passionnément,

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« Aujourd'hui, j'ai appris que c'était plus facile de t'observer  de loin que de près, que c'était plus simple de communiquer du regard de loin que de près, d'assumer mes sentiments de loin, que de près

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« Aujourd'hui, j'ai appris que c'était plus facile de t'observer de loin que de près, que c'était plus simple de communiquer du regard de loin que de près, d'assumer mes sentiments de loin, que de près. Te voir seul en face, sur ce toit, pied dans le vide, fumée s'évadant, s'échappant, dansant en compagnie du vent, m'a inspirée, m'a donnée cette envie de te dessiner parce que lorsque je n'arrive pas à parler, mes doigts le font à ma place, lorsque le moment est fort et mémorable, je dessine, je laisse mes mains s'exprimer sur un bout d'papier. Tu le sais.

Enfin tu le savais.

J'aurait voulu avoir le pouvoir de me transporter à tes côtés, et que seul le silence sois maître de la situation. Le silence ne nous a jamais gêné, au contraire il nous a très souvent apaisé, tu disais que le silence émettait un bruit, je te prenait pour un fou, mais au fond c'était vrai.
Parce que le silence parle à la place des mots, dans n'importe quelle situation, le silence parle. Et c'est le meilleur des sons, parce qu'il s'en échappe des émotions fortes, comme faibles, lorsque les mots ne suffisent plus alors le silence est roi, il peut être lourd ou au contraire reposant, dommage que je le découvre seulement quand nos souvenirs ont été effacés.

J'veut juste remonter le temps, j'veut juste être celle à qui la mémoire échappe, parce que je n'ai rien à retenir de ma sombre vie, mise à part le jour où tu y as mis un pied. »

J'écrit ces derniers mots avec fureur, avant de plier la lettre et de la mettre dans ma boîte en carton où se trouve toutes les précédentes, des centaines je dirais.

En réalité n'ai jamais compté le nombre de lettres que j'ai écrite à son égard, le nombre ne signifie rien, seul ce qui y est écrit est important, significatif.

Des fois il m'arrive de m'demander si il verra ces lettres un jour, c'est bête, mais j'espère intérieurement même si je me refuse à le penser qu'il les trouve, qui les lise et les relise pendant des heures, qu'il voit à quel point mon âme est peinée et à quel point elle le réclame.

J'ai grandit de foyers en foyers jusqu'à mes dix huit ans. Je n'ai jamais connu mon père et ma mère est morte en accouchant de moi de ce que j'ai pu apprendre et je lui voue un énorme respect, amour et ce même sans l'avoir vu.
J'aurait tellement voulu la connaître, la voir, pouvoir admirer les traits de son visage pendant des heures et la serrer dans mes bras.
Qu'elle puisse me bercer, qu'on puisse partager cette complicité, qu'elle puisse m'apprendre les choses futiles de la vie, car j'ai dû le faire seule. Toute ces choses qu'on est censé partager avec une mère, je ne les ai pas connues.

Depuis mes dix-huit ans je cherche à retrouver mon père, mes repères, mais en vain. Je n'ai aucune informations sur lui, mise à part le fait qu'il soit thaïlandais, je ne sais absolument rien, alors j'ai lâcher l'affaire, je n'ai plus cette motivation de pouvoir chercher et lui n'a sûrement pas essayer de le faire, j'ai tuer sa femme, alors comment peut-il vouloir rencontrer la cause du dècès de son âmesœur ?

J'ai finit par me faire à l'idée qu'il me voue une haine immense, autrement dit il serait venu me chercher tout ce temps. Il aurait essayer de rattraper les années perdus, les années transparentes, vides, mais il ne l'a pas fait et quelque part, ça m'fait mal, parce que j'avait besoin de lui, qu'il me soutienne et qu'il me rassure, qu'il endosse son rôle de père, qu'on puisse se serrer les coudes et avancer mutuellement sans la présence de maman.

Mais dans l'fond je ne m'en suis jamais plaint, comment je peut réclamer l'amour d'un père quand je n'en connait même pas la signification, la sensation ?

Je ne sais pas ce qu'est le véritable amour paternel, je changeais de famille et d'école comme je changeais de chaussettes, ils m'aimaient parce qu'ils le devaient, pas parce qu'ils le ressentaient.

Je n'ai jamais eu d'amis non plus, j'était comme on dirait, une enfant rêveuse, plutôt solitaire et allergique au monde et puis je n'aurait jamais eu le temp de crée un quelconque lien d'amitié.

Alors oui, quand je suis arrivée dans cette cité, il était là, pour m'épauler, alors oui je dépendait de lui, entièrement, parce qu'au fond, ce fut le seul qui me portait chaque jour un amour sincère et bien réel.
Ce fut le seul qui chercha à s'intéresser à moi, à percer le sombre mystère que j'était.

Et comme une alcoolique accro à sa bouteille de Jack, je dépendait, je suis accro à lui.




« Âmesœurs égarés »

« Âmesœurs égarés »Where stories live. Discover now