Façade

chapitre 45

Une fois dans la limousine, j'écris à ma gynécologue et conviens d'un rendez-vous dès ce soir. Avoir un rendez-vous rapide est un des nombreux avantages de posséder beaucoup d'argent.

- On fait quelques photos ? je demande à Exton.

Il acquiesce et nous nous photographions. J'affiche un sourire radieux sur mon visage alors qu'une boule s'est formée dans mon ventre depuis une dizaine de minutes.

Lorsque nous arrivons, il prend ma main tandis que nous sortons de la voiture. Et bizarrement, une espèce de décharge électrique passe dans tout mon corps. C'est comme si j'avais besoin de ce contact, sans trop savoir pourquoi.

- Ah, vous voilà ! s'exclame mon père, dans l'entrée de l'hôpital.

Il s'approche de nous, me fait la bise et sert la main d'Exton. Quelques photographes prennent des photos, et quand ils partent, mon père reprend un air sérieux.

- On passe la journée ici, on doit donner la meilleure image possible et faire un maximum de photos. J'ai demandé, les malades que nous côtoieront ne possèdent pas de maladies contagieuses. J'ai déjà vu quelques cinglés qui m'ont fait flipper.

Je lève les yeux au ciel.

- Alors, on commence par quoi ? demande Exton.

- Vous deux, vous allez vous occuper des enfants. Moi, je vais aller de mon côté.

Nous hochons la tête et allons donc à la rencontre des aides soignants. Une certaine Betty nous conduit jusqu'à la salle où cinq enfants atteints de maladies mentales différentes sont, et nous explique un peu le déroulement de la journée.

Lorsque nous entrons, ils viennent tous à notre rencontre. Je leur souris et nous nous présentons. Ensuite, un photographe arrive et fait plusieurs photos.

- On va jouer aux cartes, ça vous dit ? propose Exton.

Ils ont tous l'air d'accord. Alors, nous prenons un jeu de carte et commençons à faire une bataille.

- Tu es très belle, me dit alors une jeune fille appelée Maryam.

- Oh c'est gentil, toi aussi tu es très jolie.

Elle me sourit d'un air timide.

- C'est ton petit ami le garçon avec toi ? chuchote-t-elle.

Je hoche la tête en riant.

- Il est très beau ! Vous allez très bien ensemble !

Un sourire attendrie prend place sur mes lèvres tandis qu'Exton nous dévisage. Il a sûrement entendu la conversation, puisque Maryam ne chuchotait pas très discrètement.

- C'est vrai que Céleste a de la chance de m'avoir, je suis génial, lance-t-il alors.

Je me tourne vers lui en haussant les sourcils.

- C'est toi qui a de la chance de m'avoir, et pas le contraire.

- N'oublies pas lequel de nous deux a sauté sur l'autre pour l'embrasser.

J'entrouvre la bouche, rougissante, et ne trouve rien à redire. Alors, je me tais et reprends la partie sous les rires de Maryam et d'Exton. Il sait très bien qu'il m'a prise de cour, pour le coup.

Et pendant les deux heures suivantes, nous jouons aux cartes avec les enfants, et je me prends vraiment d'affection pour Maryam. C'est vraiment une petite fille gentille qui n'a malheureusement pas reçu assez d'amour dans sa vie. Ses camarades de classe la rejetaient et la traitaient de monstre à cause de son handicap, qui consiste en un retard de développement physiologique, rien de trop choquant, mais assez pour que des enfants la prennent pour cible. J'aimerais la comprendre même si j'ai eu la chance de toujours être bien entourée lorsque j'étais à l'école.

Et tandis que la journée passe, je réalise que si je suis enceinte, ça ne serait peut-être pas si atroce que ça, les enfants ont des bon côtés. Et surtout, si un jour je suis enceinte d'un enfant handicapé, je ne le laisserais pas tomber et m'occuperais de lui autant qu'il aura besoin de moi...