Chapitre 8 - Proposition indécente

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Une fois cerné dans cet espace clos, la porte barrée par Émile, le jeune François dût se rendre à l'évidence : il était foutu !

Il se sentait comme dans "Jacques et le Haricot magique", une fois arrivé tout en haut du haricot géant, entouré de deux ogres mangeurs d'hommes. 

Sa petite voix s'était tu. Il était pris au piège. Il allait abdiquer quand Gérard, imbibé d'alcool, les yeux brillants, et la voix un peu éraillée, se lâcha :

- Allez Émile ! Dis lui ! Le pauvre gars  ! Il va se pisser dessus tellement il a la trouille ! Tu le fais flipper avec ton attitude !!!

- OK ! OK ! C'est bon ! dit Émile,
Alors voilà mon grand, on a un job pour toi ! Oui je sais tu vas me dire avec ta voix de fillette (et il prit un ton suraigu ridicule) : je bosse déjà pour le père Gérard !

Mais, mon gars, il paraît que t'es qu'à mi temps alors tu peux bosser le reste du temps pour moi !
Je t'explique. J'ai vu un grand potentiel en toi !  Tu as l'étoffe d'un grand écrivain ! Tu le sais pas encore...

- ...Mais t'es déjà mort !! Se permit Gérard qui se croyait drôle avec cette référence absurde à Ken le survivant !

- Non Gérard ! Tu le sais pas encore...mais moi je sais dénicher la perle rare ! J'ai de l'expérience pour ça !

- Oh que oui ! Intervint encore l'alcoolique de service.

- La ferme Gérard ! Et toi mon petit gars, je pense que tu vas faire des étincelles ! "

François ne s'y attendait pas. Il n'avait plus peur. Il se sentait désormais pousser des ailes avec cette pluie de compliments et de rêves de grandeurs. Émile avait su lui dire les mots qui l'envoûteraient et qui le porteraient aux nues.

François avait peut-être des talents d'écrivain ! Il n'avait jamais vraiment essayé de passer de l'autre côté, de franchir la rampe.

Le grand lecteur commençait à rêver d'écriture..

Sa petite voix le poussait fort dans ce sens :

- t'as tellement lu que tu as peut-être du talent pour écrire ! Qui sait !? se dit-il dans sa petite tête.

- T'es pas plus bête qu'un autre ! Tu peux y arriver ! Tu ne sais pas si tu sais nager tant que tu t'es pas jeté à l'eau !

Mais il se disait aussi d'un autre côté :

- Après....t'as jamais rien écrit de ta vie ! À part quelques textes de jeunesse sans importance ! Qu'est ce que t'y connais en écriture en vrai ?

Bref il faisait les cent pas dans la prison de son crâne.

Émile ne supporta pas d'attendre et coupa court d'une grosse voix :

Bon alors mon garçon ! Je vais pas te regarder pendant 107 ans ! C'est pour aujourd'hui ou pour demain !? C'est bon pour toi ? Ça marche ?"

François se sentit comme un animal en cage et marmonna fébrilement :

- heu...pffff...oui oui ! Mr Émile. ça marche....oui ..c'est ....bon pour moi."

Il venait, à cet instant même, d'offrir son âme au diable.

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