Chap. 8

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Opaline se fige, réalise qu'en effet, elle le vouvoie depuis le début, sans même s'en être rendu compte et alors même qu'elle a tutoyé Adam plus tôt.
Elle pourrait tenter de se défendre en affirmant que c'était par simple politesse face à un inconnu mais ils savent l'un comme l'autre que c'est faux. Elle l'a vouvoyé car immédiatement considère malgré elle comme un Dominant et elle lui a donc accordé la forme de respect qu'il mérite à ce titre.

S l'observe quelques instants avant de poursuivre:

-Tu es ici. Tu n'es plus en relation Ds. Tu as devant toi trois semaines de vacances et aucune obligation particulière. Tu es libres de partir. Mais tu es intriguée.

Il n'avait dit que des vérités, encore une fois elle ne pouvait le nier.
Adam lui a donc raconté son planning, d'où ce kidnapping organisé qui tombait si parfaitement... Qu'a t'il raconté d'autre à son sujet? Plus elle y réfléchit, plus elle se dit qu'elle aurait du le gifler avant de le laisser partir.
Elle a été blessée par ce qu'il a fait, déstabilisée, en colère, apeurée, angoissée... Mais malgré tout, il connaissait bien ses fantasmes meme s'il n'en était pas à la hauteur, et au plus profond d'elle même tout ceci n'a cessé de l'exciter. Etre kidnappée, être dans l'inconnu le plus total, attachée, agenouillée, déshumanisée...
Ce S est ce genre d'homme a ne pas être strictement beau, mais à dégager quelque chose d'irrépressible et grisant. De plus, plus elle l'observe, plus son instinct lui chuchote qu'il n'a ni l'air d'être un malade mental, ni même un pervers narcissique.

-Je suis intriguée c'est vrai.

Elle s'approche d'un pas, serrant toujours son manteau autour d'elle, et continue:

-Quelle est votre proposition? Puisque vous en avez bien une n'est-ce pas? Sinon je ne serais pas ici...

S sourit. Ni avec perversité, ni avec moquerie. Un sourire simple, comme satisfait de constater qu'elle n'est pas idiote.
Il va tranquillement s'assoir dans un fauteuil et croise les jambes en posant ses bras sur les accoudoirs en cuir.

-Tu as trois semaines devant toi. Donne-les moi.

Opaline pousse un petit ricanement:

-Pourquoi ferais-je une telle chose?
-Parce que tu en aurais envie. Parce que tu recherches ce genre de relation. Parce que je ne suis pas Adam.

La jeune femme réfléchit un moment, sans le lâcher du regard, puis finit par rétorquer:

-Même en admettant que je puisse avoir envie d'un truc pareil, je ne peux pas vous accorder trois semaines de ma vie alors que je ne vous connais absolument pas. Vous êtes peut-être dangereux, ou simplement à l'opposé total de mes principes en Bdsm.
-Tu as raison, tu ne me connais pas. C'est pour ça que je t'écoute.
-Quoi?
-Tes questions. Pose-les. Sur ce que tu veux. J'y répondrai le plus justement que je puisse.

Elle ne s'attendait pas à ça. A-t-il l'intention de se livrer si facilement à elle, ou bien est-ce une ruse? Elle ne voit qu'un seul moyen de le savoir:

-Vous connaissez mon prénom, mais moi pas le vôtre. C'est injuste.
-Je m'appelle Swann.

Swann. Un cygne.
Opaline sourit et croise les bras devant elle, avec son regard provocateur qui lui sied si bien.

-Plutôt cygne blanc ou cygne noir?

Il lui répond du même petit rictus qu'elle:

-Cela dépend de l'attitude de ma soumise. Mais toi, lequel préfèrerais-tu voir?

Elle ne répond pas, et enchaîne avec une seconde question:

-Quel âge avez-vous?
-Trente-et-un. Toi vingt-six n'est ce pas?

Elle hoche la tête.
Adam avait vingt-huit ans, et elle n'a jamais couché avec un homme trentenaire. Mais vu ses prétendantes relations, et comment cela a pris fin avec Adam, rien ne coûte de voir ce que cela donnerait...

-Combien de soumises avez-vous eu?
-Les vraies relations Ds établies, ou également les expériences BDSM sans plus d'importance?
-Les deux...
-Quatre soumises. Une trentaine d'expériences j'imagine, je n'ai pas compté. C'était surtout au début, lorsque je découvrais ce monde. Désormais cela ne m'intéresse plus. Fouetter un corps est une chose, fouetter un corps qui m'appartient est une sensation bien différente, et une fois qu'on y a gouté, y renoncer est difficile.
-Je comprends...

De son regard, il lui fait comprendre qu'il attend qu'elle poursuive.

-Et bien... nous ne sommes pas dans le même rôle bien-sûr. Mais je comprends cette idée de possession, de vivre ça dans une relation. C'est complètement différent que de simples séances* avec des personnes sans réelle complicité et attachement. Ce n'est même pas comparable à mes yeux...

Il hoche lentement la tête, l'air pensif.

-...Oui. En effet.

Coeur de brat Onde as histórias ganham vida. Descobre agora