Le dire avec des fleurs

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Un chapitre sans relecture, encore. Désolé, je l'ai écrit sans trop réfléchir.



Antoine n'avait jamais eu un timing aussi pourri. Et il s'était fait viré au même moment que l'annonce de son divorce, c'est pour dire. Mais là se rendre compte qu'il aime sa partenaire au moment où elle se met en couple, c'est vraiment pas de chance. Surtout que ça faisait plusieurs mois qu'elle était célibataire.


Ça lui fait mal, de la savoir avec un autre. Quand elle lui a annoncé, un sourire sur le visage, qu'Hugo et elle se remettaient ensemble, il avait senti comme un coup de poing dans l'estomac. Il n'avait pas su quoi dire et s'était contenté d'un petit "super" sans entrain.


Mais maintenant qu'il se refait la scène seule sur son canapé, il se rend compte qu'il aurait voulu en dire plus. Lui dire que ça le rend triste, qu'il voudrait qu'elle sorte avec lui. Peut-être même lui dire qu'il l'aime. Mais il ne l'avait pas fait. Alors il reste assis là à ruminer, les yeux dans le vide quand son regard se pose sur les jacinthes au milieu de sa table.


Des fleurs ! Il pourrait lui envoyer un bouquet avec un mot. Pas une grande déclaration, mais juste un compliment ou quelque chose dans le genre.


Il commande un bouquet de bleuet, ses fleurs préférées, et note son petit mot. La livraison est pour demain.
Antoine n'avait jamais été autant stressé de venir au boulot. Les fleurs devaient être arrivées et Florence venait à l'OCBC cette après-midi. Il passe sa matinée à se demander s'il a bien faite, si ça va changer quelque chose. Alors quand il la voit arriver - toujours aussi belle - son cœur manque un battement. Plus elle avance vers lui, plus ses mains deviennent moites.

- Bonjour capitaine, lance-t-elle avec un grand sourire. Comment allez-vous ?
- Bien et vous ?
- Très bien merci, on se met au boulot.

Elle se dirige vers son bureau et Antoine la suit, se demandant pourquoi elle ne lui parle pas des fleurs. Es ce que ça l'as mise mal à l'aise ? Peut-être que s'il lance le sujet, elle se confiera plus facilement.

- Vous avez l'air particulièrement joyeuse, il s'est passé un truc ce matin ? Tente Antoine.
- Pour tout vous dire, oui. Hugo m'a offert des fleurs.
- Hugo ?!

C'est quoi cette embrouille, se demande le capitaine.

- Oui, ça m'a étonné aussi, c'est pas vraiment son genre mais on m'a livré des fleurs ce matin et comme il n'y avait pas de mot, j'en ai déduit que c'était de lui.

Le soir même, Florence retrouva Hugo pour un verre dans un bar à côté du Louvre. Il était déjà assis en terrasse, mais l'avait attendu pour commander. Florence aborda rapidement la question de leur relation, mais la réaction d'Hugo ne fut pas vraiment celle attendue.

- Désolé Florence, je pensais qu'on était d'accord, qu'on se voyait juste pour passer du bon temps. On s'était dit qu'on resterait amis avec juste quelques avantages en plus et ça m'allait bien. T'as envie de plus ?
- Je sais pas. Mais avec les fleurs que tu m'a envoyées, j'ai cru que toi oui.
- Des fleurs ? S'étonne Hugo, je t'ai jamais envoyé de fleurs.
- Ha bon ? Mais comme il n'y avait pas de mot, j'ai supposé que ça venait de toi.
- Et moi, je suis sûr que je t'ai rien envoyé, désolé.

Les deux ne surent pas quoi dire pendant un moment avant qu'Hugo ne reprenne en souriant.

- J'en connais une qui a un admirateur secret.
- Pff, n'importe quoi.
- Pourquoi pas ? Ça me paraît très probable.
- Et ça te dérangerait pas ? Questionne Florence.
- Pas du tout. On s'amuse juste et je savais que ça s'arrêterait quand l'un de nous rencontrerait quelqu'un. On sait déjà que notre couple fonctionne pas de tout façon. Maintenant reste plus qu'à savoir qui t'envoie des fleurs.

Hugo se mit donc à énumérer les prétendants potentiels parmi leurs clients, collègues, connaissances... Le jeu dura un moment ce qui mit Florence de bonne humeur. Ils se quittèrent souriant et de nouveau, seulement, amis.

Florence rentre chez elle avec plein de questions dans la tête : qui lui a envoyé des fleurs ? Pourquoi faire ? Et surtout, pourquoi ne pas s'être manifesté ? Le vent froid de ce soir lui mord le visage et l'empêche de réfléchir. La seule chose qui lui vient à l'esprit, c'est le visage du capitaine. Pendant quelques instants son cerveau - ou plutôt son cœur - à envie de croire que c'est lui qui lui a envoyé ces fleurs. Pourtant, elle pensait n'avoir rien ressenti quand ils se sont embrassés, alors pourquoi elle continue d'espérer.
Quand elle ouvre la porte de chez elle, le vent froid s'engouffre à l'intérieur, faisant voler les quelques papiers posés sur la table d'entrée. Florence se dépêche de rentrer chez elle. En ramassant ce que le vent a mis au sol, elle repère une petite carte avec un mot dessus : "vous êtes extraordinaire A."
Les fleurs imprimées en bas à droite confirment à l'historienne d'art que la carte était initialement avec les fleurs. Elle avait dû tomber quand le livreur lui avait tendu le bouquet. Ce petit compliment lui va droit au cœur, c'est simple et direct. Et ce A. ça ne peut être qu'Antoine. Le capitaine lui a envoyé un bouquet de ses fleurs préférées. Cette information pourtant simple, elle a du mal à l'assimiler. Est-ce qu'il exprime ses sentiments pour elle ou il voulait simplement lui faire un compliment ? Elle part se coucher machinalement, sachant pertinemment qu'elle ne dormira pas de sitôt.

Le lendemain matin Antoine voit débarquer sa partenaire, des cernes sous les yeux et un air mécontent qu'il ne connaît que trop bien : elle est en colère contre lui.

- Vous m'avez envoyer des fleurs, lui lance Florence de but en blanc.
- Quoi ? Antoine n'a rien compris à ce que vient de lui sortir sa partenaire, ou il n'a pas envie de comprendre.
- Les fleurs hier matin, elles étaient de vous. J'ai retrouvé un mot signé A, Antoine c'est vous ?

Finalement, le fleuriste avait bien fait son travail. En trois phrases, Antoine sait déjà que cette conversation ne doit pas se faire en plein milieu des bureaux de l'OCBC. Il entraîne donc Florence dans son bureau en espérant que la porte fermée atténuera leur inévitable désaccord.

- Alors ? C'est vous non ? S'empresse de reprendre Florence
- Si c'était bien moi, vous en diriez quoi ? Tente Antoine, assez timidement.
- Bah... Je ne sais pas. L'historienne de l'art ne s'attendait pas à cette question.
- ça vous dérangerait, demande Antoine en se rapprochant d'elle.
- Je sais pas, répète Florence. Non, je crois pas. Je me poserai des questions sur pourquoi vous m'avez envoyé des fleurs.
- Je vous répondrais que c'était pour vous faire passer un message.
- Celui sur le papier ?
- Oui. Et heu celui-là aussi.

Antoine s'approche un peu plus de Florence, jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent. Il attend un instant pour voir si elle s'éloigne, mais Florence ne recule pas. Au contraire, elle appuie un peu plus le baiser. Et quand enfin, ils décidèrent de se séparer, les deux ont un moment d'incompréhension avant de réaliser ce qu'il venait de se passer.

-J'aime beaucoup ce message, souris l'historienne de l'art.

Antoine n'avait jamais été aussi heureux.



Antoine et Florence - L'art du crimeWhere stories live. Discover now