Chapitre Quatre

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20h08

Je suis en retard de huit minutes. C'est assez pour paraître rebelle, non ?

Je suis pétrifiée, j'ai les mains moites et une respiration qui est tout sauf stable. Je viens de descendre d'un taxi et je n'arrive juste pas à traverser les portes du lounge.

J'ai peur, très peur.

Devant la vitre du lounge, j'observe mon reflet. J'aime bien la femme que je vois. Elle porte une élégante robe marronne sans manche à col v, près du corps. J'hésitais entre m'habiller de façon ordinaire pour lui montrer que je n'en ai plus rien à faire de lui et me mettre sur mon trente-et-un pour lui montrer ce qu'il a raté. Malheureusement, ce soir je n'avais juste pas la force pour un affront, au contraire, je voulais baisser les armes.

Quelques secondes plus tard, j'entre enfin et le trouve déjà assis autour d'une table de deux places avec un verre de whisky devant lui.

C'est l'un des lounges les plus chics de la ville. La décoration cosy rendait en le lieu tres chaleureux et en même temps très raffiné. Les luminaires pendants rendait l'endroit encore plus beau et le carrelage noire du sol donnait du caractère à cet espace. C'était l'endroit rêvé pour passer un bon moment entre amis mais je ne pense pas que c'est le lieu idéal pour discuter d'une affaire aussi sérieuse vu la tension entre nous mais bon bref...

Le revoir me coupe le souffle. Il est toujours aussi beau que dans mes souvenirs et ça m'énerve. Celle qui rate quelque chose c'est moi, on dirait.

Je m'approche lentement jusqu'à ce qu'il me voie et se lève aussitôt.

— Alors comme ça tu connais le respect, soufflé-je.

— Bonsoir, Mel, commence-t-il.

— Ne m'appelle plus comme ça, lâché-je avant de prendre place.

Il fait pareil et se retrouve face à moi. J'évite son regard les premières secondes mais trouve finalement la force de le regarder droit dans le yeux.

— Tu voulais qu'on parle ?

— Oui, en fait je pense que ce procès est une très mauvaise idée.

Je ricane et lève les yeux, pas du tout surprise.

— Comme par hasard.

— Écoute, je suis vraiment désolée pour la façon dont les choses se sont terminées entre nous mais me traîner en justice n'est pas la solution.

— Tu ne m'as pas laissé le choix ! Tu veux me retirer mon restaurant et garder tout l'argent que j'ai passé des années à épargner !

Notre restaurant ! L'argent qu'on a épargné. Tu n'étais pas seule.

— Tu n'as jamais travaillé dans ce restaurant en deux ans plus que je ne l'ai fait en deux jours. Tu n'as rien fait, tu ne t'y es pas dédié corps et âme comme moi !

— Okay, d'accord, je te l'accorde mais cette affaire est autant la tienne que la mienne. Je te préviens, devant le juge je serai sans pitié !

— Moi aussi !

Il fallait que j'ai du répondant. J'avais besoin de lui tenir tête. À cet instant, je ne pouvais pas lui avouer que j'avais retiré ma plainte et bizarrement je regrettais déjà de l'avoir fait.

— Tu sais pourquoi je t'ai trompé avec ta meilleure amie ?

Pas ça.

— Parcequ'elle a quelque chose que tu n'auras jamais, le courage !

Je suis au bord des larmes mais je les retiens de toutes mes forces, hors de question que je flanche.

— Elle a eu le courage de sortir avec moi, elle a eu le courage de coucher avec moi dans ton lit alors que toi, qu'est-ce que tu as ? Tu es une froussarde, une poule mouillée qui se cache derrière ses avocats. Tu es pathétique !

— Ça suffit ! En frappant la table, je ne vais pas te laisser m'insulter.

— Je ne dis que la vérité. Je sais que tu le sais mais il faut que je te le dise, je ne t'ai jamais aimé. J'étais avec toi par intérêt, rien de plus. Et laisse moi te dire, ce restaurant, je vais le récupérer ainsi que tout l'argent qui va avec.

— C'est ce qu'on va voir, et je fonds en larmes.

Tout ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu'il me voie comme ça. Je voulais être forte mais je n'ai pas pu.

Je me déteste.

J'attrape un mouchoir en papier et essuie mes maudites larmes sur le regard insensible de mon ex.

— J'en ai finis, il ne faudrait pas que je brise la petite Mélanie, elle est si fragile la pauvre ! On se voit jeudi, en se levant.

— Avant que je n'oublie, tu as très mauvaise mine et ce rouge à lèvres ne te sied pas du tout. Je te laisse le plaisir de régler ma note, conclue-t-il avant de partir le sourire aux lèvres.

Il s'en va et je fonds à nouveau. Jamais il ne m'avait parlé comme ça. Jamais personne ne m'avait parlé comme ça, je me sentais comme une idiote. Une cruche qui a bêtement cru qu'il allait peut-être s'excuser et chercher à trouver un terrain d'entente mais il n'en était rien. Pourquoi suis-je venue ? En restant chez moi j'aurai gardé un peu de ma dignité.

Je suis toujours entrain de me lamenter en cherchant le pourquoi du comment. Je n'arrive même pas à me lever tellement j'ai honte. Tout le monde doit sûrement être entrain de me regarder et de se moquer de moi.

Quelle idiote j'ai été ! Je suis encore tombée dans son piège !

Il faut absolument que j'appelle mon avocat pour qu'il maintienne le procès mais je n'ai malheureusement pas cette force.

Je suis perdue, déboussolée, sans aucun repère et le pire est que la seule personne à qui je pouvais me confier n'est plus digne de confiance. Sur le coup, j'ai envie de mourir.

— Bonsoir Noëlle.

Je relève la tête en sursaut.

Juste pour ce soirWhere stories live. Discover now