CHAPITRE 26

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Le temps que j'avais passé à cet endroit me semblait être une éternité. Contrairement à mon habitude, je ne pouvais plus quitter ce village enneigé – une force mystérieuse m'empêchait de m'aventurer ailleurs.

Le froid était vraiment insupportable et j'avais emménagé une chambre dans le grenier d'une étable. L'ouverture de l'étable me permettait d'observer le village tous les jours et de noter les habitudes de chaque villageois. Le Prince Immortel n'était jamais venu dans cet endroit – je l'avais attendu, je m'étais préparée à voir ce paysage dans le chaos mais le village respirait toujours la paix et le bonheur.

Mon activité préférée était de monter dans les charrettes des voyageurs et de manger de délicieux fruits. Je faisais le tour de la ville, assise sur les caisses et je descendais lorsque le marchand partait du village.

J'appris à utiliser des bateaux de navigation et de pêches sur le lac. Au début, c'était difficile de naviguer. Plus les nuits passaient, plus je devenais experte dans la conduite. J'avais identifié les temps idéals pour naviguer et la pêche n'avait plus de secrets pour moi. Les pêcheurs, qui ne remarquaient pas ma présence, apprenaient à leurs enfants l'art de la pêche et les noms des poissons au bout de l'hameçon. Je collectais les œufs des ablettes, cuisinais des barbeaux et par plaisir, je pêchais plusieurs brochets.

Auprès des villageois, j'avais noté tous les légumes et les fruits de saison et avec eux, je mettais les mains dans la terre. Malgré ma présence invisible, mes plantations poussaient et les villageois étaient heureux de cette réussite sans accorder la moindre explication.

En hiver, nous portions d'épais manteaux en laine pour travailler dans les champs. Nous nous occupions des pommes de terre et des carottes pour la soupe et notre panier permettait de récolter des oranges et des pommes. Mes récoltes et les habitudes des villageois m'apprirent à cuisiner, à choisir les épices idéales pour chaque produit et de manger enfin à ma faim et de ne plus voler dans les maisons ou les charrettes qui étaient de passage.

Au printemps, la neige disparaissait et le soleil permettait la naissance à de nombreuses fleurs et de nouvelles récoltes. J'appris plusieurs variétés de choux mais aussi la patience et la minutie dans la collecte et la préparation des petit-pois. Nous nous aventurions dans les bois, qui ne représentaient qu'une dizaine d'arbres pour ramasser les fruits des bois pour de la confiture ; je ne pus m'empêcher de manger quelques fraises et framboises pendant que mon panier se remplissait de toutes ces gourmandises. Des ateliers d'extérieurs étaient propices pour l'apprentissage de la confiture pour les enfants à laquelle je participais.

Agenouillée auprès des enfants, nous profitions du vent du printemps pour ramasser les fleurs, les plantes utiles pour la médecine du village et de nombreuses variétés de champignons. J'appris à reconnaître les morilles qui naissent aux pieds des frênes et des bouleaux dont son chapeau était constitué d'alvéoles irréguliers et aussi, le coprin chevelu, reconnaissable grâce à son chapeau blanc et ses mèches laineuses qui poussait sur les bords des chemins. Les fleurs du printemps permettaient la construction de magnifiques compositions florales : la jacinthe, le narcisse et la tulipe étaient les trois fleurs majoritairement récoltées à cette saison.

Les enfants, dès leurs plus jeunes âges, ramassaient plusieurs plantes médicinales. La sauge, plante connue par ses feuilles rugueuses, pointus et dentelés, était utilisée en tisane pour lutter contre les maux de gorge. Seules ses feuilles étaient utilisées. Le calendula était le remède contre les blessures et les cicatrices. Transformée sous forme de pommade, cette fleur était reconnaissable par sa couleur jaune orangée, donc par des nuances de gris.

L'été, la chaleur était étouffante et écrasante. Le lac prenait alors son utilité pour se rafraîchir le corps et le visage. Vêtue d'un panier dans le dos, nous ramassions les épis de maïs et de blés qui nourrissaient tout le village puisque les hommes préparaient le pain pour les prochains mois jusqu'à l'été d'après. Notre panier nous servait également à récolter des figues, des pêches et des prunes dans des arbres où les abeilles profitaient de leurs sucres. Les femmes du village préparaient des tartes pour les offrir aux voisins et voisines et pour le plaisir gustatif des enfants.

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