Elle s'appelait Vengeance

Prologue

L'immense main de Kristoffer se resserra sur le poignet de Caroline tandis qu'il s'élançait dans la cour, l'entraînant avec lui. Elle s'efforçait de garder le rythme, malgré les jupons volumineux qui encombraient chacun de ses pas et le corset qui lui rendait la respiration difficile. Ses pieds nus se heurtaient au sol glacé. La nuit était tombée, et il n'y avait personne dans les écuries : Kristoffer fit d'abord sortir Valour, le cheval de Caroline, et l'aida à grimper sur la selle, avant de lui-même enfourcher Obéron.

— Comment va-t-on passer les portes? lui demanda la jeune princesse sur un ton où perçait son inquiétude.

Kristoffer poussa un grognement et détacha sa cape de ses épaules.

— Enfile ça, ordonna-t-il en la lui jetant. Fais bien attention à ce qu'on ne voie pas ton visage.

Caroline acquiesçai et s'empressa de rabattre la large capuche rouge sur sa chevelure brune. Elle avait encore des doutes quant à l'efficacité de ce déguisement, surtout parce que les gardes surveillant les portes à cette heure-ci de la nuit était particulièrement méfiants. Il y avait de fortes chances pour qu'ils les inspectent, et si ils découvraient que la princesse était sur le point de se faire la malle avec son cousin germain, ils les arrêteraient à coup sûr ! Tout à coup, une idée lui vint. Elle bondit de sa selle, sous le regard interloqué de son compagnon, et se précipita dans les écuries.

— Caroline ! siffla-t-il. Qu'est-ce que tu fais?!

Mais la jeune fille ne l'entendait plus. Elle se retroussa les manches, écartant soie et dentelle, et plongea les mains dans la première botte de paille qui se trouvait à sa portée, pour en récupérer quelques tiges dorées qu'elle coinça habilement derrière ses oreilles. On aurait dit des cheveux blonds qui s'échappaient de sa capuche. En l'apercevant, Kristoffer écarquilla les yeux, impressionné par l'ingéniosité et la créativité de sa partenaire. Mais il rassembla vite ses esprits, et la pressa de remonter en selle.

— Plus vite nous serons partis, mieux ce sera, gronda-t-il, enfonçant son talon dans le flanc d'Obéron, et le grand destrier gris partit d'un pas tranquille, suivi de près par Valour.

En apercevant leurs silhouettes qui se détachaient dans l'obscurité, les gardes qui surveillaient les portes redressèrent leurs lances, mais se détendirent bien vite en reconnaissant Kristoffer, capitaine des faucons d'or et neveu du roi. Ils le saluèrent chaleureusement, et leur regard glissa sur la jeune fille qui l'accompagnait.

— Mais où allez-vous donc, au beau milieu de la nuit, avec cette jolie blonde, Capitaine? s'esclaffa un des soldats, dont le nez et les joues étaient légèrement rougies, ce qui, malgré la pénombre, n'échappa pas à Kristoffer.

— Ah, j'espérais que vous ne me poseriez pas la question, mon cher Lancelet, soupira-t-il faussement.

— Je fais mon travail, Capitaine ! s'exclama le dénommé Lancelet en partant d'un grand éclat de rire. Dites-moi, vous ne comptez quand même pas la faire sortir et la coucher sur l'herbe, la petite, si?

— Vous avez bu, Lancelet, gronda Kristoffer. Je vous propose un marché, entre honnêtes hommes : vous me faites sortir, et moi je ne dis à personne que vous avez picolé pendant votre tour de garde. Chacun en ressort vainqueur. Ça vous va?

Le dénommé Lancelet se gratta la nuque d'un air gêné, son regard hésita, passant de Kristoffer à Caroline, mais il finit par céder.

— Allez, ça me va. Amusez-vous bien avec votre demoiselle, Capitaine ! s'exclama-t-il, et à ses mots les autres soldats activèrent le levier, les grandes portes s'ouvrant dans un grincement.

Caroline franchit les portes derrière Kristoffer, et une joie immense emplissait sa poitrine, alors qu'elle s'imaginait la vie d'amour et d'eau fraîche qu'ils mèneraient désormais, loin du château et de toutes ses contraintes.

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Pour les plus preux et les plus imaginatifs d'entre vous, voilà quelques questions auxquelles vous pouvez répondre, si l'envie vous prend  :

Que pensez-vous du couple Caroline/Kristoffer?
Pensez-vous que leur fuite se déroulera comme prévu?
Vous qui avez sûrement lu le résumé, comment pensez-vous que la situation va être bouleversée? En d'autres mots, selon vous, quel sera l'élément perturbateur du récit?

—Votre dévouée Princesse Cece, en train d'admirer le paysage du haut de son château.