Coeur de brat

Chap. 28

Opaline est incapable de lire une ligne de ce foutu bouquin. Elle tourne en rond dans la pièce qui lui sert de chambre, ruminant encore et encore leur conversation.
Elle a tout tenté. La séduction, la patience, la douceur, le rentre-dedans, la provocation. Mais rien. Rien ne le fait céder. Rien ne lui donne envie d'elle. Et la jeune femme a beau être têtue et aimer avoir ce qu'elle souhaite, elle n'a pas non plus l'intention de forcer un homme qui n'a pas envie d'elle. Sa courte présence dans cette maison depuis son arrivée a su être agréable, mais elle veut plus et lui non. Alors elle ne voit pas pourquoi elle resterait ici davantage.
Après mûre réflexion, sa décision elle prise: elle va partir. Le soucis est qu'elle n'a pas vraiment envie de l'en informer de vive voix, mais qu'elle doit récupérer ses affaires, et surtout ses vêtements.
Il a dit qu'il avait du travail et lui a ordonné de ne pas le déranger, et elle sera plus obéissante que jamais puisqu'elle sera partie avant même qu'il s'en rende compte. Elle ne s'estime pas cruelle: elle lui laissera un petit mot pour l'avertir, évitant ainsi toute confrontation et toute inquiétude de sa disparition.

Lorsqu'il est sorti de la cuisine elle l'a discrètement suivi pour savoir dans quelle pièce où il allait et s'est au sous-sol qu'il est désormais. La seule pièce qu'il ne lui avait pas fait visiter. Elle se demande bien ce qu'il cache là-bas, mais tant pis, elle n'aura jamais la réponse.

Dans ses sous-vêtements toujours si sexy et sur la pointe de pieds elle sort de sa chambre et avance dans le couloir jusqu'à la première porte. C'est une salle de bain, et comme elle s'y attendait ses affaires ne semblent vraiment pas y être. Elle fouille ainsi les différentes pièces de l'étage, mais ne trouve rien. A-t'il tout gardé avec lui à la cave. Ça serait tout à fait possible mais vraiment pas de chance. Ou alors la cachette est ici mais si bonne qu'elle n'a aucune chance de mettre la main dessus.
Finalement elle arrive dans la cuisine: inutile de regarder, elle connaît les placards partout. Le salon n'est pas très meublé. Et finalement l'entrée. Cette pièce où elle avait été mise à genoux par Adam. En y pensant, elle sent un pincement de colère et de tristesse dans son coeur. Cette trahison a été si simple. Il s'est débarrassée d'elle comme on se débarrasse d'un chien sur le bord de la route des vacances. Et pire que tout: il l'a donnée à un mec asexuel. Le comble. Vraiment. Si c'était pour la punir de toutes ses attitudes brat qu'elle lui a fait subir durant leurs quatre mois de relations et bien c'est réussi.

Elle pose un genoux au sol et regarde machinalement dans le buffet de l'entrée et à sa grande surprise tout est là. Son sac, son téléphone, son portefeuille et les quelques affaires que lui avait préparé Adam sans lui dire à leur départ. Elle prend son téléphone, l'allume. Il y a encore suffisamment de batterie et même du réseau. Un souffle de soulagement la traverse. Sans attendre elle commande un taxi. Il devrait être là dans une quarantaine de minutes. Évidemment loin de tout comme ça, elle devait s'y attendre...

Soudain, elle entend la porte de la cave.
Son cœur manque un battement. Elle balance toutes ses affaires dans le meuble et en referme les portes avant de s'en éloigner le plus vite possible pour ne pas paraître suspecte.
Elle va a sa rencontre, ne pouvant plus remonter à l'étage sans être vue.
Il l'observe, un sourcil dressé.

-Qu'est-ce que tu fais là?

Elle hausse les épaules, voulant paraître innocente, mais elle sent son cœur battre à tout rompre:

-Je voulais voir ce que vous faisiez. Je m'ennuyais.
-Je t'ai dit de ne pas me déranger.
-C'est pour ça que j'attendais ici.
-Hum... je vois. Et ta lecture?
-Je n'ai pas fini.
-Alors tu n'as aucune raison de t'ennuyer. Remonte.
-Oui tout de suite.

Elle s'apprête à obéir mais finalement il l'arrête:

-Attends.
-...Oui?

Il fronce les sourcils, la toise, prend son menton entre ses doigts et scrute ses yeux.

-Tu es trop sage. Ça me parait bien étrange.

Elle lève les yeux au ciel:

-De toute façon si je ne suis pas sage ça ne va pas et si je suis sage ça ne va pas. Faudrait savoir.

Swann semble la reconnaître de nouveau eu pousse un petit rire. Il lui donne une petite claque sur les fesses:

-Allez. Va lire.

Elle s'exécute, et referme la porte derrière elle. Elle y plaque son oreille et écoute les pas de l'homme. Elle l'entend aller dans la cuisine et de l'eau couler. Sans doute se sert-il un verre d'eau. En tout cas, elle a eu chaud. Elle doit maintenant prier pour qu'il retourne vite travailler en bas et qu'elle puisse partir pour l'arrivée de son taxi.