Chapitre Cinq

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20h41

Finalement, je ne suis pas aussi en retard que ça.

J'entre dans le lounge et je suis accueilli par une musique assez triste. La sérénité et le calme de la musique rend l'ambiance du lieu assez particulière. On a tout de suite envie de cesser de parler pour écouter les paroles de la chanson tout en pensant à ses soucis.

Je cherche Noëlle, la belle infirmière, dans tous les coins et après quelques secondes de recherche, j'aperçois une jeune femme avec la tête baissée qui la ressemble énormément. Elle possède le même teint noir que Noëlle et de magnifiques cheveux naturels réunit en un chignon haut. Je décide de me rapprocher et constate qu'elle est en larmes. Une fois assez proche, je dépose délicatement ma main sur son épaule.

— Bonsoir Noëlle.

Elle relève la tête en sursaut je me rends compte qu'il ne s'agit pas d'elle. C'est une autre personne que je ne connais que trop bien.

— Pardon ? fit ma charmante concurrente avec la voix cassante et une expression faciale qui me fait bien comprendre qu'elle n'est pas ravie de me voir.

— Désolé, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre, lâché-je sur le point de m'éloigner mais mon corps me retient, elle n'a pas l'air bien.

— Vous allez bien ? continué-je.

— Oui ça va ! sèchement.

Cette femme est vraiment dépourvue de toute délicatesse. Je m'inquiète pour elle et elle semble n'en avoir rien à faire. Entêté comme je le suis, je m'assieds face à elle.

— Je ne vous ai pas demandé de vous asseoir. Allez vous-en !

— Non, je vais rester avec vous jusqu'à ce que la personne que j'attends arrive.

— Dans ce cas c'est moi qui m'en vais, dit-elle avant de prendre son sac et de se lever.

— Attendez ! Pourquoi vous êtes toujours sur la défensive avec moi ? Je veux juste vous tenir compagnie.

Elle me regarde pendant des secondes qui me paraissent être des heures avant d'exploser à nouveau sans que je ne sache pourquoi.

— Mais... qu'est-ce que vous avez ? demandé-je perdu alors que je l'aide à se rasseoir.

Elle ne va pas bien et j'aimerais vraiment connaître la raison. Elle a l'air d'être une bonne personne, enfin je crois.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Tout va bien, grogne-t-elle.

— Vous êtes sûre ? J'en doute.

Noëlle
Je suis désolée mais je ne pourrai pas être là. Mon père a fait une rechute et je suis à l'hôpital. Je promets de me rattraper.

Lire ce message alors qu'il s'affiche sur mon écran m'énerve au plus haut point mais je ne peux m'empêcher de compatir. Je connais très bien le stress qu'on éprouve quand on a un parent malade qui se fait hospitaliser. Je n'oublierai jamais ces moments avec ma mère et même si aujourd'hui son état semble stable, nos cœurs à moi et mon frère ne sont toujours pas tranquilles.

Tous mes plans venaient de tomber à l'eau. L'idée d'avoir fait mon lit pour rien s'installait mais ce n'est pas le plus important. La jeune femme juste en face de moi avait clairement besoin de quelqu'un pour l'écouter et je suis prêt à mettre tous nos différents de côté pour être cette personne.

— Écoutez, je sais que nous sommes tout sauf des amis mais on m'a toujours dit que je savais écouter. Et je crois que vous avez besoin que quelqu'un vous écoute.

— Qui vous a dit ça ? Je n'ai besoin de personne encore moins de vous.

— Je ne pense pas. Je crois que vous avez besoin de parler à quelqu'un.

— Et vous pensez que c'est à vous que je devrais le faire ?

— Non mais si vous avez toujours ça en vous, celà veut dire que vous n'avez pas trouvé quelqu'un à qui parler, je me trompe ?

— Oui ! Je suis juste fatiguée, je dois rentrer chez moi.

Elle se lève et je décide encore de la retenir.

— Vous ne pouvez pas rentrer dans cet état. Laissez moi au-moins vous raccompagner.

— Non merci. Je ne veux rien avoir à faire avec vous.

Elle s'obstine à avancer quand je lâche soudain quelque chose dont j'ignore l'importance mais tente le coup.

— Je m'appelle Micheal, mais tout le monde m'appelle Mike et vous ?

Elle se retourne et m'observe totalement perdue.

— À quoi vous jouez ?

— À rien, je fais juste connaissance. Si on recommençait tout du début ?

— Vous croyez que je vais oublier tout ce que vous m'avez fait.

— Ce que je vous ai fait ? Le fait d'avoir ouvert un fast-food juste en face de votre restaurant est un crime ?

Elle m'observe perplexe sans vraiment savoir quoi répondre.

— Vous croyez...

— Okay ! Ce soir aucun de nous deux n'est en état de se disputer. Alors essayons de faire connaissance. Qui sait peut-être qu'on pourrait s'entendre, coupé-je.

Elle ricane dévoilant sa magnifique dentition pour mon plus grand plaisir.

— Vous voyez, à peine quelques minutes passées ensemble vous avez retrouvé le sourire.

Elle referme immédiatement son visage comme pour me donner tort avant de soupirer.

— Okay, c'est vrai, je vous en doit une.

— Rendez moi ce service tout de suite alors, si vous voulez demain on peut recommencer à se détester.

Elle sourit sans rien dire.

— Ou vous ne voulez plus me détester ? demandé-je le sourire en coin.

— Bien-sûr que si ! lâcha-t-elle avant de reprendre sa place.

— Alors, on a un deal ?

— Okay, on s'entend juste pour ce soir. Demain je redeviens la jeune femme agaçante, énervante et véridique que je suis.

— Okay, comme vous voulez alors.

— Il est vingt-et-une heure pile. On a jusqu'à minuit.

— C'est largement suffisant alors, je réitère, je m'appelle Michael mais tout le monde m'appelle Mike et vous ?

— Mélanie, répondit-elle souriante.

Elle a un sourire tellement beau. Elle ne devrait jamais le cacher.

— Serveuse, un verre de whisky, fis-je.

Deux verres de whisky, réplique-t-elle toujours souriante.

Quelques minutes plus tard, la serveuse dépose deux verres devant nous. Je prends le mien et le lève en l'air devant elle.

— À notre soirée ! fis-je.

— À notre soirée !

Juste pour ce soirWhere stories live. Discover now