Miss Kilos 2 - La revanche d'une grosse !

Chapitre 5 - Just Me

Beaucoup me disent que je n'ai pas changé. Que je suis égale à moi-même. Que je suis toujours la même. Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire. Comment peut-on dire si l'on change ou pas ? Qu'est-ce qui nous fait changer ? Change-t-on vraiment ou prenons-nous juste des décisions différentes que celles que l'on aurait prises avant ? Avons-nous une opinion différente ? Comment peut-on dire à quelqu'un s'il a changé si nous ne savons même pas ce qu'est le « changement » ?

Je ne comprends pas.

Pour Savannah, je suis toujours « Polochon ».

Pour Alexis, je suis toujours « Alex ».

Pour Olivia, je suis toujours cette petite fille de six ans qu'elle a retrouvé sur le pas de sa porte.

Tout le monde me voit encore comme celle que j'étais « avant ».

Rien n'a changé. Je n'ai pas changé. Le voulais-je ? Voulais-je changer et grandir ? Parce que c'est ça « changer » finalement non ? C'est tout simplement accepter le fait que l'on grandisse. C'est prendre sa vie en main et faire avec.

Le voulais-je réellement ?

J'ai tellement cherché à fuir cette image que l'on me colle au visage. J'ai fui l'étiquette « Miss Kilos » parce que je ne voulais pas de ça. J'ai fui ce monde de cruauté et de méchancetés d'adolescents parce que je ne le supportais plus. J'ai fui le monde pendant tellement longtemps que même sans moi, il a continué à tourner et maintenant que je suis parmi les vivants... J'ai oublié comment est le monde. J'ai oublié comment penser. Comment prendre une décision « d'adulte ». Une décision réfléchie. J'ai oublié que la vie ne se vit pas sur un coup de tête ou sur une impulsion.

J'ai oublié ô combien la vie est compliquée quand on y fait face.

J'ai oublié que l'on grandit quoi qu'il advienne dans le monde. Que c'est un passage « obligatoire » et qu'au bout d'un moment, il faut tout simplement se sortir les doigts du cul et l'accepter.

Je me trouve tellement misérable. Pathétique. Moi qui ai tant rêvé de ce monde en secret et maintenant, je ne souhaite que retourner en arrière. Comme si j'avais oublié des étapes. Comme si j'avais manqué quelque chose. Quelque chose d'important.

Mais quoi ?

— Alex, tu m'écoutes ?

Merde. J'ai oublié.

— Pardon. J'avais la tête ailleurs. Tu disais ?

— J'ai bien vu que tu avais la tête ailleurs. Tu sais, je vais commencer à croire les inquiétudes maladives de Caleb si ça continue.

— Dis-moi Alexis... Ça t'es déjà arrivé de te retrouver perdu ? Je veux dire, dans ta tête. Tu sais, ce genre de moment dans la vie où tu te retrouves face à un mur géant et tu ne sais pas quoi faire. Tu ne sais plus quoi faire. Alors tu restes planté là, bêtement, à attendre. Tu ne sais pas ce que tu attends mais tu attends.

— Alors c'est ça hein ?

— Quoi ?

— Tu n'es pas « perdue » Alexandra. Tu te fais juste rattraper par la réalité. Ça arrive à tout le monde. C'est le genre de période de la vie que l'on traverse tous je crois. Le genre de période où l'on n'a pas le moral et on ne sait pas pourquoi. Le genre de période où un rien nous irrite. Le genre de période où l'on aimerait faire quelque chose de notre vie parce que l'on pense devoir faire autre chose.

— Ah ! C'est ça, c'est ça ! Donc ça t'es déjà arrivé aussi ?

— Non... Moi, ça m'arrive constamment. Il n'y a que dans les romans où la vie est dépeinte comme quelque chose de merveilleux, pleine d'aventures en tout genre et de rencontres fabuleuses. Mais c'est un mensonge. La vie c'est aussi ce genre de période ennuyeuse où l'on a l'impression que rien n'est fait pour nous. On ne trouve pas notre bonheur. On ne peut pas être constamment heureux de toute façon. Parfois, on en a juste marre de tout. On a envie de tout balancer par la fenêtre. Je pense qu'on devrait le faire d'ailleurs. Qu'est-ce qui ne te rend pas heureuse en ce moment ?