Tome 2 - CHAPITRE 2

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ALESSIO

— Je peux savoir ce qu'il t'a pris, nom de Dieu ?

Depuis des heures, je ruminais en silence. Me remémorant en boucle les mêmes images. Je ne saisissais toujours pas comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point. Andréa, un des meilleurs éléments de mon équipe avait été blessé par balle, par chance il s'en remettrait rapidement. Néanmoins, Elena était encore au bloc. Et depuis, je tournais comme un lion en cage, passant de la colère à l'incompréhension, sans oublier cette culpabilité profonde qui me rongeait lentement mais sûrement.

— Je ne lui ai rien fait Sophia, donc ne m'emmerde pas. Cet abruti m'a sauté dessus, et malgré le fait que je pourrais le tuer à mains nues, je n'ai absolument pas répliqué. Alors, garde tes leçons de morale à deux balles pour toi, tu me fais chier ! grondai-je en me remémorant l'attaque surprise de cet idiot.

— Je sais, je suis désolée. OK ? Je suis un peu sur les nerfs. As-tu des nouvelles d'Alessandro ?

— Oui. Il est occupé et ne peut se déplacer pour le moment. Tu y crois toi ? Bordel de merde ! Il s'agit de sa fille et Monsieur n'est pas disponible, rageai-je. Par contre, il nous envoie des « sgarriste » en renfort.

— Laisse tomber Alessio, cela ne sert à rien de s'énerver, souffla-t-elle. Où en est-on pour la sécurité ?

— L'aile ouest a entièrement été vidée et sécurisée par des hommes à nous. J'ai mis un garde en faction devant le bar des deux autres idiots.

— Arrête un peu, répondit Sophia certainement excédée par le surnom que je donnais aux frères O'Connor. C'est très bien, mais tant qu'on ne saura pas ce qu'il s'est exactement passé au domaine, ne place que du personnel de confiance autour de la chambre d'Elena et limites-en l'accès.

Je comprenais parfaitement la méfiance de Sophia et étais même étonné de la voir si bien gérer la situation. Je ne la connaissais que très peu malgré sa présence en France avec Elena et moi-même. Sous ses airs insouciants, elle se révélait très efficace face à la pression. Pourtant, je pouvais discerner sous son masque, le chagrin et l'inquiétude qu'elle ressentait pour sa meilleure amie. Et je partageais amplement ses sentiments.

Dire qu'il y a peu de temps je me plaignais du calme parisien !

Le drame s'était produit lors de mon absence et je ne devais ma venue rapide sur les lieux qu'au dispositif de secours dont j'avais muni les membres de mon équipe. Je fermai les yeux et me remémorerai avec précision chacune des heures qui avaient précédé.

Trois de nos gars m'accompagnaient et quatre autres se trouvaient dans un deuxième véhicule nous suivant de près. Je serrais si fort le volant que mes jointures viraient au blanc. La mâchoire contractée, j'avais accéléré. Aucune parole n'était nécessaire, chacun connaissait son rôle. Lourdement armés, nous étions prêts à faire face à l'ennemi. Quel qu'il soit !

À notre arrivée la grille était grande ouverte, enfoncée de force, l'un des battants presque arraché de ses gonds, et en remontant l'allée bordée de platanes, le silence environnant se fit pesant, à la limite de l'angoissant. Devant la demeure principale, j'avais fait signe par la fenêtre au second véhicule de s'arrêter, alors que je continuais à toute vitesse vers les écuries où j'étais certain d'avoir entendu des coups de feu. En s'approchant, la scène que l'on perçut alors nous parut apocalyptique. Ce qui, hier encore, ressemblait à un havre de paix, était actuellement un champ de bataille.

Dans un crissement de pneus, j'avais stationné le 4x4 de travers et sans perdre un instant, chacun de mes hommes s'était déployé arme à la main, le visage impassible, prêt à en découdre. Des ennemis tout de noir vêtus se mirent à nous canarder comme des lapins ! Je me posais mille questions, mais une seule me hantait : où était Elena ? Grâce à mon oreillette, je savais à présent que personne ne se trouvait dans la maison principale. J'étais pratiquement certain que si ces bâtards avaient accompli leur tâche, ils se seraient déjà repliés. Je gardais espoir.

Reviens-moi - ÉDITÉWhere stories live. Discover now