Bonus Track 02

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Ils sont attablés chacun d'un côté du comptoir de la cuisine. Pain de mie, œuf au plat et fruits au sirop. Un vrai festin ! La nuit est encore propriétaire du temps. Ils sont éclairés chichement par une petite lampe posée sur le bord du comptoir. Rien d'autre n'existe autour. Ils sont dans une bulle.

La douche a été aussi crapuleuse qu'espérée. Le silence est lourd de sous-entendus. À croire qu'ils ont du mal à se rassasier l'un de l'autre. Irène doit reconnaitre que question sexe, elle n'avait jamais rien connu d'aussi satisfaisant.

Quant à lui, elle se pose la question. Il ne s'économise pas pour qu'elle ait autant de plaisir que lui semble en avoir. Mais vu le nombre de nanas qu'il s'est tapé avant elle, il doit avoir une échelle de comparaison extrêmement fine et exigeante. Elle ne comprend pas l'attraction qu'elle provoque chez lui. Elle l'accepte cependant. Ça c'est sûr ! Elle se demande juste combien de temps cela va durer. Est-ce que lundi sera le dernier jour de cette idylle un peu étrange ? Sera-t-il rassasié d'elle rapidement ?

« Tu comptes garder le silence jusqu'à ce que mort s'en suive » signe-t-il en souriant.

« On ne meurt pas de garder le silence »

« C'est vrai... Qu'est-ce qui te tracasse ? »

« Je commence par où ? Durée de cette aventure ? Toi et moi au boulot ? Toi et moi ? Toi ? Toi ? Toi ? » signe-t-elle en finissant pas lever les bras au ciel de désespoir.

« Déjà ? Dimanche vient à peine de commencer... Je ne dois pas être aussi bon que je le pensais, pour que tu penses déjà à notre séparation ou aux emmerdes que notre couple va créer... »

« J'aime anticiper le malheur... »

« Idée stupide ! Et si tu te laissais porter ? »

« Ça ne m'a pas réussi la dernière fois. »

« Cet abruti va payer sa trahison ! Mais nous deux, ça n'a rien à voir ! Tu en es consciente ? »

« Rien à voir ? »

« Nous, c'est plus fort ! C'est meilleur à tous les points de vue ! Indestructible ! »

Irène fixe Salvatore avec de grand yeux de chaton terrorisé, alors qu'il mange tranquillement son œuf au plat.

« Qu'est-ce que tu viens de dire, là ? »

Salvatore pose ses couverts calmement, se lève et fait le tour du comptoir pour venir se mettre face à elle. Puis il signe :

« Toi et moi, ça va durer. Ça va durer plus longtemps que tu ne sembles l'imaginer. »

« J'ai un doute. »

« Pas moi. Plus maintenant. Enfin me concernant. »

« Comment ça, te concernant ? »

« Je t'aime », signe-t-il avant de l'embrasser en l'enlaçant avec force.

— Je t'aime, lui répète-t-il ensuite à l'oreille en murmurant. J'ai mis suffisamment de temps à le comprendre, il me semble. J'ai même failli te perdre. À présent, je ne ferai plus l'idiot. Je suis à toi, Irène. La seule question qui subsiste, te concerne. Tu es une sacrée croqueuse d'hommes, manifestement ! Mais je tente ma chance, tu vois. Je prends le risque de me ramasser un râteau monumental. Sans doute le premier. Parce que pour toi, je suis peut-être seulement un coup d'un soir...

— D'un soir. D'une nuit et de toutes les suivantes... espèce d'idiot ! murmure à son tour Irène en se lovant entre les bras de cet homme au corps parfait qui a décidé de l'aimer. Son cœur est un cheval sauvage. Elle pourrait aussi bien danser sur la table. Elle se retient, elle aime bien trop être dans la chaleur et l'odeur de Salvatore Conti, son petit-ami. Son petit-ami. Elle pourrait le répéter à l'envie. Elle sourit.

Ils s'embrassent de nouveau, s'enlacent. Leurs mains ne se cherchent pas longtemps et se caressent aussitôt. Ils s'entrainent l'un l'autre vers le canapé. Ils finissent par s'y laisser tomber pour de nouveau faire l'amour et jouir l'un de l'autre.


Lundi sera là bien assez tôt, avec son lot de questions sans réponses et de problèmes insolubles. Lundi, elle pensera à Louisa à qui elle a posé un lapin. Le premier en un siècle d'amitié ! Mais parfois, il a des évènements qui imposent l'égoïsme..


Louisa sait cela. Elle ne s'inquiète plus. Enfin, plus depuis que Giorgia la sœur de Conti lui a envoyé un message agrémenté d'une photo d'elle avec un air radieux faisant le « v » de la victoire avec ses doigts. Message que Louisa a montré à son propre amoureux, le professeur Luc Mandel, de dix ans son ainé, qui, même s'il a très envie de connaitre Irène Manoukian, s'est réjoui d'avoir sa douce et fabuleuse pour lui tout seul tout un week-end.

Irène restera mystérieuse jusqu'au prochain rendez-vous... Il ne s'inquiète pas. Découvrir cette étrange et fantasque amie viendra en temps et en heure, parce que Louisa sans Irène et Irène sans Louisa, ça n'a pas lieu d'exister. Il l'a bien compris. Il saura s'adapter. Et il sait déjà que ce fameux « Conti » est prêt à faire de même. L'avenir s'annonce donc plein de belles surprises et de nouvelles aventures.

Fenêtre avec vueWhere stories live. Discover now