le moindre membre et chaque parcelle de sa peau et de son corps étaient recouvertes de bleus, de fines lignes rouges, d'hématomes brunâtres. Alors qu'il tentait vainement de se redresser, il finit par s'évanouir.

Z

Le matin même, le jeune don se réveilla de nouveau dans la cave. Il remarqua alors qu'il n'était plus attaché et que ses mains étaient désormais libres, bien malgré le fait qu'il aie gardé le souvenir avec des traces rouges autour de ses poignets.

Courbaturé, blessé, affaibli, il n'arrivait plus à se lever correctement. Il tenta de percevoir l'ampleur des dégâts de son corps. Il réussit à faire quelques pas d'un mur à un autre mais retomba lourdement tout en gémissant de douleurs.

"- Je suppose que Zorro a définitivement rendu les armes, murmura-t-il en s'asseyant contre le mur le plus loin possible des escaliers.

L'Aigle pour la énième fois, fit son apparition, seul cette fois-ci. Les traits durs et déterminés montrèrent à Diego qu'il allait sans doute passer un mauvais quart-d'heure.

"- Tu es toujours entêté ?

- Vous êtes toujours obstiné ? Rétorqua Diego d'un ton glacial.

Une gifle vola.

"- Tu riras moins lorsque tu verras le corps de ton père, persifla Varga.

Diego tressaillit en imaginant le pire, mais il devait garder espoir , tout n'était pas encore fini.

Soudainement, un homme paniqué descendit. L'Aigle se tourna vers lui demandant l'explication de cette interruption.

"- Señor Varga, nos éclaireurs ont aperçu au loin l'armée de Don Alejandro ! S'écria l'homme.

- Quoi ? Vous en êtes surs ? Combien sont-ils ?

- On en sait rien, mais ils approchent l'entrée de la ville.

- Très bien, que tout le monde se prépare pour les contre-attaquer !"

L'homme déguerpit rapidement. L'Aigle reporta son attention sur le jeune homme qui supporta son regard perçant.

"- Ton père court à sa perte, Diego de la Vega.

- Vous courrez aussi à la votre."

Varga sortit alors un revolver et le pointa sur la tempe du renard qui retint son souffle.

"- Vous allez y participer, murmura l'Aigle.

L'appel du louveteauWhere stories live. Discover now