Chapitre 15

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Zaïna était sous le choc.

« La...La Forteresse Polaire ? Non...c'est impossible...

-Malheureusement, je le crains... Je suis désolé... »

Elle était désemparée. Ce simple nom lui faisait froid dans le dos, depuis qu'elle était tout petite. On raconte qu'il s'agirait du refuge de Scorpion, là où il vit, là où il enferme ceux qu'il torture plus longtemps que d'autres, pour son bon plaisir. Personne n'avait jamais vu ce lieu. Personne. Du moins, personne n'en était revenu. Pas un seul Cabiien ne sait où cette forteresse se trouve, même si elle existe réellement. Mais si c'était le cas, alors, Lumina serait morte, elle aussi. Comme ses autres amis. Elle le savait. Elle n'aurait jamais dû rester avec eux aussi longtemps après son enterrement, jamais. Elle les avait mis en danger et ils en avaient payer le prix fort. Zaïna se mit à pleurer. « Non ! Non ! Je ne peux pas le croire ! Ça ne peut pas finir comme ça ! NON ! » Ils étaient morts par sa faute, à cause d'elle. Elle s'en voulait terriblement. Comment pouvait-elle être élémentaire si elle était incapable de prendre soin de ses amis et les garder en vie ? Comment ?

« Zaïna ? »

Noark la tira de ses pensées. Elle releva la tête. Le sol était trempé. Elle s'était mise à genou sans s'en rendre compte.

« Est-ce que tout va bien ?

-Non, ça ne vas pas ! En fait rien ne vas ! »

La jeune fille explosa. Sa tristesse se mêla à de la colère. Elle ne pouvait plus se contenir. Elle se releva aussi sec et s'adressa au conteur.

« Je ne mérite pas d'être ici, vous entendez ! Vous auriez dû me laisser à leur merci. Je serai bien mieux morte. Je n'ai pas été capable de sauver qui que ce soit. J'ai tout perdu. Mes parents, mes amis, ma famille. Je n'ai pas réussi à en garder un seul en vie. Certains ont disparus, d'autres sont morts et les derniers sont condamnés, enfermés, par ma faute. Je n'ai rien d'une élémentaire. Je ne mérite pas ce qui est en train de m'arriver ! Je ne peux pas sauver Élémentia si je ne suis déjà pas capable de vous sauver vous ! Vous croyez en moi ? Très bien ! Mais ça veut dire une seule chose : la mort ! Je ne sauve personne ! Je ne fais que causer douleur et souffrance partout où je mets les pieds. En fait, je ne vaut pas mieux que les mages noirs, je suis comme eux. Une sombre idiote qui sait à peine se servir de ses pouvoirs et qui finira seule, totalement seule. Vous m'avez libéré, merci, mais vous allez payer cet acte, que vous le vouliez ou non, et vous le savez aussi bien que moi... Ils sont tous morts... Simengla, Aïssa, Lumina, les habitants... Et vous êtes le prochain... »

Zaïna était totalement en larmes. Elle était épuisée, à bout de forces, la fatigue de la récente bataille se ressentait encore. Noark n'avait pas dit un mot. Il la regardait, il la fixait, comme s'il n'avait jamais entendu pareil ânerie. Il s'avança vers elle.

« Vous vous entendez ? Vous êtes là à vous lamentez, à vous apitoyez sur votre sort ! Mais enfin ! Réfléchissez ! Ils sont simplement disparus, pas morts. À aucun moment nous ne l'avons dit. À aucun moment nous ne l'avons appris. Rien ne prouve qu'ils sont vivants ou non. Quant à votre dragonne, elle est enfermée mais bien vivante. Vous regrettez la disparition de vos amis ? Très bien ! Mais vous pouvez encore sauver ceux qui ont besoin de vous ! Lumina a besoin de vous. Et qui sait, si vos amis ont été arrêtés, ils sont peut être là-bas eux aussi. Vous n'êtes pas la seule à souffrir de leur disparition, mais nous devons tout tenter pour les secourir, ou nous battre pour honorer leur mémoire. Pensez à votre père, il a placé tous ses espoirs en vous. S'il l'a fait, c'est qu'il croit en vous, en votre courage, en vos pouvoirs. Si vous les avez, ce n'est pas un hasard, croyez-moi. Le destin vous offre une chance inouïe. Une chance qui vous permet de faire de grandes choses et de sauver des vies, beaucoup de vies. Vous n'êtes qu'à vos débuts, c'est normal d'avoir peur. Vous êtes encore jeune, mais vous devez aller de l'avant. Je ne veux pas dire oublier, mais se battre en leur mémoire. Je ne vous est pas secouru pour que vous regrettiez vos actes devant moi, mais pour que vous puissiez les assumer, et continuer. Vos amis ont besoin de vous, là où ils sont, ils attendent qu'on vienne les aider. Et si ce n'est pas vous, qui le fera ? Qui vous remplacera ? Personne ne peut le faire... Vous êtes probablement la dernière élémentaire en date. Il est de votre devoir de vous battre pour Élémentia, pour ses habitants, pour vos amis. Alors essuyez moi ces larmes et regardez moi dans les yeux. Nous allons les sauver, non les regrettez. C'est compris ? »

Les Élémentaires Cycle 1 1.Le retour des protecteursWhere stories live. Discover now