Chapitre 10

116 8 3
                                    

Vers l'heure du goûter, les enfants de Françoise arrivèrent. Son fils et sa fille, accompagnés de leur famille se tenaient devant la porte. Françoise les observa, se disant qu'ils avaient fondé une famille à présent, ils n'avaient plus besoin d'elle, elle pouvait partir sans se soucier de leur avenir.

« Tu nous laisse entrer, lança son fils, impatient »

Françoise les laissa passer et referma la porte. La petite dernière, Maëlys, semblait tout droit sortie d'un conte de fée. Ses cheveux bouclés, couleur or, lui rappelaient les films pour enfants. Il y avait aussi Martin, un petit garçon brun de six ans et demi, les deux dents de devant dans la mâchoire supérieure en moins, tout sourire. Enfin, la plus grande, Chloé, avait dix ans. Elle avait tellement grandi depuis la dernière fois.

Françoise pris les enfants tour à tour dans ses bras en les serrant fort, plus fort que d'habitude. Sans doute était-ce la peur de partir, l'appréhension d'un dernier « au revoir », d'un dernier câlin.

Françoise proposa aux enfants de décorer le sapin avant le repas. Ceux-ci sautèrent de joie, heureux,ils se mirent au travail. Multitude de couleurs et de formes, les guirlandes donnaient vie au sapin. Il resplendissait, paré d'or et de rouge. Françoise porta la petite dernière pour qu'elle accroche l'étoile finale en haut du sapin. Personne ne vit ses yeux brillants de larmes. Elle claqua un baiser sur la joue de la petite avant de la déposer sur le sol.

Le soir même, ils se mirent à table. Le repas était un succès, comme d'habitude. Les enfants n'étaient pas difficiles. A minuit, tout le petit monde se dirigea vers le salon. Les enfants coururent jusqu'au sapin et l'observèrent, émerveillés. Avant d'ouvrir les cadeaux, Françoise demanda à tout le monde de sortir. Elle appuya sur l'interrupteur. Dans le noir du ciel, la maison semblait être un cadeau tombé du ciel, une merveille aux couleurs de noël.

Une fois la famille installée, on demanda à Maëlys de distribuer les cadeaux, c'était la plus petite, elle devait donc faire la mère noël. La petite couru dans tous les sens, donnant les paquets aux uns et aux autres. Françoise avait reçu un foulard, un album photo et un week end tous frais payés dans une résidence à la campagne. Piscine et massages y étaient de rigueur. Françoise remercia tout le monde et porta son attention sur le regard émerveillé des enfants face à ses cadeaux. Petits et grands étaient heureux. « C'est la dernière fois... » se dit-elle

Elle avait offert à la petite une poupée rose, celle qu'elle lui avait décrite comme souhait de cadeau, et un petit sac rose plein de photos et de boîtes, symbole de sa propre enfance. C'était évident pour elle de donner ces quelques effets personnels à la dernière de la famille. Le petit était fan de foot. Elle lui avait acheté un ballon et deux tee-shirts à effigie de sa star préférée. Enfin, elle avait offert à la plus grande son premier téléphone portable.

Pour ses propres enfants, Françoise avait tout simplement offert des habits, bleus pour son fils et mauve pour sa fille. Celle-ci lui dit :

« Tu te souviens, c'était notre cadeau à chaque noël.

- Je me souviens, mais cette fois il y en a plus, et regardez dans les poches. »

Ses enfants découvrirent une semaine de vacances à Emerteuille pour toute leur famille. Ils restèrent sous le choc.

La soirée se déroula comme prévu, la joie était de mise. Les rires et les « Mamie » fusaient dans chaque pièce. Chaque recoin était imprégné de cet amour. Françoise se coucha, heureuse et fière. Elle ne changerait rien à sa vie, même pour tout l'or du monde.

Le lendemain, tout le monde se réveilla plein de vitalité. Noël était magique, comme chaque année. Après le repas, Françoise fit s'asseoir tout le monde dans le salon.

« Je vais vous distribuer une enveloppe à chacun, ne les ouvrez pas tant que je ne suis pas sortie de la maison, ne me cherchez pas, ne me retenez pas.

- Pourquoi ? Demanda sa fille ?

- Je dois aller voir quelqu'un et ces lettres sont un dernier cadeau. Vous me promettez de faire ce que je viens de dire ? »

Ils hochèrent la tête.

Françoise mit son manteau en songeant au contenu des lettres. Des lettres d'adieu et la réalisation de rêves. La rencontre avec le footballeur préféré de son petit fils, un spectacle musical pour la plus grande, un séjour à Disneyland pour Maëlys et de l'argent pour ses enfants. Une phrase prononcée par les enfants lui parvint :

« On t'aime mamie ! »

L'élan d'amour dont elle était la cible la touchait profondément. Elle savait qu'en fermant la porte, elle donnait le droit à sa famille de lire ses lettres d'adieu. Elle versa quelques larmes, les essuya du revers de la main et parcouru les rues le plus vite possible. En passant devant « Au Bonheur Lumineux », Françoise glissa une lettre sous la porte. Le séjour reposant offert par ses enfants ferait un heureux.

La mort dans l'âmeWhere stories live. Discover now