Chapitre 7

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Iliès habitant relativement loin, cela me prend presque toute l'après-midi. Mais cette escapade me fait un bien fou. J'apprécie tellement la solitude que j'ai pleinement profité de ma balade avec Iron.

En insérant la clé dans la serrure, je réalise que Min-jun est déjà rentré. Le verrou ne tourne pas, il a dû laisser celle que je lui ai prêtée de l'autre côté de la porte. Je sonne plusieurs fois avant qu'il ne vienne m'ouvrir. Je comprends tout de suite que quelque chose cloche. Son visage est rempli de poussière de paillettes et j'ai l'impression de l'interrompre dans une action, et quelque chose me dit que ça ne va pas me plaire.

— Entre ! s'exclame alors Min-jun. Bienvenue chez toi.

Ben j'espère bien tout de même.

Je pénètre dans le vestibule et le cauchemar me gifle de plein fouet. Me prendre un tronc d'arbre en plein front aurait été plus doux. Mon appartement est méconnaissable. Une sorte d'apocalypse de Noël s'est abattue entre ma chambre et ma cuisine. Des guirlandes colorées pendent dans tous les sens, prenant naissance dans les coins du plafond. Des chaussettes rouges et blanches parent le bord de la fausse cheminée au fond de mon salon, et des rennes illuminés la surplombent. Un énorme plaid vert sapin orné de petites boules en pompons de laine repose sur mon canapé comme si je l'avais invité à faire partie du décor. Quant aux fenêtres, elles ont été vaporisées de fausse neige au sein de différents pochoirs en forme de flocons, petits oursons et d'étoiles en tous genres.

Je suis à deux doigts de me mettre à pleurer.

Ou crier.

Ou les deux en même temps.

Pourtant, je reste d'un stoïcisme inquiétant.

— Mais, qu'as-tu fait ?!

— Ton appartement était bien trop terne pour fêter un Noël digne de ce nom, atteste Min-jun en piochant dans un sac les boules à neige que nous avons créées ce matin avant de les poser au centre de la table à manger.

L'espace réduit de chez moi est complètement rempli de décoration, et il semble trouver encore le moyen de dénicher de la place.

— Stop ! m'écrié-je alors. Je crois qu'il y en a assez !

Il arrête son mouvement en plein vol et reste hébété, le bras en l'air, comme si je venais de me retourner après avoir chanté "un, deux, trois, soleil !".

— Je pensais que ça te ferait plaisir... Tu ne trouves pas ça joli ?

— Non ! C'est absolument étouffant !

Je me sentais si bien après ma balade, et désormais j'ai l'impression de ne même plus réussir à remplir mes poumons d'air. Mon espace personnel ne ressemble plus du tout à ce que j'aime ni à ce qui me correspond, et je me sens soudainement très mal dans ce qui représente normalement mon cocon.

C'est exactement pour ça que je n'invite jamais personne chez moi !

— Je n'ai rien demandé, je ne voulais pas que tu cherches à me faire plaisir, ça ne m'intéresse pas tout ça, je croyais que tu l'avais compris !

Le bras de Min-jun retombe mollement, et il semble tout à coup gêné, ne sachant pas où poser ses yeux.

J'ai conscience que je m'emporte un peu trop sur lui alors qu'il ne mérite pas vraiment ma colère. Il est envahissant, mais il subit aussi des aléas qui ne sont pas de son fait.

— Écoute... Je suis désolé de me mettre dans cet état.

J'essaie de reprendre mes esprits et de me calmer.

Lyon sous la NeigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant