Chapitre 4.2 - Paris, France (Mika)

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Certains allaient arriver un peu plus tard à la fête, car ils doivent encore s'occuper de leurs bêtes (les éléphants et les chevaux, qui sont dorlotés par leur maitre après qu'ils aient rempli leur devoir). Ce n'était pas que les autres refusaient de les aider, arguant qu'eux ne les utilisaient pas pour leurs numéros, ou encore qu'ils refusaient de démarrer un peu plus tard les réjouissances. Non, il ne faut jamais douter de la solidarité qui lie les gens du spectacle entre eux ; l'explication est toute simple : les artistes qui pratiquaient l'art équestre et autres dompteurs avaient horreur que quelqu'un d'autre s'occupe de leurs animaux. Ce sont leurs bébés, leur responsabilité. Ils y mettaient un point d'honneur. Et puis, ils le disaient eux-mêmes, « Si vous avez moyen d'arriver en retard à une fête, sautez sur l'occasion. L'ambiance, elle vient qu'une ou deux heures après que ça ait commencé. ».

Comme tous le monde, Mika Joy était parti dans sa loge pour se changer. Le miroir lui renvoie son image. Un mètre soixante-dix, des cheveux châtain tirant vers le blond, ses pupilles bleu foncées lui renvoyaient un regard franc. Pas de barbe pour lui – il la rase tous les matins – mais une mâchoire bien dessinée. A vingt-sept ans, il était devenu un très bel homme. Puisqu'il sortait de la douche, il ne portait qu'une serviette sur le creux de ses reins. Si le miroir avait été une fille, ll en aurait bavé.

Alors qu'il s'apprête à enfiler une tenue décente, à savoir un t-shirt et un pantalon, on toque à sa porte. Sans se soucier des convenances, il ouvre celle-ci. Sûrement un de ses amis qui lui dit de se bouger le cul, ou sa mère qui vient le féliciter, allez savoir. Dans les deu cas, le visiteur l'a déjà vu presque à poil (enfin, complètement nu pour sa mère, hein) puisqu'il est impossible qu'aussi tard, ce soit quelqu'un ne faisant pas partie de l'équipe du cirque qui vienne toquer à sa loge.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le visage sur lequel il tomba lui était inconnu. La jeune fille, qui avait déjà une belle teinte tomate avant qu'il n'ouvre la porte, se transforma en écrevisse. Déjà que ce qu'elle faisait était limite, elle qui espérait, en toquant à des portes au hasard, tomber sur son idole, se retrouvait nez à nez avec... un torse. Un magnifique torse, au demeurant, mais c'était un peu surprenant. Et déstabilisant. Surtout vu l'intention avec laquelle elle était revenue au cirque.

Elle le regardait avec des grands yeux, ou plutôt, son torse (soit elle était timide, soit la vue lui plaisait vraiment).

- Euh bonsoir... ? fut la réaction de Mika, un peu hésitant, troublé par cete scène improbable.

- O-oui, c'est ça, euh, bonsoir, pardon de vous déranger, enfin je pensais... la jeune fille s'interrompit, décidément très mal à l'aise. Il lui faisait totalment perdre ses moyens, alors qu'elle avait répété la scène toutle long du trajt pour se donner du courage. Elle pensait avoir envisagé toutes les possibilité, mais ce scénario là, il ne lui était jamais venu à l'esprit.

La pauvre, elle bégaie, il faut que je fasse quelque chose, que je la mette à l'aise, sinon même pour moi ça va finir par être gênant, pensa le jeune homme.

Soudain, semblant retrouver son courage, la fille, qui devait avoir un peu plus de la vingtaine, lui tendit une rose rouge, qu'elle cachait jusqu'à présent derrière son dos. Mika écarquilla les yeux, ça, c'était rare.

- Ecoute, je préfère arrêter cette scène ridicule tout de suite, alors autant jouer carte sur table. Je m'appelle Julia, j'ai vingt-deux ans... Non, ne me coupe pas la parole, sinon je vais être incapable de continuer. Donc, j'étais au cirque ce soir, et je t'ai vu réaliser ton numéro. Ce n'est pas la première fois que je te vois jouer, j'adore les spectacles, et, je l'avoue, j'ai déjà tapé ton nom sur Google. Je me suis dit en rentrant chez moi que c'était dommage de partir comme ça, sans même chercher à te joindre, alors une fois chez moi, je me suis changée, et je suis revenue. Peut-être que j'aie l'air d'une tarée avec ma rose, mais c'est toujours cool d'en recevoir une alors... Et puis pour une fois c'est pas un garçon qui l'offre à une fille !

Elle avait débité tout ça d'une traite, en le regardant droit dans les yeux – elle ne l'a même pas laissé l'interrompre, d'ailleurs – et maintenant, elle attendait qu'il réagisse. Au départ un peu sonné, Mika se reprend vite. Un sourire carnassier s'étend alors sur son visage (d'aucuns diraient plutôt un sourire à en faire fondre la banquise). Après tout, il a l'habitude de draguer. Il s'approche d'elle, charmeur, lui glisse dans l'oreille qu'elle n'a pas à se justifier.

La conversation devient plus légère, il désamorce la tension en plaisantant. Il prend la rose des mains de la jeune fille, se met de dos et, lorsqu'il se retourne, il tient la fleur entre ses dents. Il la tend à sa proie médusée, et, avec beaucoup d'assurance, en forçant l'image du playboy : « Bonjour mademoiselle. Vous êtes très jolie. Puis-je vous offrir cette rose en échange d'un rendez-vous ? ».

La jeune fille sentit un franc sourire orner son visage. En plus d'être beau, il était marrant.

Mika sort de sa loge, enfin habillé et avec un nouveau contact enregistré dans son téléphone.

Sous le chapiteau, l'ambiance est légère et les conversations vont bon train. A côté de l'entrée, deux hommes, les techniciens lumières, discutent cinéma. Leur débat tourne autour de leurs réalisateurs préférés, l'un valorise ceux qui composent des films avec beaucoup d'effet spéciaux, par exemple Gore Verbinski, tandis que le second préfère ceux dont la majorité des scène ont été filmées à la caméra. Pour Mika, le plus important n'est pas de trouver la meilleure manière de réaliser les plans, mais de réussir à apprécier la beauté de la création quel que soit le rendu ou le moyen utilisé.

A l'intérieur, les hommes et les femmes boivent du thé, de la bière ou de l'alcool fort, personne ne juge, chacun prend ce qu'il aime, et c'est tout.

Voyant la troupe au complet, la directrice décide de prendre la parole :

« Chers amis, votre attention s'il vous plaît. Je vais profiter de cette habitude que nous avons tous, de nous rassembler sous le couvert du Grand Chapiteau après une représentation, pour vous félicitez. Vous, mes petits poulains, que je vois grandir et persévérer jour après jour, jusqu'à atteindre l'objectif propre à chacun de vous, méritez amplement ma meilleure courbette ! Vous avez su donner le meilleur de vous-même à chacune des dates de la tournée, et pour ça, je ne vous remercierai jamais assez. Pourquoi ? Parce que ce cirque n'est rien sans vous ! Tous autant que vous êtes, vous portez l'âme du spectacle en vous, et avec toute la générosité dont vous êtes capable, vous l'offrez sur un plateau à chacun des spectateurs. Chacun à votre manière, vous faites vibrer la salle et, ce faisant, vous faites avancer l'humanité. Je remercie donc sincèrement toutes les personnes ayant accepté de donner un peu du temps de sa vie pour faire vivre l'art. ». 

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voilàà :) prochain chapitre sur Abigail, n'oubliez pas de voter et commenter! 

Jeux de Quilles [PAUSE]Where stories live. Discover now