Chapitre 5 - Vevey, Suisse (Abi)

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Le train vient d'entrer en gare. Une vague d'étudiants pressés et de pendulaires se précipite par les portes, espérant ainsi obtenir une place de choix. Julien et Abigaïl ne faisaient pas exception à la règle. Ou plutôt, julien trainait abigaïl derrière lui pour la forcer à le suivre dans la marée humaine, puisque la concernant, elle s'en fichait bien de savoir si oui ou non, elle allait pouvoir poser ses fesses sur un siège pendant la demi-heure de trajet.

L'amitié qui liait les deux jeunes gens était indéfectible. Depuis que son chemin avait croisé la route du jeune homme – Abigaïl avait alors treize ans – ils ne s'étaient plus lâchés.

Les lèvres pincées en signe de concentration, le regard braqué sur son professeur, la jeune fille écoute attentivement le cours de droit public. Elle ne se permettait pas d'avoir des blancs dans ses résumés. Elle lâche tout de même un léger soupir, il faut dire que M. Pichonat n'est pas des plus intéressant. Comme la plupart des étudiants de la salle, elle se raccroche au fait que la journée touche à sa fin. Enfin, sa routine à elle, ce n'est pas métro-boulot-dodo, mais maison-train-métro-uni-métro-train-job-maison. Ça sonne moins bien.

Pour le moment, assise à la terrasse d'un café (sa routine n'a qu'a aller voir ailleurs si elle y était), elle observe les yeux gris de son ami. Il lui avait dit qu'il avait besoin de parler, elle était là, c'est tout. Que pouvait-il bien se passer derrière ces pupilles ?

Un éclair de malice passe dans les yeux de son vis-à-vis, puis Julien lâche :

– En fait, je voulais juste que t'acceptes de boire un café avec moi, haha, mais comme t'es débordée je me suis dit que la seule façon pour que t'acceptes sans faire de chichis c'était de laisser sous-entendre qu'il y avait un problème entre ma copine et moi... Tu ne m'en veux pas trop Abichou ?

– .... T'es un crétin, Jul. Mais t'as raison d'un côté, je t'avais un peu délaissé entre mes deux jobs, l'uni et les trajets, pardon...

– T'inquiètes ma poule, tu me fais un massage des pieds et c'est du passé ! lance-t-il, profitant de la situation.

– Arrête d'essayer de profiter de la situation, je me suis excusée, c'est déjà pas mal mon coco. Apprends à vivre avec ce que tu as. Et puis, pour rien au monde je ne m'approcherai de tes pieds de Golum !

Le duo continua à parler au fil de discussions endiablées et quelque peu décousues, jusqu'à ce que la jeune fille se rappelle avoir promis à Mme Ceylan de passer chez elle cet après-midi. Vite, elle doit se dépêcher si elle veut pouvoir faire un saut chez elle le temps de déposer son sac avant de courir jusqu'à la petite maison de la vieille dame.

Un dernier câlin plus tard, elle plonge dans la marée humaine inhérente à tout transport en commun.

– Salut M'man je reste pas ! crie t'elle en ouvrant la porte à la volée, donnant l'impression à sa mère qu'un ouragan vient de pénétrer dans le salon.

Attrapant un fruit, sa fille grimpe déjà l'escalier ventre à terre. Abi balance son sac sur le lit, en retire précipitamment tout le fourbi inutile puis redescend, colle une bise à sa génitrice et re-claque la porte.

A peine quelques minutes plus tard, Abigaïl sonne à l'interphone de l'immeuble 6, rue Pierre-Feuilles.

Madame Ceylan est une très gentille sexagénaire, mais se rendant compte qu'elle s'embrouillait plus souvent qu'à son tour avec ce qu'elle appelle la paperasse (factures, impôts, contrats, inscriptions diverses...), elle a engagé Abi, qui, depuis maintenant trois ans, « s'occupe de faire le sale boulot » selon ses mots.

Jeux de Quilles [PAUSE]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang