Les Fixateurs du Temps Tome 1 nouvelle version

Chapitre 5: Le DON

— Bon maintenant, parlons de la lignée des guéris-seuses. Ombria tu es née avec le don en toi, comme la plupart des filles de notre famille, mais je l'ai bloqué à ta naissance, on va s'occuper de le déverrouiller, si tu es d'accord.

— Dis-moi maman, tu crois que c'est pour ça que j'ai choisi d'être médecin, inconsciemment, je veux dire ?

— Oui, c'est même certain. Toutes les femmes de notre famille ont toujours eu des métiers en rapport avec le soin. Certaines ont dû se cacher pendant l'inquisition pour éviter la persécution, mais elles ont toutes soigné. C'est aussi pour ça que mon premier métier a été infirmière, quand j'étais plus jeune ; cela était une évidence dès mon adolescence pour moi d'aider et de soulager les gens qui souffraient. Tu verras que ton don se développera au fil des ans et plus tu pratiqueras, plus cela sera facile.

— Raconte-m'en un peu plus maman, je suis curieuse d'en apprendre davantage, s'il te plaît, la pria sa fille.

— En fait, notre famille, de mon côté, a toujours eu des guérisseuses, c'est inné et transmis de mère en fille. Depuis le plus loin que nos archives le permettent, on trouve des guérisseuses dans notre famille. Avant, elles soignaient comme elles pouvaient les pauvres gens, en se cachant de l'inquisition, histoire de ne pas finir sur le bûcher, si tu vois ce que je veux dire.

— Mais il n'y avait que des filles ? demanda Ombria.

— Alors, avant oui, ils étaient assez machos, « soigner » c'était un truc de « bonne femme », tu vois ! On ne testait jamais les garçons qui naissaient, expliqua Cornélia en riant. Heureusement, cela a évolué, et nous avons aussi des soigneurs hommes, désormais.

Les garçons n'ont plus peur, ni honte de montrer leur don, et il en est de même concernant les Fixateurs, il y a autant de femmes courageuses et douées pour botter le cul des Détracteurs ; d'ailleurs tatie Flora est devenue une redoutable chasseuse de Détracteurs.

— Tatie Flora, vraiment, s'exclama Théo.

— Ça t'étonne ? Moi, pas du tout elle a toujours été une « Badass », renchérit Ombria. Mais du coup, tous ces changements et évolutions, ça n'a pas dû être facile à obtenir et mettre en place ?

— Effectivement ! Les siècles ont passé et les Protec-teurs nous ont aidées à prouver nos capacités de combattantes et qu'il ne fallait pas juste nous cantonner aux tâches de soins. En fait, c'est même ton arrière-arrière-grand-mère Magdalena, qui était aussi sauvage que rebelle, qui s'est frottée avec les hommes des Clans pour gagner sa place de guerrière. Le don de soin était quasi inexistant chez elle, elle avait tendance à ramasser n'importe quelle baie pour en faire une décoction et ça se terminait souvent en indigestion pour les malheureux malades. Par contre, elle était douée pour coller une raclée au premier imbécile qui l'approchait de trop près. Elle a tellement harcelé les hommes qu'ils ont finis par l'emmener à la chasse, pensant la dégoûter et l'effrayer en tuant un sanglier ! Non seulement elle n'a pas eu peur, mais elle a abattu deux sangliers avec son poignard, les a dépecés et ramenés au camp. Il faut dire qu'elle était très vive et très rapide, ils ont dû convenir qu'elle savait se battre, et finirent par lui accorder une audience devant les Protecteurs et les Clans de Fixateurs. Elle défendit fièrement la place des femmes demandant qu'on leur accorde le choix de devenir aussi bien Guérisseuse que Fixatrice ou les deux ! Les Protecteurs étaient entièrement d'accord avec elle, ils avaient juste attendu que l'humanité évolue un peu avec les mentalités pour soutenir une telle requête. Devant de telles démonstrations, les Clans durent s'incliner.

Magdalena devint ainsi la première Fixatrice, et crois-moi, elle était aussi belle que féroce. Tu verras sa photo dans les archives et tu comprendras quand je te dis qu'elle avait le feu intérieur ! Afin de laisser le choix aux jeunes, il a donc été décidé de bloquer leur don de soin très tôt, à la naissance. On peut détecter de suite ceux qui l'ont ou pas. Mais c'était aussi une question de sécurité pour tous les nouveau-nés. On préférait qu'ils profitent pleinement de leur enfance.