Chapitre Un

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La vie est belle, c'est ce qu'on entend dans les paroles des chansons, c'est ce qu'on lit dans les magazines, c'est ce que les gens n'arrêtent pas de dire encore et encore pour réconforter les autres mais est-ce la vérité ? La vie vaut-elle vraiment le coup ?

Je ne pense pas.

Je ne crois pas.

Je lui avais donné toute ma confiance, je la considérais comme ma sœur, celle pour qui je pouvais tout lâcher, celle à qui je pouvais tout donner, celle à qui je disais tout et qui me disait tout, enfin, je croyais. Je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie. C'était comme si mon monde s'écroulait.

Je venais enfin de comprendre ce que ça voulait dire.

Assise à même le sol, près de mon lit, avec nos photos dans les mains, je suis en sanglots. Je n'arrête pas de pleurer, je pleure pour lui et pour elle. Lui, l'homme à qui j'ai tout donné, mon cœur, mon corps, mon temps, mon argent, ma vie, tout ce qui était possible et j'aurai même pu lui donner l'impossible, enfin, j'aurai essayé.

On était censé construire la maison de nos rêves, se marier, avoir des enfants et ensemble ouvrir ce restaurant dont on rêvait tellement. Malheureusement, ce n'était qu'un rêve, un misérable rêve qui ne deviendra jamais réalité.

Le soi-disant homme de ma vie, à qui j'ai tout dédié, me trompait avec ma meilleure amie, ma sœur, ma confidente, celle en qui j'avais mis toute ma confiance. Pendant près d'un an, ils se voyaient en cachette, derrière mon dos. Quand je n'étais pas là, elle dormait dans mon lit, ce lit juste à côté de moi, avec lui comme hier soir quand je les attrapé en flagrant délit, en pleine action. Du dégoût, c'est tout ce que j'ai ressenti, et c'est tout ce que je ressens.

Je revis la scène, moi devant la porte et eux dans le lit à moitié nue. Je revois leurs regards. Celui de Lucas était remplis de surprise, beaucoup de surprise mais pas une once de culpabilité. Quant à Hélène son regard était celui d'un plaisir gâché par son idiote d'amie qui avait fait éruption en bon milieu.

Idiote, je le suis.

Avec beaucoup de peine, je m'efforce à me lever, les photos en main et je me dirige lentement jusqu'à la cuisine. Cette cuisine où on a passé tellement de temps lui et moi, entrain de cuisiner ou juste collé l'un à l'autre.
Je repose mes bras sur le plan de travail et explose à nouveau, merde c'est dure.

Je repense à la journée qu'on avait passé ensemble à cuisiner notre ndolè gambas*. Il adorait tellement ce plat et j'adorais tellement le cuisiner pour lui. D'ailleurs, ces dernières années je vivais carrément pour lui. Je sais que c'était stupide, on était même pas marié mais je l'aimais, je l'aime encore. Elle aussi je l'aimais mais toute cette amour s'est transformé en colère, une horrible colère qui me brûle de l'intérieur.

Je relève difficilement la tête et tombe sur les photos collées sur la porte du frigo. Des photos de moi et de ma soi-disante meilleure amie. Je les retirent sans réfléchir et les joins aux autres. Sans aucune retenue, j'allume ma cuisinière et je jette les photos dans les flammes. Je les observe se transformer en cendres sans le moindre remords.

* plat très apprécié au Cameroun, originaire de la région du Littoral.

                              

Juste pour ce soirWhere stories live. Discover now