Le vieil amour

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Le sang déjà bien froid, j'aime encore je crois.
Le cœur peinant pourtant, j'aime encore je sens.
Quel sage ou quel dément, aurait sérieusement
Pu m'affirmer bien droit, quand j'en avais vingt-trois,
Qu'à son crépuscule, le vieillard ridicule
Malgré sa vie passée, si longue et insensée,
N'aurait point trépassé et pourrait avancer,
À pas minuscules ou à foulées majuscules,
Sur le chemin tordu du fol amour mordu ?
Après mes quatre-vingts, voilà qui me revient
Le frisson du matin, d'un baiser quotidien
Fougueux et éperdu, d'un ancien temps perdu.
Ô vieillesse chérie ! Tu m'auras donc appris,
Que j'ai vécu autant pour rester cet enfant
Niais et hésitant, face à l'amour bluffant,
Que mon cœur point tari de ce désir épris,
Peut à nouveau battre sous ma poitrine albâtre.
Drôles de sensations, née sans appréhension,
Souvenirs de passion comme d'excitation,
Sauvant le théâtre d'une pièce folâtre
M'offrent un nouvel espoir de rêver un beau soir,
D'appuyer mon pensif sur son sein régressif
Dans un moment jouissif d'un échange expressif
Sur un lit isoloir tel un divin perchoir.

Jeu de motsWhere stories live. Discover now