CHAPITRE 15

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Grâce à ce week-end, j'avais pris conscience que je n'avais jamais eu le temps de ranger mes dernières affaires dans quelques cartons. Je découvris plusieurs sacs avec des hanses et deux cartons débordant de bibelots et de vaisselles que ma mère m'avait envoyé pour que je me sente comme chez moi.

De plus, une lettre m'était parvenue ce matin. Il s'agissait d'un courrier officiel de l'Armée donnant mes résultats. J'étais acceptée, à ma grande surprise, dans l'Armée Noire. J'avais également reçu un grand carton avec plusieurs habits portant l'emblème de cet Uniforme. Dès demain, je devais me vêtir avec ses vêtements.

Je pris le premier sac pour l'ouvrir sur mon lit. Plusieurs livres, CD et DVD dormaient au fond du sac depuis quelques semaines. Ma mère avait un don pour m'envoyer les choses que j'aimais. Les livres portaient sur des histoires policières, fantastiques et des sujets de philosophique. Parmi ces romans, je découvris qu'elle m'avait glissé un livre que j'affectionnais énormément : un livre à l'eau de rose. Depuis mon collège, j'étais passionnée par cette histoire horrible d'une femme qui sacrifia sa vie pour un homme.

Je rangeais ces découvertes dans un meuble entreposé à côté de mon lit et les livres sur le dessus de cette même commode. Je continuais mon rangement pour sortir d'un carton, plusieurs vêtements de toutes les saisons. Des écharpes, des manteaux, des maillots de bain jusqu'aux scandales — ma mère était toujours prévoyante. Il s'agissait de cette même femme qui prévoyait, à chaque voyage, cette fameuse valise accompagnée de cette excuse dû « au cas où ».

Mes yeux regardèrent encore une fois mes livres pus mon regard se déplaça sur la photo, découverte dans la bibliothèque de l'école. Cette carte postale en noir et blanc possédait de nombreuses tâches jaunies par le temps. Le champ de blé était magnifique, guidé par le sens du vent. Un chêne traversait le milieu du paysage.

Au dos de cette photographie, je découvris une date, 1989 puis une inscription que je n'arrivais pas à déchiffrer puisqu'il s'agissait d'une langue inconnue. Je n'avais jamais vu des lettres aussi majestueuses, dessinées à l'encre.

Une fois mes affaires rangées, j'attrapais mon manteau pour aller faire un tour à l'extérieur. Depuis mon installation, je remarquais qu'il y avait un grand terrain plat derrière mon appartement, caché par une forêt. Plusieurs étudiants s'entraînaient à cause de la sécurité du terrain puisque les arbres protégeaient les habitations les plus proches.

Suite à mon acceptation dans l'Armée Noire, je devais m'améliorer et réussir à dégager mes principaux pouvoirs pour les perfectionner et ainsi essayer d'y comprendre le fonctionnement.

Le soleil caressa ma peau. Mon bras s'était rétabli pour pouvoir me servir de mon arme. Les écouteurs dans les oreilles, j'essayais de faire le vide dans ma tête malgré mon mal de ventre. Les cauchemars torturaient mon esprit et les médicaments étaient la preuve qu'ils ne servaient à rien dans mon cas. Ils ne soulagèrent rien, ni mes cauchemars ni mes maux de ventre.

Les branches craquaient sous mes pieds. Les feuilles mortes gardaient l'humidité de la veille. J'enjambais les ronces, essayant de ne pas abîmer mes vêtements. Finalement, cette muraille faite d'arbres n'était pas épaisse puisque j'atteignis rapidement la sortie.

Le terrain plat était vide. Il conservait quelques traces d'entraînement et de magie car de gros trous donnaient du relief au paysage. Quelques éclats métalliques traînaient sur le sol et brillaient sous la lueur du soleil.

Je posais mon sac à côté de moi et sortit ma bouteille d'eau. J'étais prête à m'entraîner. La musique m'avait aidé à me vider l'esprit pour visualiser correctement mon arme.

Mon épée apparut entre mes mains. Un brouillard noir décorait le métal — il dansait autour de la lame, caressant mon arme. Quelques chuchotements raisonnaient dans mon esprit, donnant l'impression que je n'étais pas seule. Mon corps tourna plusieurs fois sur moi-même pour vérifier qu'il n'y avait personne.

Dans un coin du terrain, j'observais deux soldats à l'Uniforme Rouge, se battant l'un contre l'autre. Les cliquetis des armes et leurs magies raisonnaient à l'intérieur du terrain. Ils ne me regardaient pas, concentrés sur leur duel.

Des petites taches noires naissaient sur mes mains, comme la dernière fois. Elles étaient nombreuses et décoraient mes articulations, comme si j'étais atteinte d'une maladie.

Mes jambes devinrent lourdes. De grandes bottes étaient apparues — elles couvraient mes mollets jusqu'aux genoux. Mon torse était protégé par une armure métallique argentée, avec un tulle noir en dessous.

Cette création venait de ma propre magie. Grâce à ma concentration et mon calme, je réussis à découvrir un peu plus ma magie.

Mon épée dans ma main, je m'entraînais dans la façon à laquelle je devais la manier. Je devais savoir utiliser autant la lame que la pointe de ma longue épée. Le pommeau de mon arme pouvait également me servir pour assommer mes adversaires ou contrer les coups.

Depuis les examens au terrain d'entraînement, j'avais observé tous les combats avec différentes armes et leurs différentes postures qu'il fallait adopter.

Je devais commencer par travailler ma défense. J'optais pour une garde permettant de désarmer mon adversaire. Ma jambe droite fléchit, je tenais mon arme dans la même direction pour donner un coup franc. Mes épaules devaient être alignées, les bras tendus pour répartir le poids de l'arme entre mes mains. Les points faibles du corps humain restaient la tête, le torse, les bras et les jambes. Je devais me protéger un minimum et travailler ma posture pour que je sois la plus rapide possible et être en avantage par rapport à mon adversaire. Je gardais la même posture, stabilisant mon équilibre : mon torse était droit. Mon poignet effectua une rotation pour rabaisser mon arme et protéger mon abdomen puis pour défendre l'une de mes jambes.

Il fallait également que j'appréhende la distance entre moi et mon adversaire. Les combats à corps à corps et à courte distance seraient totalement différents que les combats à longue distance. Notre professeur Andrew nous avait donné une liste de coups mortels à apprendre et à appliquer sur soi-même pour éviter de mourir : la tête, le cœur et le foie.

Je répétais ces mouvements plusieurs fois, jusqu'à suer du front. Mes mouvements devenaient de plus en plus fluides, rapides et agréables. Mon arme devenait légère comme si je faisais qu'un avec elle. J'effectuais des mouvements rapides du corps et des jambes, tournant sur moi-même, accompagnant mon épée. Je dansais sous le soleil, la musique à fond dans les oreilles. Je ne voulais pas m'arrêter.

Mes jambes se pliaient pour mettre à mon corps de se baisser rapidement. Je travaillais cet exercice en passant la lame au-dessus de ma tête, comme s'il s'agissait de mon adversaire. Je voulais essayer de développer plusieurs feintes : partir sur un angle d'attaque pour le changer radicalement en quelques secondes et créer une ouverture pour piéger mon ennemi.

Après m'être entraînée sur la défense, je devais privilégier l'attaque, qui était selon moi, le plus gros point faible. Je ne savais placer aucun coup.

Mes bras devinrent souples et détendus pour bénéficier de la longueur de l'arme. Je donnais des coups dans le vide vers le bas puis vers le haut. Mes coups devront refléter ma technique et ma rapidité pour surprendre mon ennemi. Je devais réussir à alterner ma défense et mon attaque. Mon poignet plaça deux coups rapides, un au-dessus et l'autre en dessous. Mes mouvements des hanches devenaient plus rapides tandis que ma lame tournoyait autour de moi. Les chuchotements continuèrent d'exister tandis que mes mouvements se perfectionnaient de plus en plus.

Je pouvais également tenir mon épée à deux mains si je me sentais plus à l'aise, tout en gardant mon équilibre. Je donnais des coups secs devant moi pour supporter le poids de l'arme. Mes pieds placés en angle droit, ma lame frappa violemment le sol, soulevant des mottes de terre.

Les deux individus se retournèrent dans ma direction, surpris par le boucan que je venais de faire. Je n'étais plus la seule sur ce terrain puisque d'autres groupes s'entraînaient autour de moi.

Je m'écroulais au sol, m'aspergeant d'eau tellement que j'avais chaud. Je venais de me surpasser et je ne m'attendais pas à des résultats aussi convainquant après ce premier entraînement en solitaire. 

Le Prince Immortel (TOME 1)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora