Chapitre Sept

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22h20

On vient juste de quitter la musique classique du lounge pour le bruit chaud des rues de Douala. Nous marchons l'un à côté de l'autre avec la même cadence. Elle a des pas précis et semble être ailleurs. Elle avance timidement en renvoyant certaines mèches de ses cheveux derrière son oreille de temps en temps.

Je détourne mon regard d'elle et me reconcentre sur ce qui nous entoure. Ce que j'aime le plus dans cette ville c'est l'ambiance et les affaires, le reste n'est que négatif. Je me souviens encore du jour où je quittais la ville pour l'Europe. C'était de l'excitation mélangée à de la peur, une grosse peur. Je n'avais jamais vécu seul avant, c'était très difficile les premiers mois mais j'ai finis par m'y habituer. Après tout, j'étais là bas pour réaliser mon plus grand rêve, devenir un grand chef cuisinier.

C'était un Michael de dix-sept ans sans aucun repères qui s'envolait pour la France, un pays où je ne connaissais personne et personne ne me connaissait. Je...

— On peut s'asseoir là, Mélanie dit en pointant un banc avec son index.

J'étais tellement enfouis dans mes pensées que je n'avais pas remarqué qu'on était plus en route mais sur une allée pleine de verdure. Un coin calme, illuminé par les lampadaires avec de nombreux bancs en bois disposés ça et là dans l'espace.

Je m'apprête à m'asseoir quand je marche dans une grosse flaque d'eau sans la voir et nous éclabousse.

— Merde, ma toute nouvelle basket, blanche en plus, crié-je.

— Parlez pour vous !

— Oh je suis vraiment désolée ! Je n'ai pas fait attention, dis-je alors que j'observe avec peine ses jolies jambes mouillées.

Je sors aussitôt un mouchoir en tissue de ma poche et je l'essuie délicatement les jambes alors qu'elle est à présent assise.

— Ce n'est pas la peine de...

— Laissez-moi faire, coupé-je alors que nos regards se croisent.

Pendant un instant, je semble avoir tout oublié, il n'y a que ses yeux plongés dans les miens. Son regard profondément enfouis dans le mien et soudainement sans savoir pourquoi j'ai l'horrible envie de l'embrasser. Je n'avais pas prêté attention à ce rouge à lèvres d'une couleur rouge vif mais maintenant je me demande qu'elle goût il peut avoir.

Malheureusement elle écourte cet instant en détournant son regard ailleurs alors que je me relève pour mon plus grand malheur. Je m'assieds et observe mes chaussures, toutes sales, énervé.

— Ce sont mes préférées ! lâché-je.

— Elles vous vont très bien.

— Je rêve où vous venez de me faire un compliment, dis-je surpris toujours souriant.

— Elles vous vont bien quand elles sont propres ! renchérit-elle.

— Pourquoi vous gâchez toujours tout ? crié-je alors qu'on explose de rire.

Nos regards se croisent à nouveau et l'envie de réduire cette petite distance entre nous m'envahit à nouveau. Cette femme est tellement belle, comment je n'ai pas pu m'en rendre compte ?

Elle détourne à nouveau le regard ailleurs, à croire qu'elle ressent ce que je ressens mais semble gênée, très gênée.

— En fin de compte, on passe plutôt un bon moment, fis-je.

— Mouias !

— J'attendais plutôt un "oui c'est vrai, moi aussi" avec un large sourire à la place, dis-je en la regardant.

Juste pour ce soirWhere stories live. Discover now