3. L'Ange de la Fornication

Chapitre 2 : Titine des Cieux

Barbatos reprit connaissance, avec non seulement l'impression d'être passé sous un camion, mais aussi avec un petit bonus. Hell, en train de dormir, blottie dans ses bras. Ou plutôt, il la serrait contre lui, si étroitement qu'elle avait mêlé ses jambes aux siennes pour trouver une position confortable.

-Ha ! S'exclama-t-il s'asseyant d'un coup.

Il considéra la métamorphe, qui se redressa avec un grognement, les cheveux en bataille. Le cœur affolé, horrifié, il grimaçait. Elle le regarda à son tour, les yeux plissés. Puis repoussa son visage, avec un claquement de langue irrité.

-Voir ta tronche au réveil, c'est un vrai supplice.

-Heu... Rassure-moi... On a pas couché ensemble, quand même ?

Elle lui adressa une expression carrément méprisante. Ce qui le soulagea instantanément. Ouf ! Il n'avait pas commis cette terrible erreur ! Il ne s'en serait jamais remis, d'avoir eu ce genre d'intimité avec une garce de son acabit. Mais alors... Que c'était-il passé, cette nuit ?

En tailleur sur le sol, il prit le temps d'une courte réflexion. Il avait commencé à dormir, seul. Et puis...

-Tu pourrais me poser la question, lança Hell, au lieu de maltraiter ta malingre cervelle.

-J'aime mieux me débrouiller seul.

Cela lui valut un ricanement de mauvais aloi. Dans la lumière diffuse du soleil des Enfers, diffractée par les cristaux devant l'entrée, elle paressait particulièrement contente d'elle. Bon sang ! Qu'avait-il fait, encore !?

-Bon, accouche.

-Tu étais plié en deux à cause de la douleur. Je t'ai aidé à passer le cap, après quoi tu m'as serré toute la nuit contre toi, tel un doudou.

-Je n'ai jamais eu un doudou aussi moche, marmonna-t-il.

Pourtant elle avait raison. Il se souvenait d'une atroce souffrance, celle de brûler dans les flammes d'un Enfers profond, celui-là même où les âmes viciées restaient pour l'éternité. Puis tout avait reflué, sans raison. Lentement, sûrement, le brasier avait disparu, laissant place à l'épuisement. Hell serait la cause de son apaisement ?

-Je suppose que je dois te remercier.

-Beurk. J'aurais l'impression d'être salie ! Je l'ai fait parce que tu me cassais les oreilles à beugler comme un mioche. Bon, on rentre en Exil ? Tu t'en sens capable ?

Le doigt d'honneur qu'il lui adressa la fit ricaner. Sur pieds sans problème, l'ange s'étira tel un chat. Plus rien. Plus de douleur, plus de souffrance. Bizarre. Très, très bizarre. Songeur, il fit refluer les énormes cristaux dans le sol, déjà prêt à prendre son envol. Il prendrait son petit déjeuner en Exil, dans... Une ? Deux heures ? C'était tout ce qui leur restait.

-Il est vraiment laid, ton tatouage, lança la métamorphe en venant à ses côtés.

Il la toisa, avec un regard méprisant.

-Tu veux qu'on parle de ta forme d'oiseau de feu ? Parce que tu as une bonne tête de poulet à la broche.

-Hé !

Ils se chamaillèrent jusqu'à prendre leur envol. Il devait l'avouer, Hell le surprenait. Il c'était attendu à avoir droit à un « quand est-ce qu'on mange ? », digne de toute nana sur le champ de bataille, mais il avait oublié un détail : elle était du même acabit que les femmes d'Exil. Une guerrière, prête à arracher la jugulaire de son ennemi à main nu s'il le fallait. Cependant, elle restait insupportable. Et puis, c'était quoi, cette histoire avec son tatouage ?