4 - Les descriptions

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Alors, vous êtes dans un champ avec de l'herbe, des arbres au fond et une montagne au loin.

Quoi, c'est pas assez détaillé ?
OK.

Donc, vous êtes dans un champ plutôt rectangulaire, on voit que l'été touche à sa fin mais que c'est pas encore la saison du fauchage car l'herbe, d'un vert éclatant, est haute et que les graminées qui parsèment cette étendue sont quand à eux bien jaunes. On voit aussi quelques coquelicots sur la droite et à gauche un petit églantier qui a profité de l'absence de présence humaine pour étirer ses rameaux vers le ciel d'un azur profond. Au loin, alors que le champ s'arrondit à l'horizon, se dresse des peupliers reconnaissables à leur feuilles vertes sur le dessus et blanc sur le dessous. Les plus ardus y verront aussi un petit saule pourpre indiquant la présence d'eau à cet endroit.
Surplombant ce tableau bucolique se dresse une montagne fière qui prend des reflets violacés dans la lumière oblique de cette fin de journée estivale.

C'est trop maintenant ?
Vous savez pas ce que vous voulez...


Très sincèrement, je pense que les descriptions sont un peu la bête noire des écrivains en herbe, et parfois même des confirmés.
Quand les mettre en place ? Trop de détail ou pas assez ?
Elles amènent leur lot de questions et nous chiffonnent.

En mon sens, les descriptions sont un passage obligé car elles permettent de dépeindre l'univers de l'histoire, de mettre une ambiance mais aussi un temps de calme dans le récit tout en disséminant des éléments utile pour l'intrigue.
Si je vous parle d'un pré au ton de vert éclatant et aux arbres croulant sous les fruits mûrs, vous pouvez imaginer un paysage calme et serein et même y associer une saison (ici l'été grâce aux fruits mûrs). Par contre si on prend ce même pré et que je vous le décris emplit d'une herbe brunâtre rase et parsemé d'arbres morts, c'est de suite une ambiance différente.



Alors quand ?
Je pense que ça se fait au feeling, en fonction du contexte et de la situation de votre histoire. Par exemple si vos personnages principaux sont en pleine dispute, ça peut paraître maladroit voir déplacé.

Si Monsieur apprend que Madame est enceinte du facteur, on s'en fiche un peu du paysage...
Par contre si on veut faire une pause après une forte révélation (Madame attend en plus des triplés), on peut insérer une description afin de ralentir le rythme du récit, mais pour cela il faut préparer le terrain, par exemple en faisant sortir Monsieur dehors ou en le faisant regarder au travers d'une fenêtre, bref se tourner vers ce qu'on va décrire.

Attention quand même à ne pas en mettre de partout, elles doivent être utilisées pour permettre aux lecteurs de se plonger dans votre univers, de se créer une image mentale des lieux et des personnes, pas pour rallonger votre texte (XD).


Trop ou pas assez de détail ?
Là aussi c'est une question de goût. Personnellement les descriptions de trois pages d'un même paysage m'endorment (il m'arrive de les sauter) et m'empêchent même de plonger dans l'univers du livre.
Gardez à l'esprit que le lecteur doit pouvoir s'imaginer les décors et les personnages, trop de détails peuvent empêcher cette immersion alors que pas assez sera moins pénalisant.
Sachez aussi qu'on ne fait pas tous attention au même détail. Dans un paysage je fais plus attention à l'arrière plan, dans une maison à la disposition des pièces, alors que sur les personnes j'aime savoir leur couleurs de cheveux et leur style vestimentaire.
Ce sont les points auxquels « moi » je fais attention mais si j'articule mes descriptions que sur ça je vais passer à côté d'éléments qui auront de l'intérêt pour d'autre.
Peut-être vous fichez vous de la montagne majestueuse mise en valeur par le soleil couchant et que seuls les coquelicots en bordure du chemin ont de l'intérêt pour vous?  Ou alors vous vous fichez de savoir que le type s'habille de haillons tant que vous savez qu'il est brun aux yeux bleus ?

Conseils d'écriture made in Souffle du VentWhere stories live. Discover now