Miss Kilos 2 - La revanche d'une grosse !

Chapitre 3 - Life Finds a Way

Je ne lui ai pas répondu. À vrai dire, je ne lui ai jamais répondu. Je n'ai jamais dit à Caleb que je l'aimais. Je n'ai jamais saisi l'occasion de le faire. Parce que oui, j'ai besoin de me cacher derrière des prétextes et des occasions contrairement à lui qui a toujours cette aisance folle avec les mots. J'ai besoin d'un filet de sécurité si je dois faire le grand saut. J'ai besoin de me sentir « en sécurité ». C'est débile comme excuse car il ne m'a jamais laissée tomber, bien au contraire, mais à un moment donné de ma vie, j'ai juste trop peur de lui.

Je ne sais pas comment gérer tout ça. Je ne sais pas comment y faire face. Alors je fuis. Je fuis et je me cache derrière maintes et maintes excuses. Je fuis et je le laisse progressivement partir.

Je ne le retiens même pas.

Est-ce un regret ? Je ne saurais le dire. Je pense que par moments, il nous arrive de revoir, bien plus tard, les décisions prises à un moment donné en pensant que c'étaient les bonnes. Je pense que le laisser vivre ses rêves est la bonne décision.

La bonne pour lui, pas pour moi.

Est-ce ça ? Ce que l'on appelle « faire des sacrifices » ? Est-ce que ça ressemble à ça ?

— Tu as une tête horrible.

Je regarde Olivia me passer devant avec son air jovial et son sourire radieux. Comment elle fait pour survivre à la vie ?

— Ouais... Je sais. Dis-moi Olivia, il existe un remède contre la tête de zombie ?

— Vu tes cernes, j'aurais dit « tête de panda » mais bon... À part une bonne nuit de sommeil ? Tu dors mal en ce moment ? Ah non ! Je sais... C'est toujours la même chose. T'as eu Caleb au téléphone y a pas longtemps, c'est ça ?

— Comment tu le sais ?

— Je te l'ai dit... Tu fais toujours la même tête à chaque fois. Sur ça, tu n'as pas changé. Tu sais Alex, je sais que c'est dur mais peut-être que tu devrais t'y faire sur le long terme, tu ne crois pas ? N'es-tu pas heureuse en ce moment ? La fac ça se passe bien et...

« La fac se passe bien ». Quel mensonge. La fac, ça ne se passe jamais « bien ». La fac, c'est horrible. C'est comme faire tous les parcours de Koh-Lanta en même temps. C'est faire une épreuve d'immunité tout le temps en essayant de gratter un semestre de plus. Parce qu'il est question de ça : de rester toujours un peu plus.

Chaque prof pense que l'on a que sa matière a étudier et que l'on est aussi riches qu'eux à devoir se payer tous les bouquins « complémentaires » au cours. Surtout que la plupart sont plus gros qu'un volume d'Harry Potter. Et bien moins cool aussi. J'aurais aimé avoir des cours de « défense contre les forces du mal ». Quoi qu'à tout bien y réfléchir... Je me dis que la fac en elle-même est un cours de « défense contre les forces du mal » si le mal en lui-même est la flemme, la fatigue, la faim, l'ennui et j'en passe. Tellement d'ennemis sur un si petit champ de bataille.

Et puis il y a la course traditionnelle à la bibliothèque où rien qu'éternuer provoque la colère de dix étudiants. Bientôt on arrêtera de respirer rien que pour leur faire plaisir à ceux-là.

Sans mentionner la cantine. Que serait la fac sans son «restaurant universitaire » ? On y mange aussi bien qu'à la cantine du lycée. Rien n'a changé. On troque toujours une saucisse contre une banane et un yaourt contre un bout de pain. C'est assez chouette, on apprend le sens du commerce et des négociations « Ta crème chocolat contre ma salade verte ? ». Faut juste faire attention à ne pas se faire piéger. Y a toujours des plats... où tu ne sais pas trop ce que tu manges mais comme le nom a l'air sympa, tu tentes l'aventure.

L'aventure vers les toilettes oui !

Effectivement... La fac ça se passe « super bien ».

— Je pense que je devrais arrêter mes études et faire des « Free Hugs » dans la rue. Avec ma surface de bide, les gens auraient l'impression de câliner un nounours.