La mort dans l'âme

Chapitre 9

Avant de commencer toute décoration de sa maison et de préparer le repas de noël, Françoise se décida à réparer la boîte aux lettres qu'elle s'était promis de remettre sur pied, pour Jacques... L’œuvre achevée, la vieille boîte aux lettres en bois avait laissé place à une maisonnette blanche et accueillante. Elle avait accompli son devoir, tenu sa promesse. Elle pouvait dorénavant se consacrer pleinement à noël et à l’accueil de sa famille. Ce serait son dernier repas familial, il fallait que ce soit parfait.

Françoise se dirigea d'un pas décidé chez l'herboriste le plus proche. Elle commanda un sapin pour le lendemain. On lui livrerait. Françoise rentra chez elle et descendit les décorations du grenier. Elle entrepris de mettre en place une crèche sur le plat de la cheminée ; c'était une tradition, elle tenait à la perpétuer, une dernière fois... Le petit Jésus trônait en maître, comme chaque année. Elle recula, observa la scène et afficha un sourire satisfait.

Françoise sorti pour accrocher des guirlandes lumineuses. Chaque année avait lieu un concours, qu'elle avait gagné quelques fois, cette fois, elle ne cherchait pas à remporter le foie gras offert au gagnant, elle souhaitait simplement illuminer une ultime fois sa chère demeure. Elle accrocha sur le grillage, des guirlandes rouges et dorées puis entoura sa porte de houx et d'une guirlande lumineuse clignotante. Elle alluma le tout. Il n'était que six heures mais il faisait déjà nuit. Le résultat lui plaisait, elle se dit cependant qu'il manquait le père noel sur le toit comme tous les ans.

Elle arpenta les ruelles du village à la recherche d'un magasin qui vendrait des décorations. Il fallait qu'elle se dépêche, il ne lui restait qu'une heure avant que les boutiques ferment et elle tenait à finir sa décoration avant le lendemain.

Françoise franchi la porte d' « Au Bonheur Lumineux ». Le nom du magasin lui rappelait vaguement un roman de Zola, elle souri et avança. Un jeune homme vint à sa rencontre :

« Je peux vous aider Madame ?

- A vrai dire, je cherche des décorations lumineuses pour mon extérieur.

- Bien sur, des guirlandes ?

- J'aurais plutôt voulu un père noël à accrocher sur le toit en fait et quelque chose d'inédit, de particulier, qui ferait rêver mes petits enfants.

- Suivez-moi, je pense avoir ce qu'il vous faut, dit-il »

Françoise suivit le jeune homme au fond du magasin. Il lui présenta un père noël classique. Il l'alluma et Françoise acquiesça. C'était ce qu'il lui fallait.

« Je vous le prend, dit-elle

- D'accord, et pour la décoration extraordinaire, j'ai quelque chose à vous proposer. »

L'homme poussa quelques cartons et tendit à Françoise un objet rond. Il le brancha. Françoise resta ébahi, devant elle se dressait une énorme lune ronde et lumineuse au milieu de laquelle des anges accompagnés de rennes se tenaient. Sur le haut de la lune était assis le père noël, le sourire aux lèvres, jetant un cadeau.

« C'est magnifique, articula-t-elle

- Je suis contente qu'il vous plaise, j'ai passé le dernier mois à le fabriquer et j'avoue que le résultat me convient ! Répondit-il »

Après un moment de silence, il reprit :

«  Je vous l'offre !

- Je ne peux pas accepter voyons, répondit Françoise

- J'insiste, voyez-le comme mon cadeau de noël ! Je vous livre les deux demain. »

Ils discutèrent un moment et Françoise finit par accepter le geste, reconnaissante.

Le lendemain matin, Françoise se réveilla aux aurores. Elle fit chauffer du thé et griller une tranche de pain et pris son petit déjeuner, tranquillement assise dans la cuisine. Elle regarda le mur et regarda avec tendresse la photo qui se tenait devant elle. Ses deux petites filles accompagnées de leur mère se tenait dans le jardin.

Elle se souvint du jour ou elle avait pris cette photo. C'était avec l'appareil de Marc, le mari de sa fille. Il lui avait envoyé la photo par la poste par la suite. Elle souri, se leva et après avoir lavé la vaisselle, ouvrit le frigidaire. Ses enfants arrivaient dans l'après midi, il fallait qu'elle prépare le repas de noël en avance.

Pour le réveillon, Françoise avait prévu une pintade et pour noël, une dinde farcie. Elle se mit aux fourneaux sans plus attendre. Vers les coups de onze heure, quelqu'un sonna. Elle ouvrit la porte. Le jeune homme de la veille lui apportait sa commande ainsi que le sapin commandé à la boutique d'à côté. Décidément, il était très serviable. Il proposa à Françoise d'installer les décorations. Celle-ci accepta. Avant de sortir, il déposa le sapin dans le salon, non loin de la cheminée.

Françoise retourna dans sa cuisine. Elle préparait le dessert, deux bûches maison, framboise, vanille et chocolat, praline. Une fois son repas achevé, elle sortit. Le jeune homme était sur le point de finir. Il lui demanda d'appuyer sur interrupteur à l'intérieur. Les décorations s'allumèrent. La maison rayonnait. Elle remercia une nouvelle fois l'homme et lui lança un dernier :

« Joyeux noël ! »