Chapitre Huit

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22h57

Il est toujours là devant moi à dévorer le reste du sandwich que j'ai adoré goûter. Honnêtement j'aurais aimé en prendre plus mais fierté oblige. Il faut que je reste ferme, après tout le plus important n'ait pas que ce soit bon dans la bouche mais aussi dans l'estomac. L'un ne devrait pas exclure l'autre.

Finalement cet homme n'est pas aussi insensible que je le croyais. Il est très attentionné et ça... comment dire... ça me plaît.

J'aime bien, voilà ! Je l'ai dit !

J'apprécie les attentions qu'il a et tout à l'heure quand il m'essuyais les jambes j'ai eu la folle envie qu'il m'embrasse et je crois que lui aussi, vu son regard mais rien. Il n'a rien fait. Je me fais sûrement des idées.

Comment je peux penser à ça alors que je sors d'une relation difficile ? Il n'y a même pas deux heures je me faisais insulter par mon ex ?

— Mélanie reprends toi, la dernière chose dont tu as besoin en ce moment c'est d'un homme, me dis-je.

— Je dois avouer que j'ai bien aimé la sauce, c'est quoi ? lâché-je.

Il sourit et me dévisage comme pour trouver les mots.

— Secret de chef.

J'explose de rire alors qu'il m'observe perdu.

— Vous ? Un chef ? Je vous en prie !

Il prend une courte inspiration avant de reprendre la parole.

— Vous savez, d'habitude je suis quelqu'un de plutôt difficile à cerner. Il est très difficile de me dévoiler aux autres, je n'aime pas qu'on envahisse mon espace privé mais rien que pour vous je suis prêt à le faire, dit-il.

— J'ai peur de ne pas vous suivre, fis-je.

— Venez avec moi, avant de se lever et de me tendre à nouveau la main.

Je me lève aussitôt, perdue et dépose ma main dans la sienne avec une immense joie, sa paume de main m'avait manqué.

— Où allons-nous ?

— Vous le saurez bien assez tôt.

Je marche avec lui en direction de l'inconnu mais bizarrement j'aime bien. Nous avançons avec peine sur le trottoir déjà occupé par les vendeuses de poisson braisés alignées devant les innombrables bars de la rue. J'observe avec beaucoup d'envie ces amphibiens reposés sur les braises qui pour la plupart sont prêt à déguster.

— Et ça ? Qu'en pensez vous ? demande-t-il en fixant les braises du regard.

— Je n'ai rien contre le poisson braisé, au contraire mais je pense qu'il faudrait voir l'hygiène tout autour. La qualité de l'assaisonnement et l'accompagnement qui...

— C'est bon, laissez tomber, coupe-t-il.

Je reconnais être un peu trop butée mais je n'ai pas envie de lui donner raison, pas tout de suite en tout cas.

Nous longeons les rues de la ville toujours main dans la main. Il me raconte des histoires, il me parle de son enfance et je l'écoute, sans rien dire, je l'écoute juste.

23h28

Quelques minutes plus tard, nous sommes devant son fast-food et derrière nous, mon restaurant.

— Qu'est-ce qu'on fait ici ? demandé-je.

— Vous allez vite le savoir.

Je cille avant de me retourner et observe longuement la devanture de mon restaurant. Revoir ses portes fermées à double tour me rappelle le début de cette soirée et je fonds à nouveau. Les larmes coulent lentement le long de ma joue et heureusement qu'il ne s'en aperçoit pas grâce à l'obscurité.

Juste pour ce soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant