4 : DYLAN + COPINE = CULCUL-LA-PRALINE

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─ Chaton... C'est une très mauvaise idée.

J'ai protesté :

─ Arrête ! C'est une idée géniale. Réfléchis, je suis la personne parfaite. J'ai une rancœur personnelle envers lui, je lui plais et je suis lesbienne, aucun risque que le crush soit réciproque ! S'il y a bien une personne qui peut briser le cœur de Dylan Mercier, c'est moi !

Théa a fait la moue. Malgré toutes mes justifications, je ne parvenais pas à la convaincre. Je l'ai taquinée :

─ Tu n'as quand même pas peur que je craque pour lui ? Plutôt mourir.

─ Non, j'ai peur que tu dépasses les bornes et que tu détruises un garçon qui n'a rien demandé. Gina, parfois, tu peux être...

Elle n'a pas osé terminer sa phrase, son silence m'a piqué au vif.

─ Je peux être quoi ? Vas-y, va au bout.

─ Méchante, a déclaré Théa. Méchante et manipulatrice, froide et calculatrice.

─ J'y peux rien, je suis Lion ascendant Scorpion.

─ Avec une lune en Gémeaux, oui je sais, mais c'est pas une raison. Je... je t'aime, je t'aime plus que tout au monde, et c'est pour ça que je pense, non, je sais que c'est une mauvaise idée. Tu vas te prendre au jeu et tu vas l'écraser comme un fruit trop mûr.

J'ai contemplé ses mots. Je les entendais, mais je n'étais pas d'accord. Dylan Mercier n'était pas un agneau, il avait blessé de nombreuses personnes au cours de sa vie. Pourquoi ne pouvais-je pas lui rendre la monnaie de sa pièce ? Théa était une optimiste invétérée, elle voyait le meilleur chez les autres et croyait à la rédemption. Pour elle, Dylan est une âme perdue qui retrouverait le droit chemin si on lui laissait l'occasion de se repentir.

Ma vision était radicalement différente : les mauvaises personnes avaient besoin d'un électrochoc pour se ressaisir. Sinon, elles ne changeaient pas. J'en étais la preuve : j'avais mené toute ma scolarité avec insolence et je-m'en-foutisme, j'avais eu besoin de louper mon bac et repiquer, de me retrouver avec des plus jeunes et de voir la déception sur le visage de mes profs pour comprendre. Sans cet ultimatum, j'aurais amené mes mauvaises habitudes à la fac, j'aurais fait la fête tous les soirs et loupé mon année. Les gens ne changeaient pas si on ne les y forçait pas. C'était la triste réalité du monde.

Théa a dû voir le désaccord dans mes yeux. Elle a tempéré :

─ Réfléchis bien.

J'ai levé les yeux au ciel. Parfois, son air maternel avait de relents de condescendance. Je détestais ça. La vérité, c'était que ma décision était réfléchie. Depuis mon départ du skatepark, en fin d'après-midi, j'avais la conviction qu'aucune idée ne pourrait surpasser celle-ci. Dans la vie, il fallait sacrifier des cœurs pour le bien de la communauté. Dylan était de ceux-là. Théa pouvait pinailler sur la fragilité de ce jeune homme tant qu'elle le voulait, je ne transigerai pas à mon choix.

Loin de moi l'envie de me disputer avec Théa, j'ai esquivé :

─ On peut parle d'autre chose ? Quand est-ce qu'on se voit ?

Sa présence physique me manquait de plus en plus. Les deux mois d'été avaient été un rêve éveillé. En vacances chez la tante de Théa, on ne faisait rien d'autre que manger des fruits sur la terrasse et faire l'amour dans une tente les soirs de canicule. La rentrée avait mis fin à nos lascivités. Théa avait emménagé dans son appartement d'étudiante, je lui avais rendue visite aux vacances de la Toussaint. Rebelote, sans la tante, la tente et la canicule. Sinon, tout pareil. Deux petites semaines s'étaient écoulées depuis le dernier bisou, mais je m'impatientais déjà. Vivement que la téléportation soit inventée, que je fasse voler les quatre cents kilomètres qui me séparaient d'elle.

Dylan Mercier doit payerWhere stories live. Discover now