02; Callie

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CELA DOIT FAIRE quarante-cinq minutes que je patiente dans la salle d'attente d'un hôpital. Je me ronge les ongles jusqu'au sang et c'est ma sœur qui doit m'empêcher de continuer. Son regard réprobateur est orienté vers moi.

« Arrête ça, c'est dégoûtant. » m'ordonne-t-elle en agrippant mes doigts.

Je soupire, les mains tremblantes. Mon père se tient à quelques mètres de nous, au téléphone avec Riley pour l'informer des circonstances. Mon frère doit penser qu'on se fout de sa gueule. Bon sang, Reese McDonough est de retour !

Ma sœur me serre la main, geste qui n'est pas très habituel entre nous. Mais à cet instant, je me fiche de tout. Je ne fais que penser à Reese. Il avait l'air en si mauvais état... Il avait l'apparence d'un cadavre. Et puis il y avait toute cette détresse dans son regard. Ce genre de détresse que j'ai croisé dans ses yeux bien avant sa disparition.

« - Je n'arrive pas à le croire. Reese est de retour. Il n'est pas mort, s'exclame ma sœur, stupéfaite.

- Il l'était presque.

- Tu es tellement pessimiste, Callie. »

J'ignore sa remarque et me mets à fixer la vieille dame assise en face de moi. Elle tousse, se couvrant la bouche à l'aide d'un mouchoir. Il y a quelques personnes dans la salle d'attente, la plupart semblant avoir la grippe. Je comprends : c'est le temps parfait.

Un femme en blouse blanche s'approche de nous. Tout chez elle m'inspire confiance. Que ce soit son chignon blond impeccable, ses yeux gris ou son sourire réconfortant. Je lui donne quarante ans, maximum.

« - Vous devez être Calliope et Jordan Miller ?

- On m'appelle simplement Callie. » je rectifie.

La femme sourit les lèvres pincés, comme si elle trouve amusant que j'ai besoin de la corriger.

« Je suis le Dr Ailein Duncan. »

Elle nous tend la main, que Jordan s'empresse de serrer poliment. Au loin, j'aperçois mon père raccrocher après une conversation d'une dizaine de minutes avec mon frère aîné. Il range son téléphone dans sa poche arrière et se dirige vers nous. Le Dr Duncan lui sourit et se présente, s'en suit ensuite une seconde poignée de main.

« - J'aimerais que vous me donniez quelques informations au sujet de Reese McDonough, nous dit-elle de son fort accent écossais.

- Bien sûr, affirma mon géniteur en me regardant.

- Connaissez-vous une personne de la famille que nous pourrions contactez ? »

Un long silence s'en suit. Ma sœur regarde ses chaussures et mon père se gratte la nuque. J'ai le cœur qui bat très vite, mais j'ai l'impression que c'est à moi de répondre au Dr Duncan.

« Sa famille est morte dans un incendie, il y a quelques mois. » avouai-je.

Le Dr Duncan écarquille les yeux, légèrement surprise. Elle le serait encore plus si elle voyait l'état de l'ancienne demeure de Reese. Duncan se racle la gorge, mal à l'aise. Un sourire – faux, cependant – se glisse sur ses lèvres.

« - Il n'y a absolument personne de sa famille que nous pourrions contacter ?

- Eh bien... Je crois que le père de Reese avait une cousine. Elle doit vivre à Green Lake, actuellement, expliquai-je, les sourcils froncés.

- Avez-vous son numéro de téléphone ? »

Je me mords la lèvre inférieure. Je sors mon iPod de ma poche arrière et jette un coup d'œil à ma liste de contacts. À côté de moi, je sens ma sœur s'impatienter. Je navigue ma liste de contacts, cherchant pour un quelconque McDonough. Je n'en trouve que deux. Reese et... Moira McDonough. Oh non.

OriginesWhere stories live. Discover now