Volume 4 - Chapitre 4

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Chapitre 4

Après avoir passé le trou de ver qui reliait le système de Victoria à celui d'Anatolia dans un silence de mort, l'ambiance à bord du Misery laissait à désirer. Chacun avait ses raisons d'être morose dans le cockpit.

Gandar avait emmené sa nouvelle subordonnée dans la salle des machines pour qu'elle s'occupe des tâches que ses jambes artificielles rendaient compliquées. Mais il n'était de toute façon pas d'un naturel à faire l'animation.

Yulee avait clairement avalé de travers l'ajout de Stazia à l'équipage, d'autant plus que la dette de sang et le vote signifiaient qu'elle ne pouvait rien dire qui y changerait quoi que ce soit.

Naturellement, Tofer était contrarié par le fait que Yulee soit contrariée. Les yeux rivés sur le tableau de bord, il pilotait en silence jusqu'à la planète agricole.

Que le Capitaine soit de mauvaise humeur n'était pas à proprement parler un fait rare, mais il était clairement préoccupé à l'idée de devoir traiter avec les Crixiens.

Kara et Nyx avaient à peine parlé depuis la discussion échauffée de la veille. Le fait qu'il ait été le seul à ne pas lever la main pour voter son ajout à l'équipage n'avait pas aidé. Mais il était surtout abattu à l'idée qu'Eme ne les quitte une fois arrivés.

La sauver avait été une décision impulsive, qui leur avait coûté cher. S'il n'avait pas décidé de l'aider, dans cette ruelle, le Capitaine aurait toujours eu son bras, Gandar ses jambes, ils ne seraient pas poursuivis par la première puissance militaire de la galaxie et Queenstown n'aurait sans doute pas été détruite...

C'était peut-être la source de son malaise. Tout ça pour ça, songeait-il. Malgré tout, elle avait raison : la Corp en avait après elle, et sa simple présence suffirait à allonger la liste des sacrifices de l'équipage.

Il avait fait ce qui était juste et il était temps de passer à autre chose.

À travers la vitre du cockpit, la surface d'Anatolia se dessinait petit à petit devant eux. Autour du bleu des deux gigantesques mers circulaires de la planète, des champs et des forêts d'un vert profond étaient striés du blanc des serres artificielles où étaient cultivée la majorité des nutriments à destination de toutes les autres planètes.

Tofer amorça la descente dans l'atmosphère en direction de l'immense chaîne de montagnes qui séparait les deux mers. C'était dans ces terres difficilement cultivables que les anciens esclaves s'étaient réfugiés et avaient fondé la Commune de Crixos.

La mine de Stein se renfrogna.

— On vend notre cargaison de Long Johnson, on achète des vivres, du carburant et on se tire.

L'équipage acquiesça en silence, tandis que le Misery rejoignait une vallée à la végétation dense. Tofer posa habilement le vaisseau au centre d'une clairière dégagée par les Crixiens pour recevoir les cargos de contrebande.

L'endroit était complètement désert. Autour d'eux, il n'y avait que des arbres et des plantes, espèces envahissantes natives de la Terre, dont les semences s'étaient échappées des plantations humaines et avaient été transportées sur toute la planète par les vents d'Anatolia.

Le Capitaine fit signe à Nyx de le suivre dehors. Quand il remarqua que Eme leur emboîtait le pas, il marqua une pause.

— Il vaut mieux que tu attendes ici, suggèra Stein. Je ne pense pas que les Crixiens apprécieront de voir débarquer un Ange de la Corp en plein dans leur territoire.

Elle le fixa un instant de ses yeux rouge sang.

— Laisse-nous juste les prévenir, ajouta Nyx avec un sourire forcé.

RenégatsWhere stories live. Discover now