Lyon sous la Neige

Chapitre 5

Cette histoire me rend complètement dingue et j'ai du mal à ne pas laisser transparaître mon humeur de chien alors que tout mon petit groupe est ravi de son excursion au marché de Noël.

Il nous reste encore une balade en ville le long du fleuve jusqu'au Musée des Confluences et toute la soirée au restaurant, et ça me déprime d'avance. J'ai juste envie de rentrer chez moi, de lâcher l'affaire, de les laisser se débrouiller. Mais je n'ai plus aucune confiance en Roger et il serait bien capable de les abandonner ! Alors je me fais violence et je continue à afficher un sourire imparable en accompagnant mes touristes. Je réponds à leurs questions, raconte mes petites anecdotes sur la ville, comment le quartier de la Confluence s'est développé avec le temps, quels étaient les projets d'architecture dans ce quartier aux airs futuristes, et toute l'histoire du Marché Gare, de la Sucrière et de bien d'autres lieux emblématiques.

Je ne suis finalement pas mécontent d'arriver au restaurant qui se trouve sur une péniche parcourant le fleuve. Ce soir, je me laisse porter par les flots. Je déconnecte mon cerveau, profite de mon groupe qui est de plus en plus soudé sans que j'aie besoin de faire quoi que ce soit. Ce soir, je ne pense plus à l'agence ni à ce foutu séjour de Noël. J'imagine seulement que je passe une soirée à dîner sur le Rhône avec un vieux groupe d'amis.

Et étonnamment, ça fonctionne.

Bon, les plusieurs verres de vin y sont sûrement pour quelque chose, mais je préfère ne pas chercher à attribuer une responsabilité spécifique.

Le repas se poursuit avec un karaoké et une soirée dansante. Na-young est absolument ravie et Hyun-sik râle parce qu'il n'y a pas de chansons coréennes hormis une vieille chanson de K-Pop ayant fait sensation au travers des océans il y a quelques années. Ils parviennent à se mettre d'accord pour tous aller chanter en groupe et reproduire la chorégraphie en se marrant. Et je me surprends moi-même à rire, à les trouver attachants, et à vouloir prolonger la soirée.

Finalement, nous rentrons tous un peu titubants à l'hôtel et la nuit se fait la bienvenue.

***

Le lendemain matin, malgré la légère gueule de bois qui nous martèle le cerveau, nous nous retrouvons tous au point de rendez-vous à sept heures pétantes. Un car nous attend au bout de la rue, dans lequel nous rangeons toutes les valises. Elles y resteront la journée avant que chaque famille vienne récupérer son couple attitré pour les quatre prochains jours.

Tout le monde est excité à cette perspective ainsi qu'à celle de la surprise que je leur réserve pour cette après-midi. Et leur effervescence se révèle contagieuse puisque je deviens moi-même impatient de leur faire découvrir notre activité. Je suis surtout très content de sortir de la ville, m'aérer un peu l'esprit, et penser à autre chose que ce qui m'attend à la fin de ce séjour.

— Aujourd'hui, nous visitons Annecy et ses alentours, annoncé-je une fois tout le monde installé dans le car. Il s'agit d'une petite ville de Haute-Savoie qui borde l'un des plus grands lacs de France. Cet endroit est très prisé l'été pour ses activités nautiques et de montagne comme la randonnée ou le parapente. En cette période, elle constitue bien sûr la destination idéale pour les sports d'hiver comme le ski ou le snowboard, ou encore les balades en raquette. C'est également la région du fromage et une dégustation est d'ailleurs prévue.

La matinée consiste à se promener dans le vieil Annecy avant de déjeuner dans une crêperie. Alors que nous longeons les abords du lac, nous débouchons sur le pont des Amours. Il s'agit d'un petit pont qui passe au-dessus du canal de Vassé et qui fait sensation. Sans étonnement, je suis de nombreuses fois réquisitionné pour prendre des photos des différents couples.