à la folie,

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- Naël

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- Naël

Les mains dans les poches, bonnet ajusté sur la tête, je marche sans savoir où j'vais réellement, mes jambes dirigent le reste de mon corp et j'les laisse me guider dans l'obscurité de la nuit.

J'ai passer la soirée avec elle, mais le cœur n'y était pas, encore une fois.
Plus le temps avance et plus j'me rend compte que j'en perd et j'veut pas lui faire de la peine, elle a l'air attachée, mais j'ai plus envie de jouer un jeu, d'me cacher derrière ce masque de gars qui vit bien sa vie, qui avance malgré les séquelles de son accident,  parce qu'au final c'est pas vrai.
Pourquoi je dois m'efforcer à faire comme si tout allait bien alors qu'à l'heure actuelle rien ne va plus ?

J'suis du-per dans l'espace-temps et ils prétendent pouvoir m'en sortir.

J'veut seulement que tout redevienne comme avant, que je puisse en un claquement de doigts, retourner dans le passé, 3 mois en arrière, et que j'change la donne. Mais j'sais bien que c'est pas possible, que la vie n'est pas aussi simple que ça, qu'elle cherche à rendre les choses plus difficiles, inaccessible, que quand t'es dans ta merde, tu dois t'débrouiller pour t'en sortir seul et putain j'me noie dans mes pensées, ma conscience, mon esprit.

En marchant j'aperçoit la lumière des lampadaires qui éclaire un banc, la fille à la capuche y est assise et mes jambes devance mes pensées, sans que j'men aperçoive, je m'approche du banc à une putain de lenteur. J'la connait pas réellement, j'appréhende, mais mon cerveau et mes membres refusent de communiquer un retour en arrière, la curiosité et l'envie de savoir qui s'cache derrière cette meuf mystérieuse m'attire d'autant plus en sa direction, alors j'avance vers ce banc.

Je m'assoit doucement pour pas la brusquer ou la faire peur, et à l'instant où je m'y pose, des flashbacks, des rires, des cris, raisonnent dans ma tête, tout défile, tout est flou.

Le choque est brusque.

C'est la première fois que j'ai un semblant d'souvenirs depuis que je suis du coma. Des parties, des bouts d'mémoires commencent peu à peu à s'recoller et mon crâne laisse place désormais à la douleur.

Il m'faut un joint au plus vite, j'tâte alors mes poches, j'en trouve un dernier par chance mais pas d'briquet putain.

Je souffle et voit une main apparaître dans mon champ d'vision où y est posée un briquet en argent. J'fronce légèrement les sourcils et comprend que cette main appartient à la meuf assise à mes côtés, elle n'a même pas quitter du regard le parc vide qui s'trouve en face de nous, où tantôt les cris d'amusement des enfants résonnaient.

J'lui prend son briquet en lui lâchant un bref « cimer » et directement la sensation de la fumée grise emprisonnant mes poumons et mon veau-cer m'apaisent. Une, deux, trois taffes tirées et j'reporte mon attention sur elle, qui à ma plus grande surprise, ne s'est pas levée.

 

OMNISCIENT

Voilà que nos deux âmesœurs égarés se retrouvent ici sur banc, le banc en face du parc, ce banc qui racontant toute une histoire.

Ce banc ayant été témoin de la naissance de leur sentiments, de leur rires, de pleurs, comme de colère mais surtout de leur amour.
Ce banc ayant tremblé sous les excès de nervosité de notre jeune Naël, ce banc ayant goûté aux perles salées de notre belle Indya, ce banc sacrée qui est leur marque, leurs empreintes, leur souvenirs signifiant un amour mutuelle et passionné, des souvenirs qui ne s'effaceront jamais.
Deux âmes perdus ne sachant véritablement pas où est leur place, ne sachant pas qu'elle se trouve en réalité à cet endroit, ici, ensemble.

- Naël

Sous la fraîche brise de la nuit, je réchauffe mes mains devenues glaciales, grâce à la chaleur provenant de mon souffle. Aucun d'nous veut prendre la parole et quelque part j'aime cette sensation d'réconfort, de silence, mais j'veut en savoir plus sur elle, son identité, des questions fusent sur ce personnage.

« - T'sais que fumer chez une meuf c'est sale.
- Qu'est ce qui te fait dire que j'fume ? répond-elle du tac au tac.
- Je t'ai vu, plusieurs fois, sur ce banc.
- Tu m'observes ? balance-t-elle d'une voix monotone.
- T'affoles pas la miss, t'es toujours au même endroit, avec ta capuche sur la tête, tu penses être discrète en réalité on peut pas passer dans la cité sans t'apercevoir et sans remarquer qu'tu vas mal, que t'es seule.
Sans tourner le regard en ma direction, elle enchaîne :
- Et toi tu penses tout savoir mais en réalité tu n'sais rien, toi et tout les autres, alors arrête de vouloir tout décrypter. Je haie ce genre de personnes qui pense pouvoir lire en toi, parce que c'est faux, tu veux seulement voir c'que t'a envie d'voir », dit-elle cette fois d'une voix pleine d'assurance.

Et à c'moment là, je comprend que ce n'est que lorsque la nuit tombe, que lorsque que l'obscurité prend place qu'elle se sent le mieux, qu'elle a de l'assurance, et au fond j'aime bien, parler avec elle j'veut dire, j'aime le fait qu'elle puisse se dévoiler un peu plus durant la nuit.
Comme si le fait que j'la voit pas, lui donnait d'la ce-for, comme si l'obscurité lui permettait de s'exprimer, parce qu'autrement dit le jour je ne l'ai jamais entendu parler.

J'échappe un rire nerveux, ne sachant pas quoi répondre, j'peut pas riposter parce qu'elle a raison au fond. Beaucoup pense nous connaître à travers un physique, une image, un sourire, mais rien de ce qu'on dégage est la vérité. La vérité elle est en nous et seul nous, la connaissons.

- Alors t'es qui en réalité ? Dis moi pourquoi j'me souviens pas d'toi ?
- Peut-être parce qu'au final je n'ai jamais existée.
- Tu t'rends compte que c'est illogique c'que tu jactes ?
- Bien au contraire, c'est véridique », termine t-elle sur un ton dur.

Et elle se lève sans rien ajouter, mains dans les poches, et bizarrement elle laisse un vide.
Sa présence aussi courte qu'elle a été m'a fait oublier à quel point j'me sentait mal et même ma sois-disante meuf n'a pas réussi à combler ce gouffre en moi. Aussi inconnue et mystérieuse qu'elle est, il lui a fallut seulement dix minutes, ou moins j'sais pas, j'sais plus, pour m'détourner d'ces pensées qui m'tracassent.

J'la regarde s'engouffrer dans la nuit en direction d'son bloc, et j'me rend compte que son briquet est toujours dans ma main.

Elle ne m'a pas regarder une seule fois.

J'lui reparlerais, pensait-je avant d'me lever à mon tour.



« Âmesœurs égarés »

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