Rue de l'horreur

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Mon corps gît sur le bitume,
Il tremble et gémit pathétiquement
Dans le noir, la terreur le consume
Et l'angoisse monte frénétiquement.
La rue est parée de ténèbres,
Brisés par un faible néon d'épicier
Crépitant tel un présage funèbre
Que la mort a invité pour le sacrifier.
Les cris d'horreur et les pleurs résonnent
Sous le vrombissement des moteurs
Etouffés par les briques qui l'emprisonnent
De toute leur méprisante hauteur.
Les odeurs acres se mélangent
Associant terre, sang, ordures,
Urine, poisson et huile de vidange,
Le tout l'agressant d'une rengaine dure.
La pluie noie ses espoirs déjà blessés
Sous un glacial déluge de plomb
Empêchant mon corps de se redresser
Après cette vaine fuite pleine d'aplomb.
La vue de ces fils entrecroisés de fer
Interrompant sa course contre la mort
Lui a rappelé combien il a souffert
De cette plaie suintante qui le mord.
Alors de fatigue et douleur son choix fut pris
De se laisser choir pour qu'on le repère
Agonisant dans cette ruelle s'il n'était surprit
Encore tôt pour lui, par Charon et son père.
Mais un canidé égaré s'amenait
Reniflant mon corps comme son futur repas
Et lapant son liquide vital qui lui convenait
Jusqu'à fuir, troublé par des bruit de pas.
Espérant bêtement son sauveur bienheureux,
Il ne se souviendra que peu de temps
De cet homme assez peu chaleureux
Le toisant jouissivement quelques instants.
Ce moment passé, l'homme au sourire démant
Traîna savoureusement ses pieds jusqu'à sa sève
Puis caressa ce visage délicatement
Avant de susurrer quelque épigramme brève.
Il serra mon corps sur le sien
Et d'un geste plein de fébrile rage
Perfora son dos d'un poignard ancien
Puis il partit, laissant mon corps sous l'orage.

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