Chapitre 8

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Je lui ressers du vin en voyant sa coupe vide.

— Il s'agit d'un Bugey rouge Gamay 2018, il accompagne parfaitement le saucisson aux noix.

Il trempe ses lèvres dans le liquide et aspire bruyamment.

— Ah, mais non ! Je t'ai déjà dit de ne pas faire comme ça !

Il retire le verre de sa bouche en riant, puis hausse les sourcils et prend une gorgée en plongeant ses yeux dans les miens, que je m'empresse de détourner, gêné. Je me gratte l'arrière du crâne en souriant légèrement.

Je me lève pour rejoindre le frigo, mais je ne vois que le désert en ouvrant la porte.

— Ah... Il ne me reste plus rien à t'offrir pour poursuivre cette dégustation improvisée...

— Ce n'est pas grave, j'ai déjà bénéficié d'une dégustation particulièrement qualitative. Je vous remercie Monsieur Lee pour cette découverte.

Il tend son verre dans ma direction en m'adressant un nouveau clin d'œil et mon cœur loupe un battement.

Est-ce qu'il fait ce que je crois qu'il fait ?

Et s'il fait ce que je crois qu'il fait, est-ce que ça me pose un problème ou est-ce que je préfère qu'il continue ?

— Euh... baffouillé-je tout à coup. On peut mettre la télé si tu veux.

— Qu'est-ce que tu dirais plutôt de poursuivre notre discussion ? J'ai envie que tu deviennes mon ami, et pour ça, j'ai besoin d'en apprendre plus sur toi.

Ah... Haha. Son ami.

Ça va alors.

Alors que je le rejoins sur le canapé, mon téléphone se met à sonner et je décroche sans consulter l'appelant.

— Allô Raph ? Ça fait des semaines que j'essaie de te contacter.

Merde... C'est ma mère. Je n'avais pas prévu de lui répondre.

— Ah ! Salut, maman... Oui, je suis très occupé en ce moment, tu sais le séjour de Noël, tout ça tout ça.

— Oh, bien sûr. Pardon, mon chaton.

Je grince des dents à ce surnom. Je peux mettre autant de distance que je veux entre ma mère et moi, elle continue à me traiter de la même manière qu'il y a vingt ans, quand j'avais cinq ans et que je courais partout dans la maison.

— Je t'ai laissé de nombreux messages, alors tu dois connaître la raison de mon appel. Tu as prévu quelque chose pour Noël ?

Oui.

Non.

Je ne sais plus trop quoi répondre.

— Je suis désolé, je dois travailler pour le réveillon. J'ai dû prendre en charge un client suite à un souci donc je dois m'occuper de lui.

— Ah... bon, je comprends. Dommage. On essaie de se voir bientôt, quand même ?

— Mmhh, à bientôt.

Je raccroche avant qu'elle ne puisse me proposer une quelconque alternative.

Je reste planté en plein milieu de mon salon avant de reprendre conscience de la présence de Min-jun.

— Tout va bien ?

— Oui, oui. Désolé.

— Tu veux en parler ?

— Pas vraiment.

— D'accord.

Un silence s'installe entre nous. Mais étrangement, il n'est pas pesant, et je ne cherche pas absolument à dire quelque chose pour rompre un blanc des plus angoissants. Non. C'est plutôt un silence tranquille, apaisant, confortable. Alors je me rassois près de Min-jun, et l'interroge sur ses voyages.

Lyon sous la NeigeOnde as histórias ganham vida. Descobre agora