18 : PROMESSE

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LA SOIRÉE DE Rory débuta par les vibrations de son téléphone

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LA SOIRÉE DE Rory débuta par les vibrations de son téléphone.

DE : ARTY(chaut) ; À : RED KING

« désolé, je vais pas pouvoir venir ce soir. Je suis vraiment désolé de prévenir si tard, mais j'ai croisé Cassie... » (19:25 PM)

Quand ses yeux tombèrent sur le message que renvoyait l'écran de son téléphone portable, l'index et le pouce de sa main gauche vinrent violemment tordre les articulations de sa main droite. Une montagne de crêpes fumantes, à l'épaisseur onctueuse et aux odeurs sucrées refroidissait dans une assiette sur la table basse de son appartement. Il entreprenait de remplir un bol en céramique de chantilly quand sa sonnerie avait gazouillé.

DE : RED KING ; À : ARTY(chaut)

« Cassiopée Millet ? LA Cassiopée ? » (19:27 PM)

Si tel était le cas et malgré la déception qu'il éprouvait à l'idée de passer la soirée seul, Rory ne pourrait décemment pas reprocher l'absence de son ami s'il en était arrivé à croiser le chemin Cassiopée.

DE : ARTY(chaut) ; À : RED KING

« je te vois venir et sache que je t'emmerde » (19:31 PM)

L'ombre d'un sourire moqueur vint s'étendre sur les lèvres de Rory. Arthur n'avait que le prénom de cette fille sur le bord des lèvres, et ce depuis plusieurs semaines.

DE : RED KING ; À : ARTY(chaut)

« t'inquiète pas, je te garde quelques crêpes » (19:37 PM)

DE : ARTY(chaut) ; À : RED KING

« Et une ovation pour le Roi ! » (19:39 PM)

Rory rit puis attendit que l'écran de son téléphone s'assombrisse pour cligner des yeux et soupirer. Il s'empara à contrecœur d'une crêpe qu'il trempa dans la chantilly avant de la porter à sa bouche. La suavité des saveurs explosèrent sur sa langue et emplirent ses pupilles d'un profond sentiment de satisfaction tandis que ses doigts saisissaient la télécommande pour allumer la télévision.

Depuis les révélations d'Aristote, Rory redoutait par-dessus les moments où il se retrouvait sans compagnie, acculé à la frontière de pensées qu'il devinait sombres. Il était complètement perdu, déchiré par les options qui défilaient derrière le rideau invisible de ses yeux d'un bleu céruléen. Confronté à des choix qui lui serraient le cœur ou lui chauffaient les joues.

Rongé par l'indécision, l'esprit parasité par l'image d'une boîte en carton, d'un arc-en-ciel et d'un papillon tristement lugubre. Des picotements envahissaient l'extrémité de ses doigts lorsqu'il repensait aux photos accrochées dans le garage, à l'épaisseur du papier scintillant. Mais plus que tout, c'étaient les mots rédigés par Aristote qui hantaient ses journées.

Son encre l'accusait plus durement que ne l'aurait certainement fait sa voix et la rancœur qu'elle épongeait semblait ruisseler sur le papier pour mieux lui entailler le cœur. Rory n'était pas seulement empathique, il était avant tout doté d'une fragilité qui d'abord lui avait fait honte. Puis que Samuel avait transformé en force. Si Rory était l'excuse qu'il utilisait pour justifier les rares sourires éclatants qu'il ne réussissait à réprimer, Samuel l'insufflait quant à lui d'une assurance qu'il n'avait jamais su acquérir seul.

Ils se complétaient et pourtant tailladaient leur amour de reproches et gestes cinglants qui les ramenaient à une époque que tous les deux préféraient oublier. Et le dénominateur commun à l'ensemble de leurs emmerdes s'avérait être une seule et même personne : Aristote. Un fantôme du passé qui subitement se décidait à réapparaître pour encore davantage bousculer leur vie. Pour rafraîchir leur mémoire déjà saturé d'événements qu'ils oublieraient volontiers.

La sonnerie du portable de Rory se fit entendre et il prit machinalement l'engin entre ses doigts pour le déverrouiller. Le jeune homme faillit s'étrangler avec le boudoir qu'il mâchait en découvrant l'expéditeur du message qu'il venait de recevoir et ses doigts s'immobilisèrent au-dessus de l'écran en tremblant. En déglutissant péniblement, Rory finit par trouver le courage d'ouvrir le message. Le son de la télévision ne parvenait plus à se frayer un chemin jusqu'à ses tympans. Il était complètement hermétique à l'environnement extérieur.

DE : Samuhell ; À : RED KING

« je vais mettre fin à tout ça » (20:12 PM)

Le cœur de Rory se gonfla d'un espoir qui l'emplit d'une énergie salvatrice ; comme si son organisme s'éveillait, que ses sens s'affûtaient et que le soulagement finissait par enfin le toucher du bout des doigts pour l'honorer de son apaisement.

Puis il se souvint des mensonges prononcés dans le creux des bras et dans la tendresse d'un regard. Il se souvint du goût amère de la déception, des épines acérées de la colère et de l'étau glacé d'une souffrance qu'il n'était plus certain d'être prêt à endurer.

Et Rory se surprit – finalement, tristement – à ne plus espérer tant que ça.

DARK KINGWhere stories live. Discover now