16 : DYLAN + REPAS = EMBARRAS

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Le mois de décembre est mon moment préféré de l'année. Ce n'est pas à cause des chocolats du calendrier de l'Avent, promis. Bon... c'est un peu à cause des chocolats du calendrier de l'Avent, mais pas que. Il y a les lumières et les décorations dans les rues, les vitrines illuminées des magasins et les films de Noël l'après-midi. Mais si, ceux où des enfants fouineurs essaient de trouver une nouvelle femme à leur père veuf depuis dix ans. Les histoires sont à chier, mais tout le reste est délectable : les chocolats chauds, les plaids, maman, Teresa et moi pelotonnées dans le canapé alors que la pluie tape contre la fenêtre du salon. Le mois de décembre possède ses propres odeurs et souvenirs, plus on grandit, plus il se teinte de la nostalgie de souvenirs qui n'ont jamais vraiment existé autre part que dans l'imaginaire collectif. J'adore.

Ce mois de décembre-là a été particulier, car il a signifié un retour à une normalité sans précédent. J'étais célibataire, je ne faisais plus la fête, et j'avais fait la promesse de réussir mon bac blanc. La routine dans laquelle je m'installais était barbante à mourir, mais au moins, elle me canalisait. Le midi, je mangeais avec les gens de ma classe. Le soir, après les cours, je retrouvais Dylan pour l'aide aux devoirs. Le mercredi, on faisait du skate, le samedi, on se voyait chez moi, chez lui, ou dans un café pour travailler. Je ne cessais de m'en étonner, mais à cette époque, Dylan Mercier était la seule source de stabilité dans ma vie. Peu importe si la nuit était difficile et que je ne trouvais pas le sommeil, je pouvais être certaine de sa présence à mes côtés le lendemain.

Paradoxalement à la compagnie de Dylan, ses amis brillaient par leur absence. Kärcher travaillait des heures supplémentaires à la boulangerie pour les fêtes de fin d'année, je le croisais au skatepark de temps à autre, mais il s'entraînait surtout tôt le matin, après son premier service. Jennyfer... Honnêtement ? Je ne sais pas ce qui se passait avec Jennyfer. Je commençais à croire qu'elle m'évitait. Elle n'était jamais chez elle quand j'y passais, elle se carapatait avec une excuse minable quand j'étais dans les parages. On ne s'était pas reparlé depuis ce soir dans la salle de bain.

Je tentais de me convaincre que c'était une bonne chose, qu'ainsi, j'avais le temps de guérir de ma relation avec Théa, mais... mon ego en prenait tout de même un sale coup.

Le dernier vendredi avant les vacances, une rumeur courait qu'un gars de terminale faisait une fête chez lui. Dans l'après-midi, Dylan et moi avons été ajouté au groupe Messenger des conviés. La notification avait retenti en plein test d'anglais, le prof avait levé ses yeux laser sur la classe, à la recherche du coupable à épingler. Il ne m'a pas trouvée. J'ai transpiré à grosses gouttes tout le reste de l'heure.

À la sortie des cours, après le sempiternelle – nouveau mot ! – discours pré-vacances à base de : « Passez de bonnes fêtes et à l'année prochaine », Dylan m'attendait devant ma classe. Il était adossé contre un poteau de soutien, une main dans la poche de sa veste en jean et l'autre sur son téléphone. Il s'était vêtu du combo bonnet-sweat à capuche, en sortant, le prof le lui a reproché avec sarcasme :

─ Dylan, figure-toi qu'on a encore de la chance aujourd'hui, aucune fuite n'est à déplorer au plafond. Alors retire-moi ton attirail.

Dylan a fait mine de se découvrir, mais comme le prof a tracé sa route sans un regard supplémentaire, sa valisette d'un côté, ses gros classeurs de l'autre, marchant comme un cow-boy près à aller au combat, il a aussitôt remis sa capuche. Je me suis arrêtée devant lui, intriguée de le voir faire du démarchage. Il n'y avait pas d'aide aux devoirs, ce soir-là. En passant devant nous, plusieurs élèves nous ont lancé des regards en biais, intrigués de nous voir nous parler. Faut se mettre à jour, les gars.

Dylan Mercier doit payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant