Chapitre 7 - Paris, France (Mika)

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Le vrai mystère du monde réside dans le visible et non l'invisible – Oscar Wilde.

Le chapiteau est presque entièrement démonté. Clowns, voltigeurs, jongleurs, cavaliers, dompteurs, tous se préparent à reprendre la route. L'ambiance est légère, comme toujours.

Un léger sourire aux lèvres, Mika repense à sa soirée d'hier soir. Julia s'était montrée pleine de surprises. « Tout de même, elle a eu du culot de venir me chercher jusque dans ma loge... Mais je ne vais pas m'en plaindre. ». Les deux jeunes s'étaient retrouvés à la limite du pré, assez loin du campement du cirque pour éviter les remarques de ses compagnons. Elle l'avait emmené dans un bar. « Tout comme j'aime : elle est jolie, l'alcool ne lui fait pas peur, elle a de l'esprit, n'est ni une sainte-nitouche ni une nymphomane. Je l'ai validée dès qu'elle m'a fait son speech dans ma loge. C'était tellement incongru, en tout cas elle a de la volonté cette nana-là. ». Après avoir commandé deux bières (Mika a en horreur les filles qui ne boivent que des cocktails tendancieux, il a toujours l'impression qu'elles sont futiles), l'ambiance s'est directement amélioré. Détendus, ils s'étaient mis à chercher leurs points communs. Ils avaient fini par en faire une liste, longue comme le bras, qui allait de « j'aime les olives » à « je ne crois pas en dieu ». Apparemment, ils s'étaient trouvés un autre point commun au moment où il lui avait murmuré à quel point il avait envie d'elle. Il sut que c'était gagné en la sentant frémir entre ses bras. Il n'oublierait pas cette nuit, même si leur rapprochement n'aura duré qu'un soir. D'expérience, il savait qu'au fil des jours, les traits de son visage se fondraient dans la brume de ses souvenirs, mais ses bras, sa grâce et ses formes resteraient intacts. Il se rappelait toujours. Et, invariablement, au petit matin, quand elles se réveillaient, elles trouvaient le drap vide et une petite carte d'adieu. Ce n'est pas comme s'il les trompaient : il exprimait clairement qu'il ne cherchait rien de plus. Ce n'est pas parce qu'il collectionne les femmes qu'il les considèrent comme des trophées. Même s'il le voulait, son métier le force à se déplacer énormément, ce qui rend toute relation ardue.

Oui, il garderait un bon souvenir de cette tournée.

– Eh, le fils prodige ! ça te dérangerait de te bouger le cul ? Si tu veux on peut te laisser là, de toute façon c'est pas comme si t'étais vraiment le gosse de la patronne ! Un putain de SDF, voilà ce que t'es ! P't'être même qu'elle t'a trouvé dans une poubelle, la patronne ! Elle aurait jamais du te ramasser, elle a du avoir pitié... Sam, un dompteur de lion qui ne s'est jamais caché pour montrer son antipathie face à Mika, crachait son venin.

L'interpellé réagit au quart de tour. Bien que ne perdant pas souvent son calme (il est connu pour sa capacité à tourner n'importe quelle situation en dérision), cette fois-ci, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Pour une fois, il allait utiliser sa verve pour attaquer.

– Peut-être que je n'ai pas les gènes d'Isabelle, mais ce qui est certain, c'est qu'elle m'a voulu. Je ne sais pas si tu peux en dire autant de tes parents, t'es sûr que t'as pas été crée à Boulogne ? Toi qui dis toujours avoir la main verte, je pense que ta mère elle l'a plutôt blanche...

– Mika ! Viens avec moi, intervint Isabelle.

Venant de bonne grâce, le jeune homme, s'assit sur un des fauteuils, face au bureau de sa mère, pendant qu'elle-même s'installait.

– Depuis que je t'ai recueilli, on n'a pas vraiment parlé de... de ton passé, commence-t-elle.

On sent qu'Isabelle n'est pas très à l'aise. Elle pèse chacun de ses mots, de peur de brusquer celui qu'elle considère comme son fils.

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⏰ Last updated: Jun 11, 2018 ⏰

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