Chapitre 35 - L'avocate

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François fût donc menotté et amené au poste de Police par l'agent Rafeu. Il était fier de sa prise et paradait devant ses collègues avec son trophée, comme s'il avait capturé Mesrine ou Landru. Il l'attacha à la table avec une chaîne qui retenait ses menottes aux poignets.
François devint comme fou en étant attaché de la sorte ! Il revivait la terreur du sous-sol de GéGé...il avait le souffle court, son cœur tambourinait dans sa poitrine en feu et son esprit vrillait comme un dément. Il commença à dire n'importe quoi ! Il ne contrôlait plus ses paroles, il criait comme un sourd :

- Je...laissez moi sortir ! Je ....je vais tous vous tuer ! Je vais mettre le feu ! Ça va cramer comme chez GéGé ! Je m'en fous ! Vous l'aurez bien mérité ! Ahhh ! Laissez moi !!

Et il se tortillait dans tous les sens en tirant sur ses chaînes comme un forcené. Il tomba de sa chaise mais continua son hystérie maladive allongé à terre. Le policier s'amusait de ce spectacle affligeant :

- t'es mon prisonnier mon mignon ! T'iras nulle part ! Je vais te faire parler mais pas pour dire tes débilités ! Calme toi et reste assis. Ça va bien se passer ! Remets toi sur ta chaise. Allez !

François voulut prendre la chaise et la jeter à travers la pièce mais la poigne ferme de Rafeu l'en empêcha illico.
Il prit François par le colback et le fit asseoir.

- Là ! Pas bouger ! Gentil toutou !
Bon maintenant tu va me dire tout ce qui s'est passé dans la bouquinerie, du début à la fin. Qui a mit le feu ? Qui a tué Gérard ? Qui a tué Émile ? Où est le chat de Gérard !? Non je plaisante pour le chat on s'en fout ! Et me répond pas comme un gars une fois qui voulait faire de l'humour :

"c'est le Colonel Moutarde avec le chandelier dans la salle à manger !"

D'abord je connaissais pas de Colonel Moutarde et puis l'arme du crime c'était pas un chandelier ! Et le gars il s'est mis à me rire au nez en me parlant du jeu Cluedo ! Oh le gars je l'ai fracassé avant de le mettre au trou !
Alors ? et toi ? C'est quoi ta version ? Et me sors pas de conneries ou je le saurais vite ! Et me parle pas de Monopoly ou de Scrabble ! On est pas là pour jouer !"

François s'était calmé. Il réfléchissait à ce qu'il allait dire quand une femme fit irruption dans la pièce, joli tailleur cintré, jupe courte, belles jambes, grosses lunettes à bordures noires, un carré court plongeant noir très classe. C'était son avocate.

- je suis Dana Manau, avocate à la cour, commise d'office pour représenter mon client ici présent. Voici ma carte !

Et elle tendit furtivement sa carte à l'officier qui n'eut pas le temps de voir grand chose !

- Ah ben ils ont fait vite pour une fois ! D'habitude ils mettent des plombes à arriver les commis d'off' ! Eh ben parfait ! Allons-y madame la jolie avocate !

- je vous préviens officier ! La moindre remarque déplacée, sexiste ou machiste sera référée sans délai à votre hiérarchie. Ainsi que la moindre tentative d'intimidation ou de menace envers mon client !
- houla ! Elle monte sur ses grands chevaux la belle demoiselle ! Ça va ! Je sais me tenir ! Je connais mon métier mam'zelle !

- Bon commençons ! Mon client a été arrêté arbitrairement à son domicile sans qu'il y ait eu de mandat d'arrêt émis par un juge d'instruction. Ce qui est une première violation du code pénal. Elle sortit un dossier avec plein de documents et dit :

- Je vous cite la loi :

Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, d'ordonner ou d'accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la liberté individuelle est puni de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende.

- Le fait également de menacer de violence et de séquestrer une personne est punie par la loi, je vous cite l'article 224-1 du code pénal :

Le fait, sans ordre des autorités constituées et hors les cas prévus par la loi, d'arrêter, d'enlever, de détenir ou de séquestrer une personne, est puni de vingt ans de réclusion criminelle.

Je vous cite aussi l'article 224-2 :

L'infraction prévue à l'article 224-1 est punie de trente ans de réclusion criminelle lorsque la victime a subi une mutilation ou une infirmité permanente provoquée volontairement ou résultant soit des conditions de détention, soit d'une privation d'aliments ou de soins.
Elle est punie de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu'elle est précédée ou accompagnée de tortures ou d'actes de barbarie ou lorsqu'elle est suivie de la mort de la victime.

C'est clair officier !?

Alors libérez mon client immédiatement ou vous serez en contradiction avec la loi et les articles 224 alinéa...

- wow ! wow ! wow ! stop jeune fille ! Je connais la loi et c'est pas vous qui débarquez avec votre petit tailleur moulant et votre articles de loi qui allaient m'apprendre le code pénal ! Ce "client" est un suspect dans une affaire d'homicide multiple et la seule personne à avoir vu en vie les deux personnes trouvés mortes au rez de chaussée. Et on sait pas si il a côtoyé les autres personnes trouvées mortes à la cave !

François eut un coup de sang !
Les autres personnes mortes à la cave !? Pensa-t-il

L'avocate fut interloquée aussi. Mais elle reprit froidement :

- Dans le cas de mon client, il n'a jamais été fait mention de plus de deux corps.

- parce ce que les gars qui fouillent les décombres ont trouvé des os en plus à la cave ! Et ce pas plus tard qu'hier ! Oui madame ! Et votre client est le principal suspect dans une affaire de tueur en série madame ! C'est pour ça que y a pas moyen mam'zelle ! Je le tiens ! Je le lâche pas votre gars !"

L'avocate eut l'air pétrifié. Elle fouilla dans ses papiers, tourna des feuilles et des feuilles, éplucha des dossiers juridiques et finit par dire :

- Aucune commission rogatoire n'a été émise ni aucun mandat d'arrestation à l'encontre de mon client, vous devez donc lever sa détention et libérer mon client dans l'heure !

- madame l'avocate, avec tout le respect que je vous dois, je vais vous dire d'aller vous faire f..

Et un officier plus gradé rentra sans frapper dans la pièce !
L'officier Rafeu s'interrompit et s'étonna :

- chef ?? Qu'est-ce que vous faites là chef !? Je gère la situation chef ! Tout est sous contrôle ! Vous inquiétez pas ! Chef !

- sous contrôle ? Cria le chef tout rouge de colère ! Vous plaisantez ! J'ai deux plaintes contre vous émanant du cabinet d'avocat Manau qui vous attaque directement et personnellement pour infraction aux règles du code pénal selon les articles 224 alinéa 1 et 2. On est coincés. Il faut le libérer en attendant de mettre ça au clair et d'obtenir un vrai mandat du juge bon sang ! C'est quoi cette façon de bosser agent Rafeu, vous vous prenez pour l'inspecteur Harris ?

- Harry ! Monsieur ! C'est l'inspecteur Harry !

- Oh la ferme Rafeu !

L'avocate eut un rictus nerveux et le pauvre François tendit ses mains avec un sourire en disant :

- libérez moi ! Pierre Rafeu !

L'agent lança un regard à son chef qui acquiesça, et dit avec fermeté :

- Bon. Vous ! Vous quittez pas la ville ! Et vous L'avocate ! Beau boulot ! Vous nous empêchez de bosser alors que moi je...

Son chef le coupa :

- Taisez vous Rafeu ! Tai-sez vous ! Laissez le partir ! On a rien contre lui pour l'instant ! Mais c'est vrai que vous devez pas quitter la ville ok ? Et si on vous convoque au commissariat vous êtes obligés de vous y présenter sinon on vous y amène de force.

- oui et ça sera moi qui ..

- La ferme Rafeu !

Et François fut libéré, remis à son avocate et put sortir du poste de Police avec elle.

Ils marchèrent un peu tous les deux et s'éloignèrent du commissariat.

- wow ! On a eu chaud ! C'était moins une ! Dit l'avocate ! Et elle fit un de ses grands sourires à François qu'il reconnut aussitôt !

C'était Anna !

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