Chapitre 8

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J'aimerai pouvoir dire que je vais bien. J'aimerai dire que je suis guérie. J'aimerai ne plus être triste. Je voudrais ne plus ressentir toute cette douleur qui me ronge. J'aimerai que tout ça ne soit pas arrivé. J'ai ce sentiment d'injustice qui me torture. Je ne peux rien faire face à cette situation. Personne n'a pu faire quelque chose. Mon père n'a pas eu le choix non plus. Il s'est endormi et ne s'est jamais réveillé. Il est parti sans pouvoir revenir.

Lorsque votre corps est tellement fatigué qu'il ne fonctionne plus, avez-vous le choix ? Il n'y a pas de solution. Votre sort est immuable. Irrévocablement, vous quittez votre famille et vos amis, et vous les laissez vivre sans vous.

Mon père fait partie de ces personnes qui n'ont pas eu le choix. Il n'a pas pu nous dire au revoir.

Comment pourrai-je lui en vouloir d'être parti ? Comment pourrai-je être en colère contre lui alors qu'aucun choix ne se poser à lui ? J'aurai tant aimé pouvoir le sauver. J'aurai tant voulu qu'il soit à nos côtés.

Il n'a pas pu assister à ma réussite de permis, ni à l'achat de ma jument. Il n'assistera pas à ma remise de diplôme, ni à mon premier boulot, ni à l'achat de ma première maison, ni à mon mariage, ni à la naissance de mes enfants. La vie m'a enlevé toutes ces belles choses que j'aurai pu partager avec mon père. Mon futur est entièrement bouleversé.

Alors oui je ressens de l'injustice. Et oui c'est compliqué pour moi d'accepter le décès de mon père. Je me demande si quelqu'un a déjà réussi à accepter ça. Comment on le peut ? Aucun esprit n'est préparé à une perte. La douleur est tellement intense que notre propre cerveau se protège avec toutes sortes de stratégies pour oublier ce qu'il s'est passé.

Alors tous les jours je me rappelle que mon père n'est plus là. J'encaisse chaque jour en me levant qu'il est mort. J'ai à la fois peur de faire un déni et de subir ses conséquences, et peur de la réalité.

Mais au fond de moi, ce qui m'aide à tenir debout et à me lever tous les matins, c'est de me dire qu'il est là près de moi. Il n'est pas là physiquement. Il est autour de moi sous n'importe qu'elle forme. De l'énergie ? Un esprit ? Un fantôme ? Un rayon de lumière ? Une brise ? Un souffle ? Un signe ? Je peux croire ce que j'ai envie de croire. Le côté mystérieux de la mort m'aide à m'imaginer ce qu'il me rassure le plus. Malgré toute cette tristesse, je sais que, pas loin, mon père veille sur moi. Il est là, sans l'être vraiment. C'est une perceptive qui m'aide à avancer dans les étapes de deuil.

J'ai la liberté de me poser sur un espoir.

Parce que rien ne vaut la vieWhere stories live. Discover now