Chapitre 2

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Françoise observait le ciel. Celui-ci était d’un bleu-rose qui en disait long sur l’heure qu’il était. Cette vue surplombant les villes, comme attirée par les cieux, seule parmi le coucher du soleil était une véritable carte postale.

  Elle pensait à toutes ses longues années, celles du lycée, de l’internat ; ses années d’amour, de joie et de bonne humeur ; ses années en tant que jeune femme. La mignonnette qu’elle avait été, avait bien changée depuis tout ce temps ! Le cœur dans le passé, elle continuait sa route vers l’infini. Son regard, caché à présent par ses lunettes de soleil, était à peine perceptible.

  Ses mains vieillis par les années de travail et parsemées de taches de vieillesse, compressaient le volant avec fermeté. Elle ne voulait pas l’admettre mais elle avait peur, oui, pour la première foi de sa vie, elle ressentait une angoisse. Il n’y avait aucune crainte à avoir, cependant, Françoise appréhendait son retour dans cette contrée lointaine.

 Ça faisait tellement longtemps qu’elle n’y avait pas mis les pieds qu’elle imaginait cet endroit méconnaissable. Longtemps, l’idée d’y retourner lui avait titillé l’esprit mais elle n’avait jamais osé. Aujourd’hui, s’avançant vers sa ville natale, elle se doutait que sa venue serait une surprise générale.

  Les lampadaires qui ornaient le bord de la route s’allumèrent. Le voyage demandait tellement de temps que Françoise ne pourrait y parvenir avant plusieurs jours. Ainsi, elle décida de s’arrêter dans le prochain village afin de faire escale dans une auberge.

  Françoise commençait à fatiguer. Pourtant, elle se devait de continuer à conduire. Elle continua sa route, s’efforçant de rester éveillée. Ce n’est pas sans efforts qu’elle parvint à Emerteuil. Le charme de ce village était impressionnant. 

Comme au premier jour où elle y avait mis les pieds, son regard pétillait. Devant elle se dressait un vallée immense, bordée de platanes, tous plus beau les uns que les autres. Sans s’en rendre compte, Françoise descendit de sa voiture. Ses jambes flageolantes la conduirent près de la fontaine du village. Elle leva les yeux au ciel et vit une étoile briller plus fort que les autres. Quelques larmes perlèrent sur ses joues et elle chuchota :

« Oui, c’est bien moi, me revoilà »

  Elle pris son courage à deux mains et entama la descente de la rue principale au bout de laquelle, elle se souvenait qu’un hôtel se tenait. Sa tête tournait de droite à gauche, promenant son regard sur les façades des maisons. Elle s’arrêta devant une maison d’un rose pâle. Elle voyait quelqu’un assis sur un fauteuil. Elle connaissait cette personne, elle en était sur. Cependant, la mémoire lui jouait des tours.

  L’inconnue en question se leva et vint se poster à la fenêtre. Les deux femmes se scrutèrent longuement. La dame vint ouvrir la porte et cria :

« Françoise ? Mais oui, c’est bien toi ! »

Françoise, qui n’avait toujours pas reconnu son interlocutrice, la regarda attentivement et plongea dans ses souvenirs.

« Mireille, c’est toi ?

-         Oui c’est moi ! ça faisait longtemps, qu’est ce que tu viens faire ici ?

-         Oh, tu sais, il s’en est passé des choses depuis mon départ … Je souhaitais revenir sur mes pas avant de partir.

-         Mon dieu, quelle surprise ! Viens, entre.

-         J’allais à l’hôtel, je ne veux pas te déranger.

-         Mais voyons, tu ne me déranges pas ! Comment pourrais-tu penser une chose pareille ? Et puis tu peux bien passer une nuit chez moi et même plus si tu le souhaite ! »

Françoise entra dans la maison, heureuse d’avoir retrouvé son ancienne amie. Mireille lui pris son manteau, porta sa valise dans une chambre et revint rapidement servir un verre de vin à sa vieille amie.

« Alors comme ça, tu voyages ?

-         Oui, enfin pas exactement mais je ne peux en dire plus.

-         Toujours aussi cachottière à ce que je vois ! Mais ne t’en fait pas, je n’insiste pas. En tous cas, c’est bien de voir du pays ! J’aurais aimé moi aussi. »

Après avoir bavardé longuement, les deux femmes allèrent se coucher.

  Françoise observa la pièce. Elle n’avait pas changé d’un poil. Elle était impressionnée que tout soit resté intact, comme dans le temps. Elle s’allongea, pensive, sur le lit à baldaquin rose. Sur la vieille commode en bois ce tenait toujours la même photo, celle de la fête du village. Françoise n’en croyait pas ses yeux. En observant attentivement la photo, elle se souvint de George, son petit ami de l’époque. Des images plein la tête, elle s’endormi.

  Le lendemain matin, lorsqu’elle descendit, elle trouva un petit déjeuné complet et un mot sur la table. « Je suis partie acheter du pain, je reviens. »

Françoise s’assit puis se servit une tasse de café au lait. Elle tartina un morceau de pain de confiture de mirabelle et le porta à sa bouche. Elle la faisait toujours de la même manière, elle était exquise. Après avoir dégusté ce petit déjeuné, elle remonta dans sa chambre pour se changer.  

La mort dans l'âmeWhere stories live. Discover now