CHAPITRE 2

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« Se mentir à soi-même, le meilleur moyen de ne jamais se trouver » Michèle Guérin

La machine à café ronronnait alors qu'Ethan contemplait le soleil se lever à travers les stores. Il adorait ses instants de calme et de solitude qui apaisait son esprit, pendant quelques minutes ses pensées étaient réduites à néant. Une main se posa sur son épaule, le moment était passé.

— Salut beau gosse, dit Callie derrière lui.

Il pouvait sentir les effluves capitonnés de son parfum bon marché. Ethan savait qu'en se retournant, elle se tiendrait là, impeccable, avec son maquillage et son brushing parfait. Callie était une belle femme, blonde aux yeux chocolat, plantureuse, mais tout chez elle respirait la superficialité. Cela faisait un an maintenant qu'ils se voyaient selon les besoins de l'un ou de l'autre, et cet accord tacite convenait parfaitement à Ethan. Le sexe avec elle était super et elle n'en demandait pas plus. Il aurait été de toute manière incapable de lui offrir autre chose.

Depuis quatre ans, Ethan était tourmenté par le souvenir omniprésent d'un visage fin aux yeux verts pailletés d'or, un rire délicat ainsi que de rougeurs sur de douces joues. Les regrets le rongeaient encore, mais aujourd'hui il ne savait plus très bien ce qu'il déplorait le plus. L'accident, l'ultimatum, leur amour, ou Elle, tout simplement.

— Ethan, chéri, tu es ailleurs, le coupa Callie.

— Pardon. Je dois aller ouvrir le bar. Pourras-tu claquer la porte derrière toi en sortant ?

— Oui, bien sûr, j'attends ton appel mon amour.

Mais qu'avait-elle donc ce matin avec ces surnoms ridicules ? Il hocha donc la tête par automatisme et se dirigea vers la porte. Son appartement était idéalement situé au-dessus du bar dont il avait fait l'acquisition deux ans plus tôt. Après quelques travaux, Ethan était fier du résultat et le « Black El » était devenu, en peu de temps, le lieu incontournable des jeunes privilégiés de la côte. Responsable d'une petite équipe, il ne dépendait de personne et c'était pour lui le plus important. Installé à son bureau, il releva la tête surpris lorsqu'une porte claqua au loin.

— Ethan, sors de ton antre !

Il se mit à rire, son frère, Asher, avait toujours su soigner ses entrées.

— Que me vaut l'honneur de ta visite Asher ? demanda-t-il malicieusement alors qu'il franchissait le pas de sa porte.

— Je ne peux plus rendre visite à mon petit frère sans raison ? soupira-t-il théâtralement. OK, j'avoue, maman a vu Callie en ville, alors j'en profite pour passer.

Asher n'appréciait pas Callie et c'était réciproque. Ethan avait toujours pensé que son frère lui était fidèle, à Elle, tout comme leur mère.

— Callie est une personne agréable, ne sois pas mesquin. Cela ne te va pas.

— Arrête ton char, frangin, Callie est tout sauf « agréable ». Elle est superficielle, vénale et stupide, affirma-t-il avec sérieux.

Ethan était fatigué d'entendre le jugement dans la voix de ses proches. Il avait choisi Callie et Asher pouvait garder son avis pour lui.

— Ça suffit ! Tu es mon frère, mais cela ne te permet pas de juger sans raison.

— Elle n'est pas Elle, murmura-t-il tout bas.

Ses mots l'atteignirent en plein cœur et la souffrance qui s'inscrivit dans son corps le mit en colère. Elle n'était plus et s'était ainsi.

— Je t'interdis de prononcer son nom, ne parle pas d'elle. Elle n'est plus rien, affirma-t-il d'une voix basse et grondante. M'as-tu compris ?

Seul le silence lui répondit, Ethan passa ses doigts sur l'arrête de son nez, soupira et s'efforça au calme avant de reprendre.

— Quatre ans, Asher. Je suis passé à autre chose, fais-en autant souffla-t-il avec une nonchalance feinte.

Le mensonge qu'il venait de proférer lui brûla la langue. Son frère se redressa et le fixa intensément à la recherche de réponse, mais Ethan resta impassible. Il ne pouvait pas se permettre d'y penser. L'expression d'Asher changea si rapidement qu'il ne sut comment l'interpréter, son masque souriant était réapparu.

— Je suis heureux de l'apprendre Ethan et je te souhaite d'être heureux. Je vais te laisser, maman m'attend.

— Mais tu ne m'as toujours pas dit pourquoi tu étais passé exactement ?

— Oh pour rien, je voulais simplement prendre de tes nouvelles.

Il se leva et hésita quelques secondes avant de partir. Ethan était épuisé, pourquoi tous s'évertuaient-ils à vouloir ressasser le passé ? Comme une lente torture, il se laissa happer par des images qu'il chérissait encore il n'y a pas si longtemps.

« La lune éclairait la douce peau de son dos que le drap découvrait jusqu'à la naissance de ses fesses.

Mon amour, réveille-toi, lui susurra-t-il à l'oreille nichant son nez dans le creux de son cou pour s'imprégner de son essence.

Hum...

Elle remua lentement, le tissu laissa apparaître les deux fossettes au creux de ses reins où quelques heures plus tôt il passait sa langue. Et lorsque ses longs cheveux dévoilèrent deux émeraudes aux éclats d'or, il sut qu'il était foutu. Une érection douloureuse tendit le pantalon qu'il avait remis à la hâte. Les minutes filaient à toute allure. L'enceinte qui avait servi de refuge à leurs ébats, deviendrait dans peu de temps une forteresse. Elena portait des chaines que son geôlier n'était pas prêt à briser et les amants maudits qu'ils étaient, volaient des moments d'intimité propice à leur idylle naissante.

Tous les premiers vendredi du mois son père s'absentait une partie de la nuit. La garde étant réduite au minimum, Ethan avait pris l'habitude de se faufiler dans les quartiers d'Elena et d'en repartir avant le lever du jour. Mais il lui était de plus en plus difficile de la quitter.

Je t'aime mon ange ne l'oublie jamais, lui déclara-t-il les yeux dans les yeux, sa main en coupe autour de son visage.

Ethan posa ses lèvres sur les siennes avec avidité, renouant ainsi cette connexion magique entre leurs corps qui électrisait l'air. Il aimait Elena plus que de raison, et lorsqu'elle s'abandonnait au plaisir comme cette nuit, elle n'en devenait que plus belle. À regret, il s'écarta de cette petite ensorceleuse et la fixa intensément afin de graver dans sa mémoire chaque détail, de ses yeux brillants à ses lèvres rougis, en passant par le drap qu'elle tenait pudiquement devant son corps nu. Ethan se détacha rapidement de ce merveilleux tableau et partit comme une ombre se fondant dans la nuit. »

Il chassa vivement les réminiscences de cet amour funeste et révolu que son cœur soumettait à son esprit. Ethan se morigéna de cette faiblesse.

C'estdu passé tout ça !


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Reviens-moi - ÉDITÉDonde viven las historias. Descúbrelo ahora